📙 [Chronique] Blizzard
De Marie Vingtras, aux éditions Points, 2021
🔥🔥🔥🔥
Voici un roman multi récompensé, et non sans raison. Car au fil de la lecture, pourtant rapide, les personnages principaux se dévoilent complètement, une mise à nue orchestrée avec talent par Marie Vingtras et qui façonne tout le cheminement narratif. Finalement, l’ensemble des petites bribes forment en fin une montagne de sentiments et d’histoires qui s’entrelacent allant du meilleur au plus sordide. L’autrice nous entrainent dans un huis-clos froid et dangereux, une course violente dont on ne sait qui s’en sortira le moins blessé.
Bess et Thomas sont sortis en plein milieu de la tempête. En Alaska, il y a des choses qu’il vaut mieux éviter, comme se retrouver dans le blizzard, à ne pas y voir plus de quelques mètres. On risque de se perdre, de tomber dans une crevasse ou plus surement encore de mourir de froid. Benedict et Cole, pourtant, se lancent à leur recherche pour éviter le pire. Mais face à la violence des éléments et l’imminence d’une mort possible, chacun va réfléchir à sa propre existence.
Ce roman est un véritable tour de force narratif, dans « Blizzard », Marie Vingtras tisse une histoire poignante qui plonge le lecteur au cœur d'une nature hostile, symbolisée par la tempête de neige qui enveloppe le récit. Le blizzard devient le miroir des tourments intérieurs de ses personnages, chacun d'eux confronté à ses propres démons et à des dilemmes existentiels. À travers une narration polyphonique, Marie Vingtras explore les thèmes de la culpabilité, de la rédemption et du destin, en révélant progressivement les secrets qui hantent les protagonistes. Ce roman captive non seulement par l’intensité de son intrigue, mais aussi par la profondeur psychologique des personnages. La tempête est réelle mais elle est aussi une métaphore de ce qui se passe à l’intérieur des personnages.
❓Connaissez-vous un autre roman dont les héros sont pris dans le froid et l’immensité glacée ?

Début du livre « Je l’ai perdu. J’ai lâché sa main pour refaire mes lacets et je l’ai perdu. Je sentais mon pied flotter dans ma chaussure, je n’allais pas tarder à déchausser et ce n’était pas le moment de tomber. Saleté de lacets. »
Extrait « Un an auparavant, j’étais passé chez Thomas parce qu’on ne l’avait pas vu depuis cinq jours déjà. La maison était vide. Il avait pris quelques vêtements, son sac à dos et l’exemplaire de Walden de Henry Thoreau qui n’était plus sur son fauteuil près de la cheminée. S’il avait pris son livre préféré avec lui, c’est qu’il comptait partir pour un moment. Il aurait pu être parti pour une de ces randonnées solitaires qu’il aimait tant, mais quelque chose, dans l’ordre de la maison, me disait que ce n’était pas le cas cette-fois-ci. »
Extrait « Quand j’ai enfin compris, j’ai ressenti la terreur, une décharge électrique qui m’a traversée, de la moelle épinière jusqu’à la nuque, et qui n’a laissé qu’un creux derrière elle. J’ai couru jusqu’à son corps, j’ai soulevé sa tête, ses cheveux blonds doux comme de la soie au creux de ma main, j’ai crié son prénom pour la ramener du fond des Enfers jusqu’à la lumière, mais il était trop tard. Je vais ouvrir cette porte et il sera encore trop tard. Je ne sais rien faire d’autre qu’arriver toujours après, quand le pire s’est produit. »
Extrait « La guerre reste la guerre. Elle terrifie et galvanise en même temps. Elle banalise le fait que vous puissiez tuer d’autres êtres humains, juste parce qu’on vous a dit que vous aviez une bonne raison de le faire. »
Komentarze