📙 [𝓒𝓱𝓻𝓸𝓷𝓲𝓺𝓾𝒆] Badroulboudour

De Jean-Baptiste de Froment, aux éditions Aux Forges de Vulcain, 2021

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Un grand merci à @pierre.raufast  car c’est à travers son compte instagram que j’ai découvert ce livre. Un livre qui a retenu mon attention et qui désormais a enrichi ma bibliothèque. On y découvre Antoine Galland porté par les événements, les gens qui l’entourent sans vraiment de volonté propre malgré une grande culture universitaire et une brillante intelligence. Mais au fait, ce nom, Antoine Galland ne vous dit rien ? Notre héros a le même nom que le célèbre traducteur des Mille et une Nuits, né en 1646, pourtant quelques siècles plus tard, ce célèbre soi-disant « ancêtre » sera à l’origine de péripéties qui vont changer la vie de l’Antoine des années 2000.

Aladin aperçoit le visage de la fille du sultan, la princesse Badroulboudour, il en tombe amoureux et décide de tout faire pour l'épouser. Ce n’est pas le pitch de l’histoire mais cette femme est peut-être une réalité dans le Kloub, un club de vacances pour privilégiés. Antoine Galland part avec ses filles au soleil, en Egypte, dans ce fameux Kloub, pour penser à autre chose que son travail et son ex-femme. Pourtant malgré un nature extrêmement effacée, des situations tragi-comiques le force à devenir le rouage principal de la politique nationale et internationale.

A la fin du livre, je me suis précipité sur mon édition Garnier Flammarion des Mille et une Nuits, traduction Antoine Galland. Par acquis de conscience, j’ai pris connaissance de sa bio, pourquoi ? Vous ne le comprendrez qu’en lisant ce roman. Quoiqu’il en soit, l’auteur nous interroge sur notre perception de l’Orient, un peu fantasmée, ce que l’on appelle l’orientalisme. Une vision exotique avec certains clichés qui résistent encore et dont l’utilisation peut arranger parfois le spectacle et les intérêts politiques. A travers l’humour, l’auteur critique aussi d’autres phénomènes contemporains, ce qui donne beaucoup plus de profondeurs à ce roman que l’on aurait pu penser plus léger au premier degré. A découvrir.

❓ Avez-vous lu les Mille et une Nuits ?

𝓓𝒆́𝓫𝓾𝓽 𝓭𝓾 𝓵𝓲𝓿𝓻𝒆 « « Le Kloub, tu vas voir, c’est assez spécial quand même… » lui avait dit Madeleine, son ex-femme. Elle y était allée l’année dernière avec les filles. Cet été, c’était le tour d’Antoine. »

𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « Détail infiniment touchant : à la fin de sa vie, Galland était si pénétré de l’esprit de ces contes, si familier de leurs ressorts et intrigues, qu’il se mit à en écrire lui-même de nouveaux pour compléter le recueil. Alladin et la lampe merveilleuse ou encore Ali Baba et les quarante voleurs étaient ses propres œuvres, déguisées en traductions de l’arabe. »

𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « C’était d’autant plus probable, pensait Antoine, que la « sapiosexualité » (néologisme douteux qu’il avait trouvé quelque part dans la presse féminine et dont ce qui lui restait de machisme supposait qu’il pouvait être dans le vocabulaire de jeunes filles comme celles qu’il avait en face de lui), cet attrait pour l’intelligence, qui faisait désirer – indépendamment de ses mérites propres, et même, parfois, en dépit de ses notables imperfections, de sa mocheté – l’enveloppe corporelle qui l’abritait, perdait chaque jour du terrain. Elle était devenue un phénomène très minoritaire. »

𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « Alors elle s’avança vers lui, telle une grande prêtresse venue pour l’immoler. Arrivée au pied du lit, cependant, elle parut se raviser. Soulevant des deux mains, dans un geste d’offrande, sa chemise de nuit, elle découvrit à son tour son corps sombre, bleuté par la lune. Ses seins étaient deux coupoles somptueuses, dont les tétons, hypnotiques comme les yeux d’un fakir, semblaient avoir nourri les jeunes souverains de Babylone. »