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Bleu Calypso

De Charles Aubert, aux éditions Pocket, 2019


J’ai vite était happé par ce polar, sans prétentions particulières, de Charles Aubert. Pourtant, même s’il y a une inflation de meurtres sous la plume de l’auteur dans ce coin plutôt tranquille de la Méditerranée, les pages se tournent plus vite que sous l’effet de la tramontane. Le bleu s’y décline sous toutes ses nuances offrant à chaque chapitre un ton renforcé par un Haïku d’un maître japonais. J’ai été aussi séduit par cette vie de village, Villeneuve les Maguelone, proche de mes réalités quotidiennes. En quelques mots, un très bon moment de lecture.

Au bord de l’étang des Moures, près de Villeneuve les Maguelone, Niels fabrique de façon artisanale des leurres pour la pêche. Il a décidé de quitter une vie urbaine et stressante pour s’isoler du monde en vivant dans une cabane isolée. Sa dernière création, baptisée Bleu Calypso, est en phase de « séance photos » pour faire de la communication sur son site de vente en ligne. Mais ses clichés vont le ramener à une horrible réalité. En effet, sur un des photos apparaît le visage d’un cadavre au milieu des algues.


Pratiquement un coup de cœur pour ce polar de proximité, sans héros et enquête aux quatre coins du monde. Au contraire, une écriture simple et immédiatement accessible, dont les mots s’écoulent aussi facilement que les poissons nagent dans l’eau. Charles Aubert sait accompagner son lecteur vers un dénouement que l’on imagine assez facilement mais peu importe puisque le texte est agréable et nous porte paisiblement tel une barque sur les étangs de la Méditerranée. Vivement Rouge Tango !

Un haïku (俳句, haiku) est un poème d'origine japonaise extrêmement bref, célébrant l'évanescence des choses et les sensations qu'elle suscite. Un haïku évoque généralement une saison (le kigo) et doit comporter une césure (le kireji). Il est composé de 17 mores réparties en trois vers suivant un schéma 5/7/5.


Exemple issu du roman

Du violet des nuages

Au mauve des iris

Ma pensée va sans cesse


CHIYO-NI



Début du livre « Le kayac avait une dérive idéale. Le vent du nord le poussait à un ou deux nœuds, en direction d’un vaste herbier, juste à l’entrée de la passe. Sans faire de bruit, j’ai glissé la pagaie sous le siège en toile pour qu’elle ne me gêne pas, puis j’ai saisi ma canne. »


Extrait « Le bateau de Vieux Bob était amarré dans le port de l’un des nombreux villages qui parsemaient la côte. C’était un pêche-promenade avec une timonerie centrale, pas un rapide, mais il présentait l’avantage de bien tenir la mer et d’être équipé d’un sondeur de dernière génération, unique concession que faisait Vieux Bob à sa philosophie de décroissant. L’exception qui confirme la règle. »


Extrait « J’ai continué chemin, un peu sonné. Les coups de théâtre se succédaient si vite. J’avais le sentiment d’avoir vécu toutes ces années au ralenti et que soudain quelqu’un venait de changer la vitesse de rotation de la Terre. J’essayais de conserver mon équilibre, mais je devais lutter sans cesse contre une force centrifuge qui essayait de me projeter hors de moi-même. J’vais encore tous ces machins qui virevoltaient à l’intérieur de ma tête lorsque je suis arrivé devant Vieux Bob. »

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