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Nuit

De Bernard Minier, aux éditions Pocket, 2017

Bernard Minier est le maître des intrigues extrêmement compliquées et dont le dénouement laisse perplexe. Le héros est confronté à un individu particulièrement intelligent, sadique, retors et machiavélique. Cela fait beaucoup pour un seul homme, direz-vous, mais c’est ce qui fait la force des romans de Minier. Je ne suis pas fan absolu de ce type d’histoire mais, de temps en temps, il est bon de se faire un peu peur. Nuit est donc un excellent thriller.


Une piste macabre conduit l’inspectrice norvégienne Kirsten Nigaard à l’intérieur d’une église où a été sacrifiée une jeune femme, puis sur une plateforme pétrolière en mer du Nord, enfin à Toulouse. Elle y rencontre Martin Servaz, flic de la Crim, car tous deux semblent liés par un tueur en série, que Servaz ne connait que trop bien, Julian Hirtmann. L’enquête tente d’élucider, dans un premier temps, le mystère autour d’un enfant prénommé Gustav, dont la photo a été retrouvée dans les affaires abandonnées de Hirtmann. Le voyage au bout de l’enfer ne fait que commencer.


Biterrois d’origine comme moi, J’ai donc une affection particulière pour cet écrivain. Il a le don d’emmener le lecteur jusqu’à la dernière page tout en distillant des éléments qui le perdent en conjectures. Seule la dernière page sera digne de foi, même celle-ci n’est pas sans poser, encore, des questions angoissantes. Un roman extrêmement addictif, qui m’oblige désormais à lire Le Cercle, une autre enquête de Martin Servaz.

Début du livre « Elle regarda sa montre. Bientôt minuit.

Train de nuit. Les trains de nuit sont comme des failles dans l’espace-temps, des univers parallèles : la vie tout à coup suspendue, le silence, l’immobilité. Les corps engourdis ; somnolences, rêves, ronflements… Et puis le galop régulier des roues sur les rails, la vitesse qui emporte les corps – ces existences, ces passés et ces avenirs – vers un ailleurs encore dissimulé dans les ténèbres. »


Extrait « « Si Hirtmann est ici. » Habile, songea-t-il. Très habile. Il vit la phrase se déposer dans chaque conscience comme une couche de glace. C’était du bluff, mais ça avait marché : il le lut dans leurs yeux. Le fantôme du Suisse allait infecter leurs pensées comme il infectait déjà les siennes – et il ne les laisserait pas en paix.

C’était ce que la Norvégienne voulait. »


Extrait « Même quand la salle bondée crépitaient d’applaudissements, il n’y voyait qu’un espace désert, silencieux, vide, des squelettes assis dans des fauteuils. Cent milliards : c’était le nombre de morts depuis les débuts de l’humanité. Un chiffre quatorze fois supérieur au nombre des vivants. Et, parmi eux, Mozart, Bach, Beethoven, Einstein, Michel-Ange, Cervantès. Voilà qui vous remettait à votre place, non ? Qui était-il au milieu de tous ceux-là ? Personne. Un squelette parmi d’autres, qui retomberait vite dans l’oubli. »

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