Ce qu’ici-bas nous sommes
De Jean-Marie Blas de Roblès aux éditions Zulma, 2020
Il faut avouer que je suis un inconditionnel de Jean-Marie Blas de Roblès. A travers ses romans, on touche des territoires inconnus où les délires et la fantaisie sont la norme. Mais, ce sont des romans qui demandent une attention particulière car chaque mot a sa juste signification. Et des mots, Jean-Marie Blas de Roblès en emploie une palette très étendue et vertigineuse. Au-delà de cette érudition phénoménale, ce livre, en forme de carnet de voyage, est aussi illustré, de façon talentueuse, par ses dessins. Un roman encyclopédique dont on sait, pertinemment, que l’on passe à côté de passages « littéraires » secrets.
Augustin Harbour est actuellement pensionnaire d’une clinique de luxe au Chili. Il a besoin de repos et d’attention à l’instar des autres patients de l’établissement. Profitant de ce temps, il rédige ses souvenirs et particulièrement ceux relatifs à la découverte d’une mystérieuse cité au cœur du désert lybien. En compagnie de son guide, après une terrible tempête de sable, ils parviennent à Zindân, une oasis coupée du monde, dans laquelle s’est développé coutumes, mœurs, religions toutes plus étranges les unes que les autres.
Présent, passé et imaginaire se mélangent dans ce roman en forme de « cabinet de curiosités » dans lequel le style et l’érudition de l’auteur relèvent du prodige. Mais Blas de Roblès fait aussi preuve d’un talent de dessinateur pour l’ensemble des illustrations qui jalonnent l’ouvrage. Roman certainement inclassable. On y entre et on en sort, comme si une tempête avait tout chamboulé en vous et autour de vous, et puis vous avait laissé ivre de vent et de joie. Merci de nous offrir régulièrement quelques bourrasques régénérantes dans lesquelles les vignettes de style XIXème siècles côtoient des QR code.
QR Code, en forme longue « quick response code », « code à réponse rapide », est un type de code-barres en deux dimensions (ou code matriciel) — format optique lisible par machine pouvant être visualisé sur l'écran d’un appareil mobile ou imprimé sur papier — constitué de modules-carrés noirs disposés dans un carré à fond blanc. Ces points définissent l'information que contient le code. Il existe d'autres formats de code-barres en deux dimensions au fonctionnement similaire, comme le flashcode ou encore le 2D-Doc, souvent confondu avec le code QR.
Le code QR a été créé par Masahiro Hara, ingénieur de l'entreprise japonaise Denso-Wave, en 1994 pour suivre le chemin des pièces détachées dans les usines de Toyota.
Il est rendu public en 1999 : Denso-Wave publie le code QR sous licence libre ; cela a contribué à la diffusion du code au Japon. Par la suite, il prend un réel essor avec l'avènement des smartphones. À la fin des années 2000, il devient l'un des codes bidimensionnels les plus populaires dans le monde, et les applications informatiques de lecture de codes QR sont souvent déjà installées par les fabricants dans les téléphones mobiles. Au Japon, cette pratique était déjà répandue en 2003.
Début du livre « Ce mémoire est une mise en forme de mes carnets de route destinée, sur la suggestion du professeur Binswanger, à mettre un peu d’ordre dans le chaos de mes souvenirs. J’écris sur les bords du lac Calafquen, au Chili, dans la villa où il a plu à cet éminent chercheur de nous inviter, mes compagnons et moi, pour quelques semaines de villégiature. »
Extrait « Au terme de cette histoire champêtre
Force est de concéder peut-être
Qu’au Royaume des arbres comme en celui des hommes
Le phasme est l’avenir de l’orme. »
Extrait « Les hommes ont toujours été émerveillés par la fidélité troublante des miroirs, d’où cette terreur de la doublure imparfaite ; celle du Golem, de Frankenstein, ou même des mannequins de cire dont l’humanité défectueuse nous révulse au premier regard. La plupart des films d’horreur fonctionnent sur ce principe de décalage monstrueux, et ça pose un vrai problème aux concepteurs de robots : les gens supportent si mal cette impression de dédoublement raté, qu’ils préfèrent interagir avec une boite de conserve ambulante plutôt qu’avec des machines anthropomorphes. »
Extrait « Que les dieux damnent celui qui le premier inventa l’heure, écrit Aulu-Gelle, et qui le premier installa ici un cadran solaire pour émietter mes journées ! Lorsque j’étais petit garçon, mon estomac était mon cadran, et il était bien meilleur et plus digne de foi que toutes ces inventions modernes. Il m’indiquait l’heure de manger, du moins si j’vais quelque chose à me mettre sous la dent.»
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