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A la trace

De Deon Meyer, aux éditions Points, 2010


Je me suis sorti des plus de 700 pages de ce livre plutôt sans trop de dégâts. Le rythme est excellent, le suspense haletant, les personnages très intéressants. Par contre, il faut tenir la distance, être en éveil à chaque page et se souvenir d’une bonne trentaine de personnages, si on veut appréhender le roman dans sa globalité. Car la subtilité de l’écriture réside dans une sorte de « Pulp fiction » à la Tarentino, dans lequel l’ensemble des séquences s’imbriquent dans les dernières pages. Je vous avoue qu’il me manque, malgré tout, quelques pièces du puzzle.


L’action se passe en Afrique du Sud, celle d’après l’apartheid. Trois personnages vont faire l’objet d’une partie du roman. Une femme, Milla, quitte son mari, un afrikaner macho, et cherche à conquérir son indépendance. Lemmer, un aventurier travaille pour une société de gardiennage. Et Mat Joubert, ancien flic, recruté par une agence de détective privé enquête sur la mystérieuse disparition d’un homme. Les trois chemins ne se croisent pas mais sont les éléments constitutifs d’une histoire qui les dépassent et qui les traquent de façon impitoyable.


4ème roman de Deon Meyer que je lis, je n’y ai pas retrouvé une certaine force brute et sauvage propre à L’âme du chasseur ou aux Soldats de l’aube. L’Afrique du Sud est présente, mais trop en décor, alors que Deon Meyer sait en faire un réactif. Le pays lui-même est un personnage puissant de par ses paysages, son histoire et sa trajectoire. Ces éléments apparaissent parfois dans le passage consacré à Lemmer, mais c’est malheureusement trop court. Quoi qu’il en soit, c’est un très bon livre et il me reste d’autres Deon Meyer à découvrir, dont Lemmer l’invisible.


Début du livre « Ismail Mohammed dévale le Heiliger Lane. Les plis de sa galabiyya blanche s’envolent à chaque foulée ; le col Mao est ouvert, comme le veut la mode. Terrifié, il agite les bras pour garder son équilibre. Son Kufi crocheté tombe de sa tête sur les pavés du carrefour ; il a les yeux rivés sur la ville en contrebas, qui représente une sécurité relative. »


Extrait « Il sourit. J’ai vu la même expression chez Antjie et chez Oom Joe : le plaisir de celui qui se prépare à vous en raconter une bien bonne… Car, dans le Karroo, les histoires circulent comme une monnaie d’échange. Tout le monde en connaît, des histoires de chagrin, de bonheur, de triomphe et d’infortune. Ce sont des histoires pleines de sens, qui donnent à penser… Rien à voir avec les histoires de citadins que l’on lit sur Facebook, Twitter, etc. : des histoires fausses, biaisées, bichonnées pour que tout le monde ait l’air beau et gentil… bref, des écrans de fumée, des masques. »


Extrait « Le chaos se lève devant nous comme une marée montante, en Amérique, en Europe, ici, de plus en plus vite, de plus en plus près. Encore dix ans, vingt ans, cinquante peut-être, et le chaos nous engloutira. Tu l’as vu, désormais tu le sais. Tu vas le regretter, tu te demanderas s’il ne vaut pas mieux vivre heureux et inconscient. Tu n’es pas encore arrivée au point de te rendre compte que chaos est inéluctable. Alors tu te demanderas quelles sont nos options : peux-tu te permettre de l’ignorer ? Ou faut-il profiter du chaos pour tenter d’y échapper ? »




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