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📙 Anima

De Wajdi Mouawad, aux éditions Babel, 2012

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Coup de cœur. On entre dans ce livre comme on avance dans un sombre tunnel, des lumières floues éclairent des passages mais l’ensemble reste souvent invisible. Les différentes perspectives sont visibles à travers les yeux d’animaux et petit à petit les mystères se dévoilent. Wahhch Debch s’engage dans une quête profonde, lugubre et mortifère qui le ramène ailleurs, dans une autre dimension, aux premières années de sa vie. Attention, les images sont crues et d’une violence extrême, il y a des êtres déchus et d’autres d’une sublime lumière.

Wahhch Debch découvre sa femme, Léonie, atrocement assassinée alors que le mobile semble être seulement le hasard. Il sombre alors dans une sidération totale dans laquelle réalité et souvenirs enfouis de l’enfance se mélangent au point de se sentir lui-même coupable. Menant son enquête, Wahhch Debch poursuit l’ombre du monstre, non pas par désir de vengeance mais pour faire face à la bestialité et se rassurer sur sa propre humanité. Cette poursuite le mène sur les terres indiennes des Mohawks et sur les routes de l’Amérique du Nord.


Wajdi Mouawad a écrit un des livres les plus noirs que j’ai lu, noir dans le fond mais aussi noir dans la forme. La vision à travers les yeux des animaux est une véritable originalité, et renforce cette impression d’obscurité, d’être dans le floue et d’avancer à tâtons. Cette lecture est une véritable expérience littéraire que je recommande.

Début du livre « Ils avaient tant joué à mourir dans les bras l’un de l’autre, qu’en la trouvant ensanglantée au milieu du salon, il a éclaté de rire, convaincu d’être devant une mise en scène, quelque chose de grandiose, pour le surprendre cette fois-ci, le terrasser, l’estomaquer, lui faire perdre la tête, l’avoir. »


Extrait « VESPULA GERMANICA

Il courait à travers le mouvement des voitures, paraissant disparaissant, jusqu’à l’angle arrondi d’un trottoir où il a bifurqué, avalé par le halo gazeux de la circulation matinale. »


Extrait « Ce que je peux te dire, c’est que chaque réserve a son conseil de bande. C’est la voix officielle des Mohawks auprès des autorités politiques. Mais il existe aussi, dans chaque réserve, un bras armé qui s’occupe des choses moins officielles et pour qui les frontières canadiennes et américaines n’ont pas beaucoup de sens. Pour nous, il y a des lacs, des rivières, des territoires de chasse, de pêche, des montagnes sacrées et des tribus. »


Extrait « - Bingo ! Chaque cri doit être suivi par un silence pour faire entendre son écho. Celui qui ne fait que hurler sa douleur n’en verra jamais le visage tout autant que celui qui s’obstine à la taire. C’est la leçon des chauves-souris : pour voir le visage de celui qui te fait souffrir, tu dois faire de ta douleur un collier qui enchaîne des perles de silence aux perles de tes cris. »

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