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📙 [Chronique] Bastards

De Ayerdhal, aux éditions Livre de Poche, 2014


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C’est parfois très difficile de parler de l’impression que vous laisse un livre, surtout celui-ci. Il navigue entre thriller et tombe carrément dans le fantastique dès que le héros, en l’occurrence un écrivain new-yorkais commence à assembler les pièces d’un étrange puzzle. Pourtant, très bien écrit et magistralement construit, Bastards mobilise de l’énergie dans la compréhension des interactions entre les personnages et les rouages du monde. Ayerdhal mélange, dans un grand chaudron bouillant, des agences de renseignement, des mythes ancestraux, de célèbres écrivains et les puissances économiques. Un trop plein de saveurs qui m’a malheureusement perdu.


A New-York, une mystérieuse vieille dame fait la Une des journaux, elle s’est débarrassée de trois agresseurs armée d’un outil de jardin et d’un chat. Les services de la police la surnomment Cat-Oldie mais, apparemment, elle n’est pas la priorité des enquêteurs. Par contre, pour l’écrivain Alexander Byrd, récompensé du Prix Pulitzer, elle devient un sujet intéressant alors qu’il est en sérieux manque d’inspiration pour son prochain ouvrage. Ses recherches le conduisent au cœur d’une guerre des services de sécurité mais aussi, et plus dangereusement, vers un étrange univers parallèle peuplé de chats.


Une des saveurs les plus appétissantes du roman, c’est qu’Ayerdhal introduit dans le récit des auteures et auteurs connus qui prennent part à l’histoire. On y croise Toni Morrison, Siri Hostvelt, Calum McCann, mais surtout Paul Auster, Norman Spinrad et Jerome Charyn. New-York est aussi une des pièces majeures du texte, une ville qui se rapproche de la vieille Europe par ses aspects parfois gothiques. Bastards reste un ouvrage hors du commun, extrêmement bien écrit.


Début du livre « Bien qu’elles se diluent dans notre amnésie collective, les personnes âgées n’ont pas toujours été des personnes âgées. »


Extrait « La femme flic descend de sa voiture à leur approche. Elle fait signe à Tommy de rester à l’écart, examine longuement l’adolescent colombien, lui offre son regard à craindre et le vieillit de deux courtes phrases prononcées d’une voix glaciale en espagnol :

- Je n’ai été trahie qu’une fois. Depuis, personne n’a pu faire plus qu’y songer.

Il y a un âge où on se sent immortel. Parfois ce sentiment s’éteint brusquement. Il suffit d’un regard, d’une voix et de quelques mots. »

Extrait « Dans le même mouvement, Laurence se retourne, tire son arme et se jette au sol. Deux mains se referment sur son bras, presque délicatement. Un pouce s’enfonce dans la face antérieure de son poignet, trois doigts se plantent à la jonction du poignet et du cubitus, sa main s’ouvre toute seule, l’arme s’en échappe. Une main se déplace sur son bras, son coude plie, son épaule suit à la limite de la luxation. L’autre main se referme sous sa mâchoire, le force à se relever et le propulse dans le fauteuil d’Alexander pendant qu’un coup de pied envoie le pistolet à l’autre bout du bureau.

- Vous n’êtes pas de taille, dit la jeune femme qui s’est déjà reculée de deux mètres. »


Extrait « En approchant de la sépulture d’Houdini, il ne peut s’empêcher de penser que c’est ici que tout a commencé, que toute son existence a été chamboulée, probablement à jamais. Et il se prend à se demander quelle est la différence entre « à jamais » et « pour toujours », pourquoi l’un lui paraît définitif et l’autre fallacieux. Puis ils atteignent l’allée près de la tombe de l’illusionniste et ses sensations prennent une allure de déjà-vu qui lui donne le vertige. »


Extrait « Tous les artistes ont en eux le pouvoir de révéler les mondes derrière le monde, d’abattre les murs qui limitent les horizons, de briser le miroir dans lequel ne se reflète que l’ignorance.

Pouvoir n’est rien si l’on ne réalise pas, l’écrivain. Tu vas devoir réaliser. Tu vas devoir ouvrir des portes là où il n’y en a jamais eu. »

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