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Le cavalier-squelette

De Georges J. Arnaud, aux éditions Le Masque, 2002


Georges J. Arnaud est un écrivain multiforme, aux nombreux pseudos et aux styles très différents. Bien que son œuvre la plus connue soit La Compagnie des glaces, Arnaud est aussi l'auteur d'une centaine de romans policiers, autant d'espionnage, quelques romans fantastiques ou des romans érotiques, mais aussi régionalistes comme le cavalier-squelette qui se déroule dans les Corbières. Il y développe son grand talent de conteur et nous laisse entrevoir les paysages contrastés de l’est audois.


Un cavalier aux allures de fantôme vient tourmenter les gardes mobilisés lors de la guerre de 1870. En effet, les rumeurs disent que certains d’entre eux se sont enrichis en dépouillant les morts de leurs bagues, gourmettes et autres biens sur le champ de bataille. D’horribles assassinats se multiplient dans les villages des Corbières et mettent la population des campagnes en émoi. Zélie, jeune et jolie photographe ambulante et veuve de guerre, passe d’un hameau à l’autre afin de tirer les portraits des « mobiles » pour le compte de la gendarmerie. Sa route lui permet de découvrir d’encombrants secrets.


A travers, ce roman, Georges J. Arnaud pointe les bouleversements de la fin du XIXème siècle, ceux d’une société qui connait d’énormes mutations alors que la ruralité y est majoritaire. Ces villages ruraux vivent encore sous les pesanteurs de l’Ancien Régime et dont les traditions et les archétypes de pensée restent ancrées dans leur mode de vie. Pourtant dans les villes, lieux lointains et théâtres de faits hors de la morale à leurs yeux, les femmes s’émancipent, les enquêtes policières se professionnalisent, les relations humaines prennent de nouvelles formes, et l’invention du Daguerréotype relève encore du mystère voire du maléfique. Enfin, au-delà du très bon scénario, l’auteur nous fait bénéficier de son style enivrant.



Les mobiles Les gardes mobiles, appelés « mobiles », corps constitué d’hommes de 20 à 40 ans, réservistes venant de toutes les régions n’ayant pas effectué leur service militaire mais qui étaient soumis à des périodes de préparation militaire.


En tant de guerre ils devaient pouvoir combattre aux côtés des troupes régulières. Le comte de Palikao avait demandé l’organisation de 100 000 mobiles, courant août 1870, 400 bataillons furent constitués en province avec une formation et un équipement minimum. Le 29 août, 90 bataillons rejoignent la capitale. On avait fait appel aux classe 1865-69.


La Garde mobile comptait aussi un large contingent d’artillerie. Elle disposait de cent vingt-cinq batteries à pied. Au cours de la guerre, trente-huit furent transformées en batteries montées dont douze de mitrailleuses. On créa aussi des unités montées pour couper les lignes de communications ennemies.


Début du livre « Comme chaque nuit vers 2 heures, le curé de Cubières quittait la chaleur de son gros édredon pour jeter une bûche dans sa cheminée. Ce mois de décembre lui gelait les os le jour comme la nuit et il ne cessait de grelotter. Aumônier de l’armée en Algérie, il y avait pris des fièvres qui ne lui laissaient de répit que l’été. Tout grelottant, il allait se recoucher lorsque le galop d’un cheval se fit entendre, venant de la route de Bugarach. »


Extrait « Lentement avec des gestes doux, affectueux, elle écarta la porte et c’est sur la planche du fond très poussiéreuse, depuis des mois elle ne l’avait pas essuyée avec ce chambardement apporté par Emile et sa folie des vaches, qu’elle aperçut l’empreinte. Celle d’une main sans annulaire, d’une netteté parfaite. Voulue. On n’avait pas seulement posé ses doigts par hasard, on les avait fortement appuyés, si fortement même qu’en se détachant de la planche ils avaient emporté la poussière qu’ils écrasaient. Peut-être même qu’on les avait légèrement mouillés. En les léchant ? »





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