Arkane 1 – La désolation
De Pierre Bordage, aux éditions Bragelonne, 2017
J’ai découvert le talent de Pierre Bordage avec la série « Les Guerriers du silence » que je vous recommande si vous aimez la science-fiction. L’auteur se lance désormais dans l’Heroic Fantasy, et plutôt avec réussite, car le premier tome de ce qu’il semble être une trilogie met en place un univers hors du commun et des personnages très intéressants. Les codes du genre sont là et habilement utilisés par un Pierre Bordage qui mène son intrigue sur plusieurs fronts sans perdre le lecteur. Les situations sont menées tambour battant, créant dès le premier volet une certaine addiction.
La cité labyrinthique d’Arkane est dirigée par les 7 familles fondatrices. Depuis des siècles, les 7 patriarches successifs composent entre-eux pour régner, par la souffrance et l’humiliation, sur le peuple d’en-dessous jusqu’aux profondeurs de la ville. En ce début de cycle, Oziel, princesse de la Maison du Drac assiste, cachée, au massacre de sa famille. Désormais, l’équilibre fragile des Maisons régnantes est rompu, annonçant la chute imminente d’Arkane. Au même moment, Renn, un jeune enchanteur de pierre semble aussi être le messager du futur effondrement du royaume.
En tant qu’amateur d’Heroic Fantasy, j’ai apprécié la créativité de ce monde dont de nombreux mystères restent à éclaircir à la fin de ce premier tome. Tous les ingrédients sont réunis pour que cette trilogie se révèle éblouissante : du suspense, du rythme, des sociétés secrètes, des forces obscures, des êtres malfaisants, traitres mais aussi de nobles personnes. Je retrouve donc avec plaisir ce genre qui me rappelle les parties interminables de D&D. Vite le prochain opus.
Début du livre « Il advint que l’Odivir sortit de son lit et submergea le pars d’Arkane, jadis appelé Tagre, du massif septentrional de l’Ostian aux sombres marécages du Sud Lointain. Emues par les cris désespérés des mères, les sept déesses du fleuve commandèrent à leurs serviteurs d’épargner sept familles humaines… »
Extrait « Un gémissement étouffé et une succession de cliquetis ponctuèrent sa psalmodie. Une tension soudaine figea l’assistance. Les premiers hurlements retentirent, effroyables. Oziel eut beau plaquer de toutes ses forces les paumes de ses mains sur ses oreilles, ils continuèrent de lui perforer les tympans. Elle ne sut pas combien de temps les cris se prolongèrent, mais lorsque le silence retomba, elle se rendit compte qu’elle pleurait tandis que, deux perches plus bas, les fils de famille et les autres comploteurs, surexcités, commentaient le spectacle à grand renfort d’exclamations et de rires. »
Extrait « Seule, sans visage, Elle franchira le Laz,
Annonçant des heures sombres pour le pays d’Arkane,
Les temps viendront de la chute,
Des milliers mourront et l’affliction régnera,
L’orgueilleuse cité de nos pères s’effondrera dans un terrible fracas,
La souffrance régnera jusque dans les confins,
Et nul ne pourra prédire quand reviendra la vie.»
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