📙 [Chronique] L’affaire Alaska Sanders

De Joël Dicker, aux éditions Rosie Wolfe, 2022

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Des retournements de situation, des personnages ambigus, un scénario alambiqué et un peu de romance, voici un cocktail préparé avec beaucoup de science par Joël Dicker. J’ai retrouvé dès le début le plaisir de la lecture de l’affaire Harry Quebert. Pourtant, ce qui m’a gêné, et même gâché cette lecture à la fin, ce sont les 40 pages un peu ennuyeuses d’explications de texte, du pourquoi et du comment. Utiles, me direz-vous pour la compréhension mais je préfère quand le dénouement d’un roman, même le plus surprenant, se suffit à lui-même et n’a pas besoin d’une confession détaillée du coupable.

Nous sommes en 2010, Marcus Goldman remporte un grand succès littéraire avec La vérité sur l’affaire Harry Quebert. Il est très sollicité par les médias et surtout par son agent pour qu’il signe rapidement un juteux contrat d’adaptation cinématographique. Pourtant, Marcus est toujours tourmenté pas ses vieux démons : son amour de jeunesse et son ami Harry. Dans le même temps, Perry Gahalowood, le sergent de police avec qui Marcus avait résolu le meurtre de Nola Kellergan, est destinataire d’une étrange lettre anonyme. Celle-ci remet en cause les conclusions d’une enquête vieille de 11 ans, l’assassinat d’Alaska Sanders. Les deux compères vont reformer le duo pour tenter d’innocenter Éric, détenu, semble-t-il à tort.

Bien que ce livre soit très plaisant à lire, il y a une trop grande surenchère de rebondissements et de fausses pistes. Si l’on prend comme axiome de départ, cette explosion de péripétie, alors on peut apprécier le talent de l’écrivain qui est un maître dans cet art. Enfin, il est difficile de ne pas faire le parallèle entre le personnage de fiction Marcus Goldman et l’écrivain Joël Dicker. Et je suis assez dubitatif sur cette trop proche corrélation qui semble éviter, ce qui pourrait être très intéressant, un peu de noirceur dans le personnage principal.

Début du livre « La dernière personne à l’avoir vu en vie fut Lewis Jacob, le propriétaire d’une station-service située sur la route 21. Il était 19 heures 30 lorsque ce dernier s’apprêta à quitter le magasin attenant aux pompes à essence. Il emmenait sa femme dîner pour fêter son anniversaire. »

Extrait « - Perry s’est battu pour décrocher le dossier Nola Kellergan qui avait d’abord été attribué à deux autres policiers. C’était une affaire délicate, Harry Quebert était une personnalité de premier plan. Perry m’a convaincu de lui confier l’affaire. Perry et moi nous nous connaissons bien. A l’époque, j’étais son responsable au sein de la brigade criminelle avant de devenir chef de la police d’Etat. Bref, j’ai fait en sorte qu’il reprenne ce dossier et ses collègues ne lui ont jamais pardonné. »

Extrait « - Éric, reprit Patricia, quoi que tu décides, je serai à tes côtés. Je te défendrai corps et âme. Je sais que tu es innocent, j’en suis intimement convaincue. Je ne serais pas ici, à tes côtés, si je n’en étais pas persuadée. Mais une partie de moi considère qu’en plaidant coupable, tu nous donnes le temps de trouver les preuves qui t’innocenteront. J’ai bon espoir d’y arriver. Mais à quoi bon prouver ton innocence si tu as été exécuté ! Tu ne seras qu’un nom de plus pour alimenter le débat sur la peine de mort. Moi, je te veux libre. Pour ça, j’ai juste besoin d’un peu de temps. Et ce temps, il n’y a que toi qui peux me l’accorder. »