[ANGOR]
De Franck Thilliez, aux éditions Pocket, 2014
Thilliez nous prend dès les premières pages, dans le tir croisé de deux à trois histoires parallèles. Ce feu nourri d’interrogations, mystères et de découvertes sanglantes est fatal au lecteur qui tombe forcément au champ d’honneur. Se dessine coté flics, une forte équipe de caractères trempés menée par Sharko et côté « mal » une coalition de fous furieux sanguinaires. Du grand art, dans ce polar haletant, où tous les sentiments extrêmes s’entrechoquent.
Camille est une jeune gendarme, greffée du cœur, dans le Nord de la France. Elle fait le rêve récurrent d’une femme qui l’appelle au secours. Elle est alors persuadée que ce nouveau cœur lui transmet des messages, une sorte de mémoire des organes humains. Désormais son obsession est de retrouver l’identité du donneur et d’en finir avec ses angoisses nocturnes. Sharko et Lucie filent le parfait amour avec la naissance de leurs jumeaux. Ayant tous les deux endurés d’horribles malheurs, Sharko réfléchit sur ce métier de flic qui leur a déjà beaucoup trop pris.
En conclusion, un coup de cœur pour ce polar hors normes, dans lequel Sharko laisse sa place de personnage principal au profit de flics qui ont tout autant de charisme. Thillez signe cet excellent ouvrage, malgré une faute de goût, la mort d’un jeune couple, totalement inutile pour le roman et la dramaturgie. Je n’aime pas les morts pour les morts même dans les romans ou les films. Quoiqu’il en soit, je vais me mettre en quête des prochaines aventures de Sharko.
Début du livre « Une jeune automobiliste de 23 ans, impliquée dans un accident de voiture, a été retrouvée morte plusieurs heures après le drame, à un kilomètre à peine de son domicile familial, à la sortie de Quiévrain. »
Extrait « Ce portrait-là, celui de Rémi Lombes, n’était pas destiné à un reportage pour un magazine. Camille était tombée dessus en tapant « Mickaël Florès » sur Google, et il avait été repris sur divers blogs ou sites consacrés aux tueurs en série. Florès avait photographié plusieurs de ces monstres, créant ainsi une macabre collection qu’on pouvait consulter sur son site. Les photos disaient bien pire qu’un long discours. »
Extrait « Le genre d’endroit où elle aurait aimé mourir, assise dans un vieux rocking-chair face à la mer, après une vie bien remplie, pleine de joies, d’enfants, de petits-enfants.
Mais Camille n’avait pas le choix de sa vie.
Ni de sa mort. »
Extrait « Je lisais tout le temps, gamine, confia-t-elle. Des livres scientifiques sur le corps humain mais aussi ce genre de romans d’aventures et de polars. C’était mon moyen à moi de m’évader, de voyager. Un jour, j’ai vendu la plupart de mes livres à une brocante, il y en avait trop. Mais j’aurais dû les garder. Ils étaient comme des petits morceaux de ma vie. Des bouts de moi. »
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