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Amkoullel, l’enfant peul

De Amadou Hampâté Bâ, aux éditions Babel, 1991


Wouah, quel livre ! Les mémoires d’enfance du petit Amkoullel ressemblent à un grand livre d’aventures. Amadou Hampâté Bâ nous transporte, avec sa langue belle et limpide, dans un autre lieu, un autre temps, une autre civilisation, une autre humanité loin de tous nos repères occidentaux. La magie du récit réside dans l’histoire de cet enfant qui en 17 ans vit 50 vies, rencontre des personnages incroyables, traverse des drames affreux et les moments les plus heureux. Et comme un ange gardien sa mère ; une mère d’une force incroyable, dont le caractère forcera tous les destins.


Amadou Hampâté Bâ, surnommé Amkoullel, raconte sa petite enfance et son adolescence dans le Mali du début du siècle dernier. Il apprend les traditions ancestrales auprès des maîtres Marabout, de sa famille, des étrangers de passage et de ses amis. Grâce à sa mémoire phénoménale il enregistre toutes ces histoires, cette mémoire lui servira dans son apprentissage à l’écoute de ses maîtres de l’école coranique et de l’école française. Ses courses dans la savane, ses fous rires, ses grandes tristesses, sa fougue nous emmènent bien au-delà du plaisir de la lecture.


Pourtant, sur cette terre africaine du début du XXème siècle, les guerres tribales ne sont pas que des légendes, le colonialisme marque durablement son empreinte, la famine fait des ravages, la première guerre mondiale prélève un lourd tribut humain et culturel. Malgré ce, on envie l’enfant de cette époque, libre, heureux, curieux et volontaire. Amadou Hampâté Bâ nous offre un immense récit que l’on souhaiterait sans fin.


L'Afrique-Occidentale française (A.-O.F.) était un gouvernement général regroupant au sein d'une même fédération huit colonies françaises d'Afrique de l'Ouest entre 1895 et 1958.

Constituée en plusieurs étapes, elle réunit à terme la Mauritanie, le Sénégal, le Soudan français (devenu le Mali), la Guinée, la Côte d'Ivoire, le Niger, la Haute-Volta (devenue le Burkina Faso), le Togo et le Dahomey (devenu le Bénin). Sa superficie atteignait 4 689 000 kilomètres carrés, soit environ sept fois celle de la France. Son chef-lieu était Saint-Louis (Sénégal) jusqu'en 1902, puis Dakar (Sénégal).


L’école. Un arrêté de 1903 porte création du système scolaire en Afrique-Occidentale française et en 1904, un corps d'inspecteurs de l'enseignement est créé et formé dans ce qui deviendra en 1916 l'École William Ponty. En 1904 les colonies sont au nombre de six : Sénégal, Haut-Sénégal et Niger, Mauritanie, Guinée, Côte-d'Ivoire, Dahomey.


Première Guerre mondiale. Les troupes africaines sont mises à contribution pendant la Première Guerre mondiale et en 1917 Blaise Diagne, élu député en 1914, est chargé du recrutement des tirailleurs sénégalais.


Symbole de l'avancée coloniale, la ligne du chemin de fer de Dakar au Niger atteint Bamako en 1923.


Théodore Monod signe la préface de cet ouvrage. Né le 9 avril 1902 à Rouen et mort le 22 novembre 2000 à Versailles, Théodore Monod est un scientifique naturaliste biologiste, explorateur, érudit et humaniste français. Il est « le grand spécialiste français des déserts », « l'un des plus grands spécialistes du Sahara au XXe siècle » et « bon nombre de ses 1 200 publications sont considérées comme des œuvres de référence ».

Pour Jean Dorst, Théodore Monod « a été bien plus qu'un savant naturaliste à la curiosité toujours en éveil. C'était un humaniste au vrai sens du terme, un penseur, un philosophe et un théologien. »



Début du roman « En Afrique traditionnelle, l’individu est inséparable de sa lignée, qui continue de vivre à travers lui et dont il n’est que le prolongement. C’est pourquoi, lorsqu’on veut honorer quelqu’un, on le salue en lançant plusieurs fois non pas son nom personnel (ce que l’on appelle en Europe le prénom) mais le nom de son clan : « Bâ ! Bâ ! » ou « Diallo ! Diallo ! » ou « Cissé ! Cissé ! » car ce n’est pas un individu isolé que l’on salue, mais à travers lui, toute la lignée de ses ancêtres. »


Extrait « Enfin tout fut prêt pour le départ. Un matin de l’an 1905, au premier chant du coq, le petit convoi, poussant devant lui quelques bœufs porteurs chargés de bagages, s’ébranla. Outre ma mère et moi, il comprenait Koudi Ali, la promise de Tierno Kounta, Batoma et la jeune Nassouni. Beydari et Adibi tinrent à nous accompagner jusqu’à Mopti, ville située au confluent du Niger et du Bani, à soixante-dix kilomètres environ de Bandiagara. Nous devions y prendre le bateau pour Koulikoro, une ville proche de Bamako. Tout le long du chemin, chacun d’eux me porta tour à tour sur ses épaules. »


Extrait « Après le dîner, que nous l’ayons pris ensemble ou séparément, Daouda, mes camarades et moi nous nous rendions parfois à la grande place de Kérétel où les jeunes gens et les jeunes filles de plusieurs quartiers de Bandiagara au clair de lune. Nous aimions danser avec les fillettes de la waaldé dirigée par Maïrama Jeïdani, et je commençais déjà à penser à « jumeler » notre waaldé avec la leur, comme la coutume le permettait, pour une sorte de mariage symbolique entre nos deux associations. »



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