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📙 [Chronique] L’île des âmes

De Piergiorgio Pulixi, aux éditions Gallmeister, 2021


Thriller / Roman policier


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[Coup de cœur] Très belle surprise pour ce thriller qui m’attirait depuis un certain temps dans les rayons des librairies. Dès les premières pages, on est happé par la beauté et la rudesse des terres de Sardaigne. Une île à part que connait certainement très bien l’auteur, Piergiorgio Pulixi, né à Cagliari. Parfois, le temps semble s’être arrêté dans le cœur sauvage de cette île des âmes, dans laquelle la police se heurte à l’omerta, les traditions et les superstitions. Ce roman regorge aussi de thématiques sociétales qui ancrent profondément ce texte bien au-delà du simple polar. Une vraie réussite.


Mara Rais, la Caglaritaine et Eva Croce, la milanaise, sont deux inspectrices, que leurs hiérarchies respectives ont destiné au purgatoire des « Crimes non élucidés ». Malgré leurs talents d’enquêtrices, elles se retrouvent à éplucher de vieux dossiers à cause de leur caractère. Pourtant, d’anciens meurtres sauvages de jeunes filles et la découverte d’un nouveau corps vont les remettre sur le devant de la scène. Ces assassinats qui ressemblent à des sacrifices rituels les conduisent sur les chemins les plus mystiques de la Sardaine.


L’île des âmes nous entraine aussi profondément dans les relations parents enfants, à travers des situations parfois extrêmes. Une deuxième lecture, plus intime, dans ce thriller percutant et rythmé. Chaque personnage, de premier plan, est doté de forces considérables mais aussi des faiblesses destructrices. En Sardaigne, les montagnes abritent de lourdes et étranges traditions qui brouillent les cartes et cachent les crimes les plus odieux. Félicitations à Pulixi pour ce roman addictif.


Début du livre « Le chien flaira l’odeur du sang à des centaines de mètres de distance. L’humidité de la nuit exaltait les parfums du maquis méditerranéen, créant une explosion de fragrances : myrte, ciste, arbousier, genêt, serpolet… Et pourtant, sous le mélange d’essences typiques de ces montagnes, charrié par le vent à travers un carreau brisé de la fenêtre, la bête décela un effluve âcre sans équivoque, acidulé et ferreux : du sang humain. »


Extrait « Tous les policiers en ont au moins une : une affaire non résolue qui les empêche de dormir, qui continue de les tourmenter pendant des années, qui les réveille au milieu de la nuit, tailladés par la culpabilité, en proie à des rafales de souvenirs et d’images indélébiles. Et ceux qui sont trop jeunes pour en avoir une en héritent d’un officier plus expérimentés. Comme un passage de témoin. Un pacte pour étouffer les démons du passé, apaiser les fantômes et pouvoir mourir en paix, sans regret pour tout ce qu’on aurait pu faire et qu’on a pas fait. »

Extrait « Une dernière pensée parvint à s’accrocher à son esprit avant la nuit comateuse. Une réflexion provoquée par un sentiment vertigineux d’inéluctabilité et illuminée par un dernier éclair de conscience : On ne me retrouvera jamais… Je n’ai aucune issue…

Vaincue par cette certitude déchirante, Dolores cessa de résister aux chimères de l’obscurité et s’abandonna aux marées carnivores de la nuit. »


Extrait « Bastianu demeura silencieux à admirer la beauté virginale et la sacralité de la Déesse, qui dressait un pont entre des temps ancestraux et leur présent. C’était comme si la statue émettait une vibration subtile qui faisait entrer son âme en résonance avec elle.

- Papa ? dit Micheli en le secouant.

- Tu comprendras quand tu seras à la maison, se contenta de répondre Bastianu Ladu. »

Extrait « Le policier lui tendit une vieille photo en noir et blanc. Prise dans un environnement rural, elle représentait un enfant d’à peine dix ans et un chien.

- Il s’est passé un bon bout de temps, mais c’est moi, là…Le chien s’appelait Angheleddu, un jeune bâtard intelligent et très protecteur avec moi. Le pauvre… C’est un peu difficile, parce que cette histoire-là, à part ma femme, je ne l’ai raconté à personne. J’ai gardé ce secret pour moi pendant trop longtemps, mais c’est bien que tu saches avant que la mémoire m’abandonne…

- Que je sache quoi ? demanda Eva, perplexe.

- Le genre de malédiction que je trimballe.

- Je ne comprends pas…

- Je voulais que tu saches que la nuit du 2 novembre 1961, dans la vallée d’Aratu, en Barbagia, j’ai été le témoin oculaire d’un meurtre rituel, quasi identique à ceux de 1975 et 1986… Et j’ai même vu l’assassin. »

Extrait « Ça y est, pensa-t-il dans un sursaut de lucidité.

Soudain lui revint à l’esprit un détail qu’il cherchait en vain dans sa mémoire depuis plusieurs jours. Quelque chose de tellement contre-nature que son esprit s’était refusé à le prendre en considération. Il essaya de se redresser pour s’asseoir, mais n’y parvint pas. Trop tard. L’eau était déjà complètement rouge. »

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