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📙 [Chronique] L’archipel des lĂ€rmes

De Camilla Grebe , aux Ă©ditions Livre de Poche, 2019


Roman policier / Thriller


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[Coup de cƓur] Longtemps restĂ© sur ma pile Ă  lire, je me suis dĂ©cidĂ© Ă  l’ouvrir, pour mon plus grand plaisir. Pourtant c’était prĂšs de 600 pages qui m’attendaient de pieds fermes, mais celles-ci se sont tournĂ©es avec une incroyable facilitĂ© malgrĂ© plusieurs temporalitĂ©s et de multiples personnages. En effet, Camilla Grebe nous attire sur prĂšs de 80 annĂ©es d’enquĂȘte Ă  la poursuite d’un mystĂ©rieux assassin, qui semble sĂ©vir en toute impunitĂ© dans un des quartiers de Stockholm.  Ce sont plusieurs femmes qui vont subir ces violences et ce sont plusieurs femmes qui vont mener les enquĂȘtes. Quel est finalement le sujet du livre, l’enquĂȘte ou la condition des femmes de la fin de la guerre Ă  nos jours.

 

Tout dĂ©bute en 1944 dans un quartier des bas-fonds de Stockholm, la police est appelĂ©e pour une bagarre. Lors de l’intervention deux policiers et Elsie, leur auxiliaire de police, tombent sur un crime particuliĂšrement odieux. Une jeune femme vient d’ĂȘtre assassinĂ©e et clouĂ©e, par les mains, au sol, sous les yeux de ses tout jeunes enfants. Mais l’intervention surprend le meurtrier, qui dans sa fuite tue Elsie. Une enquĂȘte est ouverte sans rĂ©sultat, mais le mode opĂ©ratoire de l’assassin se reproduira dans les annĂ©es 70, dans les annĂ©es 80 et en 2019.

 

Camilla Grebe transforme L’archipel des lĂ€rmes en un tĂ©moignage sur plusieurs dĂ©cennies du combat des femmes pour leur reconnaissance dans le monde du travail, en particulier dans la police. Elle y aborde les thĂšmes de la misogynie, le dĂ©nigrement des mĂšres cĂ©libataires, les violences faites aux femmes et toutes les formes de discrimination dans une intrigue qui garde sa cohĂ©rence et le sens du suspense. Le rendez-vous est notĂ© avec une nouvelle enquĂȘte d’une des autrices Ă  succĂšs du polar suĂšdois.

 

❓Etes-vous fans des polars scandinaves ?



Camilla Grebe est une romanciÚre suédoise. Titulaire d'un master en administration des affaires (MBA) de Handelshögskolan i Stockholm, une école de commerce, elle fonde la maison d'éditions Storyside, spécialisée dans le livre audio. Elle y cumule les fonctions de directrice du marketing et de directrice générale, puis dirige une société de conseil.

 

En 2009, elle Ă©crit, en collaboration avec sa sƓur Åsa TrĂ€ff (1970), psychiatre spĂ©cialisĂ©e dans les troubles neuropsychiatriques et de l'anxiĂ©tĂ©, "Ça aurait pu ĂȘtre le paradis", un roman policier qui se dĂ©roule dans le milieu des cliniques psychiatriques. Avec ce roman elles sont saluĂ©es comme les nouvelles voix du polar scandinave.

 

En 2015, elle a publié "Un cri sous la glace", son premier roman en solo. Elle enchaßnera avec "Le Journal de ma disparition", "L'Ombre de la baleine" puis "L'Archipel des larmes".

 

Elle a obtenu deux fois le Prix du meilleur roman policier suĂ©dois, remis annuellement par l’AcadĂ©mie suĂ©doise du roman policier depuis 1982 : en 2017 pour "Le Journal de ma disparition" et en 2019 pour "L'Archipel des larmes".



Début du livre « Le garçonnet, qui ne peut pas avoir plus de cinq ans, est affublé de nippes et ses cheveux sales grouillent de poux.

-          OĂč habite ta tante ? essaie encore Elsie.

Le garçon ne répond pas. Il pince les lÚvres et baisse les yeux sur ses chaussures élimées.»

 

Extrait « Ce soir-lĂ , elle rĂȘve de l’Assassin des bas-fonds – une forme tĂ©nĂ©breuse sans visage qui arrache Erik de son lit et l’emporte dans la nuit.

Elle le traque, le cƓur battant, la poitrine pleine de larmes – elle descend les rues vides, traverse les bois et longe les eaux noires du lac Tuna.

La panique est si présente, la douleur si grande. La perte si criante. Erik, se dit-elle, je dois sauver Erik.

Au loin, elle voit l’assassin entrer dans une maison. Elle aperçoit le petit pied d’Erik avant que la porte ne se referme. Puis elle hurle.

Erik ! »

                                                    

Extrait « Mais la mĂ©tĂ©o ne l’intĂ©resse pas, ni le fait qu’Owe soit parti, car elle ne pense qu’à l’Assassin des bas-fonds, l’homme qui joue au chat et Ă  la souris avec la police depuis des annĂ©es. Elle songe aux victimes, Ă  ces femmes, et Ă  tout ce qui n’est pas advenu. Aux enfants devenus orphelins, aux mĂšres qui n’ont pas vu leurs enfants grandir. Et elle songe Ă  Britt-Marie. »

 

Extrait « Une photocopie des coincée dans la reliure.

Erik saisit le clichĂ© Polaroid dĂ©colorĂ© et l’observe Ă  la lumiĂšre. Il reprĂ©sente un petit garçon devant un bac Ă  sable. Il tient Ă  la main un bĂątonnet en plastique surmontĂ© d’un anneau auquel pend une grosse bulle de savon. Erik reconnaĂźt le visage poupin qui fut jadis le sien. A l’arriĂšre-plan, on devine Britt-Marie accroupie, tournĂ©e vers le photographe, un sourire radieux aux lĂšvres et la main tendue vers son fils, figĂ©e dans le temps.

Erik ferme les yeux, serre les poings à maintes reprises, ramasse les bagues d’Elsie et de Britt-Marie, les enfile à la chaüne en or et l’attache autour de son cou.

Il sait ce qu’il a Ă  faire, parce que le poids des tĂ©nĂšbres sur ses Ă©paules menace de l’écraser. »

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