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Kolyma

De Tom Rob Smith, aux éditions Pocket, 2009


Plus qu’un roman policier, Kolyma est un roman d’aventure qui nous conduit de l’extrême Est de la Russie à la Hongrie. L’URSS du règne de Nikita Khrouchtchev tend vers une apparente distanciation par rapport aux horreurs commises par Staline, mais ce n’est qu’une illusion car de sévères répressions sont opérées dans les pays satellites. Dans cette ambiance de paranoïa, Kolyma est la suite d’Enfant 44 qui m’avait laissé un profond sentiment d’oppression. Sous la plume de Smith, on y retrouve les mêmes peurs primaires moins exacerbées mais bien présentes. L’auteur réussit à garder le lecteur en haleine même si certains passages ressemblent parfois à des scènes de blockbuster américain.


Leo Demidov, ex espion est désormais à la tête d’une section de recherche criminologique dans un pays qui refuse d’admettre des crimes autres que politiques. De façon discrète, il enquête sur une affaire de suicide déguisé, mais très rapidement son passé d’ancien agent aux mains sales va le rattraper de façon dramatique. Afin de sauver sa famille, il sera déporté dans un goulag de Kolyma aux confins de l’Union Soviétique, dans le désert de la mort blanche.


De l’action, des rebondissements, du suspense,… de nombreux ingrédients qui font de ce roman un livre très addictif. Pourtant, je pointe quelques faiblesses dans l’enchainement des événements et des situations à la limite du vraisemblable. Le moment de lecture est toutefois très agréable et surtout extrêmement dépaysant. Je me laisserai forcement tenter par la suite Agent 6.

La Kolyma, vaste territoire arctique et subarctique, avec des frontières politiques et géographiques mal définies, se trouve dans les plus lointains confins nord-est de la Sibérie. L'éloignement et l'isolement, la sévérité du climat et les conditions de vie très dures en font un « enfer blanc », un lieu à part.


Les Soviétiques redoutaient la Kolyma plus qu'aucune autre région de l'archipel du Goulag : disait-on à l'époque. Une maxime, connue dans toute l'URSS, disait : « Kolyma, Kolyma, ô planète enchantée / l'hiver a douze mois, tout le reste c'est l'été. »



Cependant, la Kolyma présente une spécificité remarquable : sa richesse en gisements d'or. La société minière souffre d'un évident manque de main-d'œuvre. Les conditions climatiques l'expliquent facilement. Les quantités d'or extraites sont très faibles. La main-d'œuvre connaît un développement certain : en juin 1929, une réforme pénale impose en effet que les condamnés à plus de trois années d'incarcération ne soient plus détenus en prison mais astreints à un travail forcé et transférés dans des camps de travail. Des milliers d' « ennemis du peuple », utilisés comme main-d'œuvre servile, meurent dans les mines d'or du Nord sibérien, dans un double but : l'exploitation des ressources minières et la liquidation des opposants. Dans un cynisme total, on crée une flotte de cargos transportant les prisonniers à l'aller et l'or au retour.


On estime entre 150 000 et 500 000 victimes dans l’ensemble des camps de la Kolyma.


Début du livre « Durant la grande guerre patriotique, il avait fait sauter le pont de Kalach pour protéger Stalingrad, dynamité des usines, les réduisant à des tas de gravats, et mis le feu à des raffineries de pétrole impossibles à défendre, quadrillant l’horizon de colonnes de fumée noire. Tout ce que les envahisseurs de la Wehrmacht auraient pu réquisitionner, il s’était empressé de le détruire. »


Extrait « Des ombres bougeaient au sommet des postes de contrôle, à une quinzaine de mètres du sol : des sentinelles guettaient les nouveaux arrivants. Ils avaient grimpé par des échelles branlantes qui pouvaient être enlevées à tout moment. D’autres gardes ouvrirent la porte principale. Ils poussèrent les doubles vantaux qui crissèrent sur la neige, et les camions pénétrèrent dans le camp. A l’arrière du véhicule, Leo regarda la lourde porte se refermer sur lui. »




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