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Le maître du haut château

De Philip K. Dick, aux éditions J'ai Lu, 1962

Quand Philip K. Dick écrit ce roman, seulement 17 ans se sont écoulés depuis la capitulation de l’Allemagne nazie. Les horreurs et les stigmates de la deuxième guerre mondiale sont encore bien présents dans les lieux, les hommes et les esprits. L’auteur prend alors pour hypothèse de départ que l’Axe a vaincu les Alliés. Le monde est alors partagé entre le Reich et l’empire nippon, entre deux puissances aux cultures si différentes. Des différences qui virent au mépris ; les anciens amis s’enfoncent de plus en plus dans leurs idéologies.


En 1948, la Seconde Guerre mondiale a pris fin et les Alliés ont capitulé... A San Francisco, 1968, la vie a repris son cours dans the Pacific States of America sous domination japonaise. L'occupant a apporté avec lui sa philosophie et son art de vivre. De nombreux américains se servent d’un livre le Yi King, le guide spirituel, pour faire des choix dans leur vie. Dans une Amérique orientalisée, les personnages de toutes origines et toutes importances croisent leurs destins.

Un autre livre, interdit par les Allemands et tolérés par les Japonais, fait également beaucoup parler de lui : le Poids de la sauterelle, il raconte un monde où les Alliés, en 1945, auraient gagné la Seconde Guerre mondiale. Utopie ou réalité…


Le Maître du Haut Château (The Man in the High-Castle, 1962), ce roman de Philip K. Dick, a obtenu le Prix Hugo en 1963. C’est véritablement un texte aux multiples entrées car au-delà des histoires personnelles qui se chevauchent, ce sont aussi deux livres qui sont les héros de ce roman. L’un évoque une Histoire alternative dans laquelle les Alliés sont vainqueurs de la guerre mais pas, tout à fait, comme dans la réalité. L’autre livre est un ouvrage de sagesse orientale, vieux de plusieurs millénaires, qui offre à qui sait l’interpréter une lecture de l’avenir.

Le génie de Phlip K. Dick nous absorbe dans ces différents univers et nous ramène le temps d’un flash à la notre réalité. Dans cette superposition d’univers parallèles, l’auteur nous laisse le choix de la vérité. Et la fin est encore plus déroutante.


Uchronie Dans la fiction, l’uchronie est un genre qui repose sur le principe de la réécriture de l’Histoire à partir de la modification d’un événement du passé. « Uchronie » est un néologisme du XIXe siècle fondé sur le modèle d’utopie, avec un « u » pour « ou » préfixe de négation et « chronos » (temps) : étymologiquement, le mot désigne donc un « non-temps », un temps qui n’existe pas. On utilise également l’anglicisme « histoire alternative » (alternate history).


L’auteur d’une uchronie prend comme point de départ une situation historique existante et en modifie l’issue pour ensuite imaginer les différentes conséquences possibles. Cette volonté de changer le cours de l’histoire pour imaginer ce qu’elle aurait pu être rappelle la phrase de Blaise Pascal : « Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé » (Pensées, 90).

Régis Messac donne en 1936 dans sa revue Les Primaires cette définition de l’uchronie : « Terre inconnue, située à côté ou en dehors du temps, découverte par le philosophe Renouvier, et où sont relégués, comme des vieilles lunes, les événements qui auraient pu arriver, mais ne sont pas arrivés. »

Début du roman « M. R. Childan avait beau scruter son courrier avec anxiété depuis une semaine, le précieux colis en provenance des Rocheuses n’arrivait pas. Lorsqu’il ouvrit son magasin, le vendredi matin, seules quelques lettres l’attendaient à l’intérieur, devant la porte. Je connais un client qui ne va pas être content, se dit-il. »

Extrait « Je ne sais pas pourquoi, d’ailleurs. Ils veulent être les agents de l’histoire, pas ses victimes. Ils s’identifient à la puissance divine, ils se prennent pour des dieux. La voilà leur folie de base. Ils ont succombé à un archétype ; leur ego a crû de manière psychotique au point de les empêcher de savoir où il commence et où s’achève la tête divine. Il ne s’agit pas d’ubris, de fierté, mais d’inflation de l’ego au stade terminal – la confusion entre l’adorateur et l’objet de son adoration. Ce n’est pas l’homme qui a absorbé Dieu ; c’est Dieu qui a absorbé l’homme. »


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