[Chronique] L’héritage fossile

Scénario : Philippe Valette / Dessin : Philippe Valette

Editions : Delcourt

Année : 2024

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J’ai reçu cette bande-dessinée dans le cadre de l’opération Masse Critique de Babelio, dès l’ouverture du colis j’ai été immédiatement séduit par l’édition elle-même, un superbe ouvrage de près de 300 pages hors du commun. Et puis, des planches qui offrent un spectacle à la hauteur du « space opera » qui va s’afficher en format cinémascope. La quatrième de couverture, est un exemple d’originalité, car sous sa forme de vieil article de journal, elle fournit le premier élément de compréhension de l’histoire. Philippe Valette nous propose une bande-dessinée de SF sans fioritures qui sonde les profondeurs de l’univers mais surtout celles de l’âme humaine.

Deux ambiances façonnent cette bande-dessinée, un vieil homme et une enfant parcourent une terre de sable balayée par le vent, à l’horizon très incertain. Ils semblent, en tous les cas, en quête de quelque chose ou de quelqu’un. Autre cadre, deux hommes et deux femmes sont embarqués dans un vaisseau spatial pour un voyage de 20 000 ans vers Geminae, la plus proche planète habitable, grâce à le technologie de la biostase. Ils ont pour mission de recréer une civilisation grâce à des lots d’embryons. Pourtant ce long trajet sera parsemé d’obstacles physiques, éthiques et moraux.

Philippe Valette nous réserve une fin incroyable et bien « intuitée » qui en dit long sur le temps qui passe et l’échelle des valeurs. Car il évoque des thèmes, désormais très présents dans notre actualité, comme la survie de notre espèce dans un environnement qui se dégrade et quel héritage laisseront nous aux futures générations.

Il faut aussi parler du dessin et de son originalité, les personnages sont superposés sur une modélisation du décor en 3D. Ce qui donne un aspect surprenant au début mais confère une atmosphère étrangement réaliste.

Un grand merci aux éditions Delcourt et à Babelio dans le cadre de l’opération Masse critique qui me font découvrir un bel ouvrage et m’oblige à sortir de mes sentiers battus. A découvrir

Extrait « - Chère Marina, as-tu fait bon voyage ?

-          Sergheï Séménov, mon ami, j’ai très bien voyagé à travers toute la Mandchourie. Les Chinois et Japonais t’aiment beaucoup…

-          Ils ne m’aiment pas… Ils m’utilisent. Ma chère… Ils m’utilisent tout simplement… Mais, présente-moi tes amis.

-          Le commandant Corto Maltese et le Major Tippit, de l’Air Force américaine.

-          Corto Maltese. Votre tête me dit quelque chose. Je dois l’avoir déjà vu quelque part.

-          Je vous assure que c’est impossible. Ma tête n’a jamais changé de place… Elle est toujours restée avec moi. »

Extrait « Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers picoté par les blés, fouler l’herbe menue ; rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma tête nue. Je ne parlerai pas, je ne penserai rien ; mais l’amour infini me montera dans l’âme, et j’irai loin, bien loin comme un bohémien, par la nature, heureux comme avec une femme.

-          A quoi penses-tu, Corto ?

-          A Arthur Rimbaud, un poète français. Et dans ces moments, je ne pense à rien d’autre. »