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📙 [Chronique] L’île des chasseurs d’oiseaux

De Peter May, aux éditions Babel, 2009


Roman policier


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[Coup de cœur] Surement une de mes meilleures lectures depuis quelques temps. J’ai été véritablement happé par ce roman policier prétexte à un grand roman noir dans lequel de nombreux thèmes s’entrechoquent pour donner un texte puissant et prenant. Le sombre se conjugue aussi avec les paysages de tourbes et la rudesse du climat du nord de l’Ecosse. Les personnages, enfin, aux caractères tourmentés, ambiguës et parfois « sauvages » renforcent la noirceur du récit. Mais il y a aussi les éclaircies, celles qui témoignent d’une terre riche et sans concessions, d’hommes et de femmes capables du pire mais aussi du meilleur. Si les deux autres tomes de la trilogie de Peter May sont de la même veine, cela augure de très bons moments de lecture.

 

L’inspecteur Fin Macleod est en arrêt maladie, il vient de perdre son fils, et son couple n’a pas l’air d’y survivre. Forcé de rentrer au travail malgré son faible état psychologique, il est envoyé sur l’île de Lewis car un meurtre vient d’y être commis sur le même mode opératoire qu’une enquête en cours Edimbourg. Mais cette île a une autre résonnance, plus personnelle pour Fin, c’est l’île de son enfance. Une île sur laquelle il a vécu des drames et ceux-ci vont resurgir au fur et à mesure de l’enquête et des rencontres avec ses anciens camarades, dix-huit ans auparavant. Petit à petit, des secrets vont se lever, l’engloutissant lui-aussi dans cette tragédie « grecque » dans laquelle les personnages sont poussés par la force des traditions.

 

En fait, il me tarde dès à présent de lire les deux autres tomes, pour retrouver cette ambiance qui donne envie de découvrir l’Ecosse. Une ambiance sombre et tourmentée comme les paysages décrits par Peter May. Et puis, il décrit ces traditions accrochées depuis des siècles aux gens qui vivent en bordure des zones surpeuplées et surconnectées. Les îliens, en général, attachés aux rituels initiatiques, aux pouvoirs de divinités aujourd’hui oubliées. Merci à l’auteur pour ce très beau voyage.

 

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Début du livre « Il était tard et la chaleur était étouffante. Fin avait du mal à se concentrer, oppressé par l’obscurité de son bureau qui le maintenait enfoncé dans son siège, comme une immense paire de mains, noires et douces. Le rond de lumière que la lampe projetait sur son bureau l’attirait tel un papillon de nuit et lui brûlait les yeux. »




 

Extrait « Fin pouvait presque entendre la mélodie des psaumes gaéliques. Un chant tribal et étrange, sans accompagnement musical, qui, pour une oreille inaccoutumée, pouvait sembler chaotique. Il en émanait pourtant quelque chose de merveilleusement émouvant. L’esprit de la terre et du paysage, de la lutte pour la vie contre la force des événements. Il y retrouvait les gens parmi lesquels il avait grandi. De braves gens pour la plupart qui, dans la manière dont ils chantaient les louanges du Seigneur, trouvaient au fond d’eux-mêmes quelque chose d’unique, exprimaient leur gratitude d’avoir trouvé un sens à leurs vies si rudes. Rien que de s’en souvenir, cela lui donnait la chair de poule. »

 

Extrait « Lorsque nous revînmes sur Lewis, l’idylle continua même si dorénavant elle était teintée d’impatience. Même si l’un comme l’autre nous aurions été heureux que l’été dure indéfiniment, nous étions impatients que le moment de partir pour Glasgow arrive. La grande aventure de la vie s’offrait à nous et, dans notre hâte de nous y lancer, nous aurions presque laissé filer notre jeunesse. »

 

Extrait « Il ne revint jamais à l’école, et resta à Glasgow pendant les premiers mois pour suivre un traitement intensif. Il est étonnant de constater à quelle vitesse le temps peut panser les plaies ouvertes. Lorsqu’il devint clair que les véritables circonstances dans lesquelles l’accident était arrivé ne seraient jamais connues, de nouveaux souvenirs remplacèrent les anciens, les plus durs, comme une peau nouvelle, et le pauvre Calum cessa progressivement d’être notre principale préoccupation. Il devint une vieille blessure qui ne fait souffrir que lorsqu’on y pense. »

 

Extrait « Je découvris de nombreuses choses sur moi. Je découvris que je n’étais pas vraiment intéressé par les arts, ou l’obtention d’un diplôme. En fait, étudier ne m’intéressait pas tout simplement pas. Quand je pense à toutes ces heures que ce pauvre M. Macinnes avait gâchées pour moi ! Tous ce temps et ces efforts gaspillés. Je découvris que j’étais ce que les Ecossais du Sud appellent un teuchter, un plouc du Nord, immédiatement identifiable à son horrible accent insulaire. Je fis un véritable effort sur moi-même pour essayer de m’en débarrasser. »


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