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📙 [Chronique] Croisés

De Dan Jones, aux éditions Le Cherche Midi, 2019

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J’ai beaucoup apprécié la façon de Dan Jones d’appréhender le récit historique. Ce livre sur les croisades est donc un texte précis sur la période traitée mais il se lit aussi comme un roman. On s’aperçoit que « Game of Thrones » n’a rien inventé, l’Histoire est cruelle, qui sont les bons et les mauvais, les retournements de situations sont légions et des héros existent aussi. On pourrait très facilement imaginer une série Netflix tirée de l’ouvrage de cet historien. Avec ce sens aigu de la narration, l’auteur fait revivre quelques siècles de guerre entre croisés et musulmans tout en passionnant le lecteur durant 500 pages.


Tout commence en 1095 quand l’empereur de Byzance demanda l’appui des princes d’Occident pour l’aider à lutter contre la pression des musulmans. Le pape profite, alors, de cet appel pour mobiliser les Chrétiens afin de délivrer la Terre sainte de la domination musulmane. Il ne savait pas, à ce moment-là, que des milliers d’hommes et de femmes partiraient, exaltés et fanatisés, à la conquête de Jérusalem. La première croisade était lancée, brisant dans l’horreur des guerres, des générations entières.


Ce mélange du grand récit historique et de focus sur des personnages donne un récit extrêmement vivant des croisades. Les individus, connus ou non, sont donc au cœur de l’ouvrage de Dan Jones qui sait aussi ménager l’intrigue, l’intérêt et l’addictivité. Le propos est aussi nourri d’éléments géopolitiques qui resituent l’ensemble dans le sens de l’histoire. Une nouvelle façon, passionnante, de raconter l’Histoire.


Début du livre « Peu de temps avant la fête de Pâques en l’an 1188, l’archevêque de Canterbury se rendit au Pays de Galles pour effectuer une campagne de recrutement. A des milliers de kilomètres de là, la guerre avait éclaté à l’est de la Méditerranée, et l’archevêque, qui s’appelait Baudouin de Forde, avait reçu la mission d’enrôler des milliers d’hommes capables de se battre afin de rejoindre l’armée déployée sur place. »


Extrait « Personne n’aurait su dire s’ils avaient réussi grâce à l’échec politique de leurs ennemis, leurs propres exploits d’endurance ou la volonté du Tout-Puissant. Quelle que fût la raison, Jérusalem était tombée. Urbain II avait accompli sa mission. Les Francs avaient atteint la Terre sainte, et ils comptaient bien y rester. »


Extrait « Cet homme, c’était son neveu, l’émir kurde Yusuf ibn Ayyub, qui deviendrait sultan d’Egypte et de Syrie, pourfendeur des Fatimides, véritable plaie des Zengides, fléau des Francs et presque à lui seul la cible de plusieurs milliers de croisades individuelles. Son ombre s’étendrait sur toute la période et son surnom résonnerait sur plusieurs générations – plusieurs siècles, même – après la fin de ses exploits. Yusuf ibn Ayyub fut plus connu sous le nom de Salah ad-Dîn, un sobriquet qui signifiait « la rectitude de la foi », et que l’histoire et la légende contactèrent et mythifièrent en « Saladin ». »


Extrait « Ibn al-Jawsi, en plus d’insulter le physique de Frédéric, écrivit également que l’empereur était « un matérialiste pour qui la chrétienté n’était qu’un jeu ». Cette description était quelque peu injuste : Frédéric était un véritable chrétien ; il prit sa décision de s’engager dans la croisade de 1215 de bon cœur et passa la majeure partie de sa vie à persécuter les hérétiques sur ses terres et à oppresser les juifs et les musulmans ordinaires de Sicile. »

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