FUTU.RE
De Dmitry Glukhovsky, aux éditions Le Livre de Poche, 2013
Décidément, Glukhovsky m’offre un nouveau coup de cœur de science-fiction. Dans ce pavé de près de 1000 pages, il décrit une Europe utopique, une Europe qui semble avoir créé la société parfaite, celle où l’homme est heureux et a vaincu la mort. Ce livre aux mille facettes permet à l’auteur de nous parler de la vie, de la mort, du totalitarisme, de maternité et de paternité, de thèmes forts avec beaucoup de profondeur. Son œuvre, dont l’édifiante trilogie Metro, a des chances de passer à la postérité.
La science a désormais vaincu la plus grande angoisse de l’humanité, la mort. Tout le monde a droit à l’immortalité et à une éternelle jeunesse de 30 ans, mais cela pose un véritable problème de surpopulation. L’Europe est devenue une gigantesque mégalopole de tours de plusieurs centaines de mètres de haut abritant 120 milliards d’individus.
Mais pour ajuster sa population aux ressources disponibles, les dirigeants ont mis en place la loi du Choix, une mort pour une naissance.
Le matricule 717, fait partie des immortels qui traquent les contrevenants et activistes du Parti de la Vie opposés à la loi du Choix.
Dans cet ouvrage, tout le talent de Glukhovsky réside dans la description du faux-semblant entre une vie éternellement jeune et l’illusion du bonheur. Les deux choses sont-elles compatibles, sachant que l’égoïsme prévaut sur le don de la vie. Chaque chapitre est un foisonnement de questions sur le monde, son avenir et sur la société que nous souhaitons. Il n’est donc pas étonnant que j’aille me précipiter sur son dernier livre.
Dmitry Glukhovsky (en russe : Дмитрий Алексеевич Глуховский), né le 12 juin 1979 à Moscou, est un écrivain russe. Il parle couramment le français
Dmitry Glukhovsky écrit des romans de science-fiction et se spécialise notamment dans le roman dystopique. Il a étudié les relations internationales à Jérusalem et a travaillé comme journaliste pour les chaînes de télévision Russia Today, Euronews et la Deutsche Welle. Glukhovsky a vécu dans trois pays différents et parle six langues. Il est professeur à l'École du nouveau cinéma de Moscou créée à la fin de l'année 2012.
Avec son premier roman, Metro 2033, publié en 2005, mais écrit en 2002, Glukhovsky a connu un énorme succès. Le livre s'est vendu à près de 400 000 exemplaires en Russie et a été traduit dans plus de vingt langues. Il a inspiré la création d'un jeu vidéo qui est sorti en Europe le 19 mars 2010 sous le titre Metro 2033. Glukhovsky a également écrit les suites à ce roman, Metro 2034 et Metro 2035. Glukhovsky se sert énormément d'Internet dans ses ouvrages, dont il offre librement lecture sur son site, invitant les visiteurs à commenter ses histoires.
Sumerki, deuxième roman de Glukhovsky, est paru en langue originale en 2007 puis est sorti en français en 2014. Il s'agit d'un roman fantastico-mystique sur la prétendue fin du monde Maya de 2012. En 2014, il obtient le prix européen Utopiales pour ce roman. En 2013, il sort FUTU.RE, roman utopique.
Début du livre « L’ascenseur, c’est un engin formidable, me dis-je. Et les raisons de s’en extasier sont légion.
En voyageant à l’horizontale, on sait toujours où l’on va arriver ; mais, lors d’un déplacement vertical, on peut se retrouver n’importe où. »
Extrait « C’est la terre des hommes qui, pour la première fois de leur histoire, sont libérés de la peur, ne sont plus obligés de vivre chaque jour comme si c’était le dernier. Des hommes affranchis des contraintes de leurs enveloppes pourrissantes, qui peuvent réfléchir non plus à l’échelle des jours et des années, mais à celle de l’univers. »
Extrait « Les portes d’embarquement sont installées sur trois étages, les murs de vingt mètres de hauteur sont occupés par une publicité sociétale : « LA VIEILLESSE ? LE CHOIX DES FAIBLES » et le cliché d’une ruine asexuée et ridée aux cheveux blancs. Des yeux larmoyants, une bouche entrouverte où il manque la moitié des dents. L’abjection incarnée. Je suis sûr qu’en collant ici cette caboche gigantesque les apôtres du bien-être commun ont enfreint un certain nombre de règles de l’éthique. C’est un mal nécessaire : l’Europe doit économiser sur tout, alors les pensions et les assurances maladie pour les vieillards en voie de décomposition, c’est un véritable gaspillage. »