📙 [Chronique] Complot

De Nicolas Beuglet, aux éditions Pocket, 2018

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Dans ce polar français à la sauce scandinave, les pages se tournent avec une étonnante facilité. Le lecteur court derrière une enquêtrice norvégienne aussi brillante que belle. Sarah Geringën, ne semble pas avoir de failles, grâce à ses qualités, elle a déjà résolu une affaire particulièrement ardue, et son passé de militaire d’élite la rend très efficace au combat. Pourtant, Nicolas Beuglet va mettre cette « machine de guerre » devant des situations inédites et très fortes émotionnellement, vont-elles parvenir à briser cette carapace si impressionnante ?

Sarah Geringën est appelée en urgence sur une scène de crime. La routine, pourrait-on dire sauf que c’est un hélicoptère des forces spéciales qui vient la chercher à son domicile, sauf que le lieu du crime est une petite île pratiquement inhabitée, sauf que la victime est l’actuelle Première Ministre de Norvège. Le compte à rebours est déclenché par le Ministère de l’Intérieur, Sarah a seulement quelques heures pour résoudre ce mystérieux assassinat qui ressemble, étrangement, à un rite sacrificiel, avant que l’ensemble de la presse internationale s’en empare.

Ce roman est qualifié de thriller féministe et haletant, c’est exact car le cœur s’emballe à la lecture des chapitres qui s’enchainent sans répit. Et féministe me direz-vous, dès le début, les rôles conventionnels semblent échangés entre Sarah et son compagnon, et pour le reste, vous comprendrez, en lisant ce polar de quel complot millénaire il s’agit. Pourtant, malgré une très forte documentation, des éléments historiques avérés et une très bonne idée de base, l’intrigue souffre parfois d’un manque de réalisme. A mon humble avis, les inégalités résultent moins de grands complots que de faits plus prosaïques. Quoi qu’il en soit, cette lecture reste un très bon moment.

Début du livre « Trop tard pour éviter les griffes d’une branche basse. Sarah négligea la douleur qui lui cingla la joue, prit son élan et bondit entre deux rochers en laissant échapper une sèche inspiration. Elle gagna le sommet de la butte rocailleuse en trois souffles et relança sa rapide foulée, ses cheveux noués fouettant sa nuque de plus belle. »

Extrait « Sarah parlait en scrutant les alentours, dos au mur, elle aussi sous le choc. Qu’est-ce qu’il leur arrivait ? Qui étaient ces hommes ? Combien étaient-ils ? D’autres tirs se firent entendre et puis plus rien. Un silence macabre enveloppa l’air. Même les oiseaux avaient cessé leur cri. Seule la mer se moquait du drame, poursuivant sa litanie roulante avec indifférence. Et puis des plaintes montèrent et des ordres déchirèrent le silence. »

Extrait « Comment avez-vous fait pour rester allongée là… avec tous ces serpents sur vous, pendant plusieurs heures ? demanda Ingrid, qui était venue s’asseoir à côté d’elle.

- Exactement comme vous faites pour supporter le traitement misogyne que vous inflige votre chef, Nikolaï Haug : en ravalant mon envie de régler le problème par la violence et en espérant que qu’elle viendrait m’aider. »

Extrait « Et le symbole qui a été le plus attaqué dans toutes les cultures est forcément celui qui symbolisait le plus la déesse : le serpent. L’animal révéré, symbole de la fertilité et d’immortalité, va devenir le monstre absolu, le dragon dévoreur qui n’est autre qu’un serpent volant, le terrible Léviathan serpent des mers, l’hydre à plusieurs têtes, a méduse et sa chevelure reptilienne, etc. »