📙 [Chronique] Cochrane vs Cthulhu

De Gilberto Villarroel, aux éditions Pocket, 2016

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Quand on a lu pratiquement tout Lovecraft ainsi que le mythe de Cthulhu repris aussi par d’autres auteurs de talent, on peut se dire que le challenge de Villarroel est risqué. Pourtant en changeant d’époque et en reprenant les codes, l’auteur m’a replongé dans cette ambiance tant appréciée dans ma jeunesse et m’a donné l’envie de relire les classiques du maître. Quant au héros, Lord Cochrane, il sort, toutefois, des standards « lovecraftien » par sa flamboyance et son assurance. L’auteur propose, d’ailleurs, une bio intéressante de ce personnage bien réel, contemporain de Napoléon. Allez-y fans des Grands Anciens, vous y trouverez certainement le plaisir de la lecture.

En 1815, Napoléon vient de s’échapper de l’Île d’Elbe. Le jeune capitaine Eonet commande Fort Boyard, spécialement construit pour éviter une invasion britannique. Il est d’autant plus satisfait qu’il vient de capturer un ennemi juré de l’empereur, Lord Cochrane. Celui-ci quelques temps plutôt avait mis à mal un bonne partie de la flotte française. Pourtant, les deux adversaires vont devoir rassembler leurs forces pour lutter contre des monstres semblant sortir directement des enfers.

Enfin, ce roman offre la promesse d’une incursion intéressante dans l’univers du steampunk, est-ce que cela va se renforcer dans le prochain opus ? Allier ces deux styles de fiction est une très bonne idée qui offre des perspectives alléchantes. Le fameux bateau et les inventions de Lord Cochrane n’ont pas été suffisamment approfondis ce qui me laisse un peu sur ma faim, mais m’incite à découvrir l’épisode suivant. Donc à très bientôt Thomas Cochrane.

Début du livre « Loïc Eonet, capitaine des dragons de la Garde impériale de Napoléon Ier, terminait sa collation, composée de deux tranches de pain de campagne dur, de soupe de légumes, de restes de saucisson, d’un morceau de fromage et d’un pichet de vin rouge de Bordeaux, quand un soldat appela à la porte de la cellule de pierre où il avait installé son quartier général et l’informa que les sentinelles annonçaient l’arrivée d’un bateau. »

Extrait « - Messieurs, annonça Jacques Joseph dès qu’il vit arriver les officiers. Nous avons découvert votre créature.

- Ici ? demanda Lord Cochrane en indiquant la tablette.

L’aîné des Champollion acquiesça.

- Qu’est-ce que c’est ? s’enquit le capitaine Eonet.

- Un serviteur, répondit Champollion le Jeune.

- Un serviteur de qui ? voulut savoir Lord Cochrane.

Les frères Champollion regardèrent le commissaire Durand. Il resta figé. Ils ne lui demandaient pas son avis. Ils semblaient juste chercher les mots les plus adéquats pour s’exprimer.

- D’un dieu.

- Quel dieu ?

- Une entité plus ancienne que toutes les divinités de la création. »

Extrait « La voix avec laquelle il s’exprima n’était pas humaine. Ou elle ne semblait pas l’être, du moins, peut-être à cause de l’effort que lui coûtait chaque syllabe, ce qui faisait saigner ses cordes vocales et l’obligeait à cracher, à chaque exhalation, une bave rosâtre.

Mais chacun des hommes présents dans la pièce entendit clairement les trois mots qui sortirent de cette bouche possédée :

- Vous… mourrez… tous. »