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📙 [Chronique] Black Bazar

De Alain Mabanckou, aux éditions Seuil, 2009

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François Busnel, de la Grande Librairie, reçoit régulièrement Alain Mabanckou dans son émission. J’avais apprécié sa façon de s’exprimer, pleine d’humour et cultivée. Lorsque je suis tombé sur Black Bazar dans une bourse aux livres, j’ai sauté sur l’occasion pour découvrir son œuvre. J’ai été, très rapidement, séduit par son style décalé, ses personnages hauts en couleurs et ses incroyables tirades sur la vie en général. De longs passages incroyablement truculents. Black Bazar, un très bon plaisir de lecture.


Celui que l’on surnomme « le fessologue » aime la sape, les fringues de luxe et les fins de journée autour de bières avec ses amis. Il se balade avec aisance dans les rues de la capitale et se fait fort de deviner le caractère d’une femme rien qu’en regardant ses fesses bouger. Pourtant, il semblerait que sa science ait ses limites car la femme avec qui il a eu une petite fille est retournée en Afrique avec un joueur de tam tam, le laissant dans le désarroi. Mais un malheur peut aussi être une opportunité, pour ce dandy africain, ce sera la découverte d’une vocation d’écrivain.


Alain Mabanckou nous invite à la découverte d’une belle galerie de portraits de personnages qui s’expriment à travers leur vision du monde. Cela porte différentes voix sur la condition d’africain en France, les joies et les désenchantements liés à ce « désenracinement ». Pourtant le style d’Alain Mobanckou a la force de transformer les situations tragiques, les pensées pathétiques en paraboles sur la recherche d’un certain bonheur.



Début du livre « Quatre mois se sont écoulés depuis que ma compagne s’est enfuie avec notre fille et L’Hybride, un type qui joue du tam-tam dans un groupe que personne ne connaît en France, y compris à Monaco et en Corse. En fait, je cherche à déménager d’ici. »


Extrait « - Tout a déjà été écrit ici-bas, Fessologue ! Tout ! Et moi j’ai lu tous les grands livres du monde ! C’est pas toi qui viendras changer les choses. Et surtout que je ne retrouve pas mon nom dans ton journal d’un cocu ! D’ailleurs où se trouvent ta femme et ta fille actuellement, hein ? Tu es incapable de dire ça dans tes écrits parce que tu as honte que les gens le sachent ! Tu crois écrire, or tu vomis ta colère contre ton ex et le troubadour qui de te l’a piquée ! Bien fait pour toi ! »


Extrait « - Je comprends bien qu’Henriette c’était le prénom de ta grand-mère, mais faut pas exagérer ! Avec tous les prénoms qu’on trouve dans les calendriers des Blancs, comment osez-vous condamner à mort la pauvre petite fille ? Henriette c’est un prénom de vieille ! Tu sais, les Européens ils ne badinent pas avec les prénoms, ils prennent ça au sérieux. Ils en ont de jolis comme Georges, Valéry, François ou Jacques. »


Extrait « Les Chinois et les Pakistanais ? Ils sont forts, ces gens ! On ne les voit pas dans les informations de vingt heures en train de cramer les voitures, ils ne font pas les grèves avec les autres immigrés, ils sourient à tout le monde. Or le sourire, c’est la clé des affaires. Si tous les clandestins de ce pays avaient le sourire je crois qu’on les renverrait jamais chez eux dans les charters, ils rentreraient en classe Affaires d’Air France ! Je te jure, mon frère africain ! »


Extrait « Il y avait une foule devant cette librairie. Moi je croyais que les gens avaient souvent peur d’entrer dans une librairie au risque d’en ressortir avec un livre qu’ils ne liraient pas et de voir les personnages de cette œuvre les poursuivre dans leur sommeil pour les mettre devant leurs responsabilités. »

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