📙 [𝓒𝓱𝓻𝓸𝓷𝓲𝓺𝓾𝒆] Berlin
- jmgruissan
- 30 sept.
- 3 min de lecture
De Norman Ohler, aux éditions L'Arbre qui marche, 2025
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Une très belle idée des éditions L’Arbre qui marche, comment découvrir la ville de Berlin grâce à un guide de voyage romancé. A travers les mots d’un écrivain allemand, Norman Ohler, la ville de Berlin se découvre lors d’une balade de 4 jours. Mais pas une promenade d’un long week-end mais une véritable histoire avec des personnages qui se croisent et une dramaturgie qui se met en place. Pourtant, c’est cette ville qui en est le personnage principal. C’est donc une visite tout à fait subjective, liée au ressentie et à la vie du narrateur, pourtant ce dernier nous prend par la main et nous invite à suivre ses pas pour ce que l’on connait, peut-être de Berlin, et ce qui sera difficile de connaitre sans lui.
En compagnie de Norman et de ses amis dont une jeune médecin d’origine turque, son Berlin s’ouvre, le Berlin des lieux communs et celui des sous-entendus. Car cette ville, plus qu’une autre porte les stigmate de l’histoire mondiale, elle endure encore les souffrances morales et physiques de la seconde guerre mondiale, en tant que capitale d’un pouvoir assassin, détruite dans sa plus grande partie, partagée entre deux blocs, victime d’une image de liberté d’agir. Norman et ses amis en mesurent tous les jours l’attractivité de sa vie culturelle et underground mais aussi les effets pervers. Soyons Berlinois pour 4 jours.
Enfin comme dans un guide classique, Norman nous propose plusieurs circuits de découverte de Berlin sous une forme plus classique et une redirection via un QR code sur Google maps. Une interaction rapide et visuelle sur le parcours. Une immersion dans les rues de cette ville qui donne finalement envie de s’y balader dans la réalité, mais n’était-ce pas l’objet de ce livre. Ce qui en résulte aussi, et de façon indirecte, c’est de provoquer l’envie de découvrir l’œuvre de l’auteur lui-même, Norman Ohler, cet auteur qui est farouchement attaché à Berlin.
Pour conclure ce livre en musique, un moment que j’apprécie beaucoup car Berlin a aussi inspiré des artistes comme Bowie, Lou Reed ou Barclay James Harvest dont je découvre le « Berlin ». Une musique originale du livre qui permet d’accompagner ce voyage.
Pari réussi pour cette maison d’édition @larbrequimarche_editions qui m’a offert l’opportunité d’apprécier ce concept de guide romancé.
❓ Connaissez-vous Berlin ?

𝓓𝒆́𝓫𝓾𝓽 𝓭𝓾 𝓵𝓲𝓿𝓻𝒆 « Lorsque le mur de Berlin est enfin tombé, j’avais 19 ans et vivais dans une petite ville nommée Deux-Ponts. J’ai pris la voiture de mes parents et traversé l’Allemagne sur 800 kilomètres pour constater de mes propres yeux qu’un événement positif pouvait, pour une fois, marquer l’histoire de mon pays. »

𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « La guerre avait laissé le corps de Berlin traumatisé : 50% des logements, la plupart des monuments classés détruits, la majorité des bâtiments de prestige réduits en cendres. Depuis, un nouveau Berlin avait jailli du sol et la longue partition de la ville avait empêché la naissance d’une ville homogène. La ville n’avait pas un visage : elle en avait mille. Elle changeait de masque à chaque coin de rue. »

𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « La première vague de réfugiés a touché Berlin en 1685 : c’étaient des Français protestants persécutés par leur patrie catholique qui les traitait de « huguenots ». Ils ont durablement marqué la ville, notamment par leur cuisine qui transformé la pitance locale : là où dominaient jusqu’alors le gruau, les légumes secs, la choucroute et le poisson séché, les autochtones ont eu le bonheur de découvrir la soupe aux herbes fraîches, le pain blanc des boulangeries françaises, les artichauts, le chou-fleur, les asperges, les fayots, la salade et les haricots verts. Les Berlinois n’en sont pas revenus ! »
𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « Berlin est née d’un marais, elle ne cesse de s’enfoncer dans son sable mou. Contrairement à Manhattan, érigée sur un granit inflexible où l’on a toujours les pieds sur terre, à Berlin tout flotte, tout est fluide, et l’élan propre à chacun se glisse dans un courant commun. C’est une ville humaine qui invite à lâcher prise – mais qui peut aussi conduire à léthargie, au doute et à la peur. »
𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « J’ai rêvé d’un Berlin du futur, où l’argent ne ferait plus la loi, mais où ce qui avait fait la grandeur de cette ville reprendrait le dessus : l’appel de la liberté, le brassage entre les peuples, une manière décontractée d’habiter l’espace urbain, par des gestes et des rythmes que seule la métropole sur la Spree sait faire vibrer. »
𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « J’ai décidé d’imiter Ralf et moi aussi j’ai déguerpi après l’entracte. Les dieux pouvaient bien faire leur crépuscule sans moi. D’ailleurs ils le faisaient, le soleil devant l’opéra semblait comme fatigué par son immense labeur de la journée – illuminer la ville – et il sombrait dans la mer de toits en éparpillant ses restes orangés sur l’asphalte : nous assistions au crépuscule de Berlin. »
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