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📙 [Chronique] Là où chantent les écrevisses

De Delia Owens, aux éditions Points, 2018


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Ce roman m’a beaucoup touché et je l’ai refermé non sans émotion. La dernière de couverture parle d’hymne à la nature mais j’y ai surtout trouvé une ode au courage, à la résilience et à l’intelligence. Bien-sûr la nature est omniprésente et tient un rôle majeur dans ce roman, mais elle constitue la force qui soutient Kya, l’héroïne dans l’ensemble des épreuves qu’elle traverse. Pas de manichéisme, les personnages réagissent par rapport à leur époque, ils sont bons et cruels, parfois sages mais vraiment pétris d’a priori. Delia Owens nous offre un magnifique roman qui concentre en 500 pages des passages extrêmement durs et la poésie la plus douce.

 

1969, découverte du corps d’un jeune homme mort dans le marais, accident ou meurtre. 17 ans plutôt, dans le même marais vit une famille éloignée de toute civilisation. Kya, la plus jeune des enfants, est abandonnée par sa mère, ses frères et sœurs, elle reste seule avec son père alcoolique et violent, livrée à elle-même pour subsister avec le peu d’argent que ce dernier lui laisse. Lui aussi disparaitra à son tour. Pourtant, elle va s’accrocher et survivre grâce à la bienveillance de certains, mais cela va-t-il suffire pour affronter tous les remous d’une vie ?

 

En somme, c'est un roman très émouvant et poignant qui peut laisser une empreinte forte dans l'esprit du lecteur. Mais il apporte surtout une réflexion sur la nature humaine, qui a finalement peu changé depuis les années 60 et la beauté de l'environnement qui nous entoure. Je le recommande vivement à ceux qui apprécient les récits riches en émotion et en atmosphère.

 

❓Que pouvez-vous me recommander en roman Nature Writing ?





Début du livre « Un marais n’est pas un marécage. Le marais, c’est un espace de lumière, où l’herbe pousse dans l’eau, et l’eau se déverse dans le ciel. Des ruisseaux paresseux charrient le disque du soleil jusqu’à la mer, et des échassiers s’en envolent avec une grâce inattendue – comme s’ils n’étaient pas faits pour rejoindre les airs – dans le vacarme d’un millier d’oies des neiges. »

 

Extrait « En regardant le vieux flacon, Kya essaya de se remémorer le visage de ses sœurs et s’exclama : « T’es où, Ma, maintenant ? Pourquoi tu es pas restée ? » »

 

Extrait « « - Jumping m’a dit que les services sociaux me recherchent. J’ai peur qu’ils m’attrapent dans leurs filets comme une truite, et qu’ils me placent chez des gens ou un truc du genre.

-          Alors on ferait mieux de te cacher là où on entend le chant des écrevisses. J’ai franchement pitié de la famille qui se retrouverait à t’adopter. » Tate souriait de toutes ses dents.

-          Qu’est-ce que c’est que cette histoire d’écrevisses qui chantent ? Ma aussi, elle disait ça. » Kya se rappela que sa mère l’encourageait toujours à explorer le marais : « Va aussi loin que tu peux. Tout là-bas, où on entend le chant des écrevisses. »  »

 

Extrait « Tandis qu’elle s’éloignait, elle comprit que plus personne ne verrait jamais ce banc de sable. Les éléments avaient créé ce bref sourire de sable toujours changeant et dessiné sa courbe. A la prochaine marée, les vagues en créeraient un autre, puis un autre encore, mais plus jamais celui-ci. Celui qui l’avait accueillie. Celui qui lui avait livré un secret ou deux. »

 

Extrait « Le cimetière de Barkley Cove disparaissait sous des tunnels de chênes sombres. Les voiles de mousse espagnole pendaient telles de longues draperies et créaient une sorte de sanctuaire souterrain pour les vieilles sépultures – ici les restes d’une famille, là un défunt solitaire, sans ordre établi. Des racines noueuses s’étaient emparées des pierres tombales et les avaient transformées en autant de silhouettes voûtées et torturées. Des traces de la mort métamorphosées en fragments par des signes de vie. Dans le lointain, la mer et le ciel lançaient à l’unisson un chant trop clair pour ce lieu si grave. »

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