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📙 [Chronique] Dieu et nous seuls pouvons

De Michel Folco, aux éditions Points, 1991


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A chaque ouverture d’un livre de Michel Folco, le charme agit et me voilà parti pour le Rouergue et son passé. Michel Folco propose un grand roman d’aventures qui va nous mener du XVe siècle jusqu’au début du XXe, tout en s’appuyant sur les faits historiques. Savourant les pages de ce récit, c’est pourtant la généalogie d’une dynastie de bourreaux, ou plutôt d’exécuteurs des Hautes Œuvres, qui est au cœur du livre. Le sujet pourrait sembler austère et quelque peu repoussant, pourtant, l’auteur sait avec génie rendre les pages élégantes et le texte agréable, et pour ma part passionnant. Encore un grand plaisir de lecture.

 

Tout commence en 1683, lorsque le dénommé Justinien Pibrac est condamné aux galères avec deux de ses compagnons pour brigandage. Pourtant, il clame haut et fort son innocence mais la justice est très expéditive à cette époque et ne s’encombre pas d’une enquête approfondie. Heureusement pour lui, sa chance fut d’être au bon endroit au bon moment, la justice cherchant un bourreau pour exécuter un criminel. Comment de sacrés concours de circonstance donneront naissance à une lignée de bourreaux, issus d’un jeune aventurier ?

 

Un roman savamment construit en deux parties à quelques siècles d’écart, pourtant le lien devient tout à fait naturel et brillamment amené. Michel Folco nous porte avec son récit sur la transmission du savoir mais aussi sur les changements de mœurs et de culture. Pourtant, les préjugés persistent tout au long des décennies, une malédiction qui pèse sur les familles de bourreaux, deux chemins se tracent alors, la fuir d’une façon ou d’une autre, ou en profiter.

 

❓Avez-vous lu d’autres romans de Michel Folco ?




Début du livre « Douillettement installée dans le coin le plus confortable de la ruche, le plus tiède, la colonie de bourdons sommeillait. L’un d’eux s’éveilla et eut faim. Il progressait lourdement vers les alvéoles à miel lorsqu’il nota le nombre inaccoutumé d’ouvrières dans la ruche. A une heure aussi avancée de la matinée, elles auraient dû être partie butiner depuis longtemps. »

 

Extrait « La criminalité étant perçue comme une sorte de lèpre rongeant le royaume, les juges ne connaissaient qu’une seule prophylaxie – l’ablation des parties infectées par une condamnation à mort ou aux galères. La prison n’étant pas un châtiment en soi mais un simple lieu de détention provisoire où les prévenus attendaient leur procès, puis l’exécution de la sentence. »

 

Extrait « Justinien apprit avec accablement qu’il devrait désormais se vêtir de rouge sang de bœuf, une couleur propre à donner la migraine.

-          Même le chapeau ?

-          Même le chapeau. Maintenant, si vous le voulez bien, nous allons aborder les mesures prises à votre avantage afin d’adoucir le terrible servitude de votre fonction. Le baron vous exempte d’aide, de taille, de dîme et de gabelle. Il vous fait également grâce des corvées, de l’obligation de guet, du droit de moulin et de pressoir et de fournir le logement aux gens de guerre. Tous les péages et bacs de la baronnie vous sont ouverts. De plus, , et toujours en raison de la nature singulière de votre état, le baron vous accorde le droit de porter des armes défensives et offensives pour la sûreté de votre personne. »

 

Extrait « - Je m’étonne par exemple que l’office de bourreau vous ait rendus si riches. Car il faut être très riche pour posséder un pareil mobilier.

D’un geste circulaire, il engloba la salle et son contenu.

-          Ce sont les journalistes et les ignares qui nous qualifient de bourreaux. Souffrez d’apprendre que le terme exact est exécuteur des hautes œuvres ou des arrêts criminels, comme ils disent maintenant. Il serait bon que vous ne l’oubliez pas à l’avenir. Et particulièrement dans votre livre. »

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