Salina
De Laurent Gaudé, aux éditions Actes Sud, 2018
Une tragédie grecque en Afrique (ou peut-être ailleurs), une suite d’événements qui pousse les personnages à suivre, malgré le sang versé et les années perdues, leurs destinées, si destructrices soient-elles. Le texte est poétique, il retranscrit une légende qui traverse désormais l’espace et le temps. Laurent Gaudé est un fabuleux conteur, ses personnages sont des héros antiques qui vivent sur, ce qui semble être, un continent africain sublimé par notre inconscient collectif.
Un nourrisson est abandonné au centre du village, ses pleurs et ses cris entrent dans toutes les demeures. Pourtant personne ne veut l’accueillir, seule Mamambala se porte à son secours. Les larmes de sel lui donneront son nom, Salina. La jeune fille grandit, comme une étrangère, son destin bascule lorsqu’elle refuse de se soumettre aux règles de son peuple d’adoption. Son dernier fils raconte son existence d’où naitra la légende de la femme aux trois exils.
Deuxième roman de Laurent Gaudé lu, et toujours la magie opère, celle d’un texte parfaitement écrit qui nous mène sur les traces des mythes et des légendes. Salina, puissante, sauvage et déterminée est l’incarnation de l’héroïne mythologique. Même si les dieux sont absents, il reste la force des personnages prêts à tout sacrifier pour être en accord avec eux-mêmes. Un très grand roman.
Le Salin de l’Île Saint Martin à Gruissan
Un lieu magique à découvrir. Situé tout près du vieux village de Gruissan, le salin de l’ile Saint Martin est bordé par la méditerranée à l’est et l’étang de l’Ayrolle au sud. Ici comme sur tout le littoral audois la culture est une longue histoire.
En effet, depuis plus de 100 ans avant Jésus-Christ, Gruissan faisait déjà parler de ses productions salines et le commerce du sel était très important pendant l’époque romaine. Sur ce site l’exploitation des salins sous sa forme actuelle à débuté en 1911, d’une surface d’environ 350 hectares, il faisait vivre dans les années 1970 une trentaine de familles.
Première phrase « Au tout début de sa vie, dans ces jours d’origine où la matière est encore indistincte, où tout n’est que chair, bruits sourds, pulsations, veines qui battent et souffle qui cherche son chemin, dans ces heures où la vie n’est pas encore sûre, où tout peut renoncer et s’éteindre, il y a ce cri, si lointain, si étrange que l’on pourrait croire que la montagne gémit, lassée de sa propre immobilité. »
Extrait « Ils sont loin de tout maintenant. Le monde des hommes est derrière eux. Ils sont au-dessus des nuages. Sa mère est comme une extension de lui sur son dos. Il s’est tellement habitué à son poids, à son souffle si faible, qu’il n’y prête plus attention. C’est pour cela qu’il sursaute le jour où elle parle à nouveau. Elle ne l’a pas fait depuis si longtemps. « Je ne connaitrai pas le lieu de ma mort… » dit-elle »