top of page

📙 [Chronique] La fête de l’insignifiance

De Milan Kundera, aux éditions Folio, 2013


🔥 🔥 🔥🔥

Quel plaisir de retrouver la littérature de Kundera à travers ce petit roman si riche. En effet, une attente de plus de 10 ans, de quoi désespérer. Mais, tout ce qui fait le génie de Kundera est là, présent en très peu de pages.


4 amis discourent régulièrement dans Paris, mêlant les propos sérieux, les blagues, les anecdotes ou les récits historiques. On y rencontre d’autres personnages et des situations qui sont autant d’occasions à l’auteur de développer son idée de l’insignifiance. Kundera rend les romans philosophiques ou la philosophie romanesque et c’est sa grande force narrative, celle de parler de choses graves avec la dérision.


Un joli roman mélancolique qui dénonce la bêtise des hommes mais fait surtout l’éloge d’une amitié plus forte que tout.



Début du livre « C’était le mois de juin, le soleil du matin sortait des nuages et Alain passait lentement par une rue parisienne. Il observait les jeunes filles qui, toutes, montraient leur nombril dénudé entre le pantalon ceinturé très bas et le tee-shirt coupé très court. »


Extrait « L'insignifiance, mon ami, c'est l'essence de l'existence. Elle est avec nous partout et toujours. Elle est présente même là où personne ne veut la voir : dans les horreurs, dans les luttes sanglantes, dans les pires malheurs. Cela exige souvent du courage pour la reconnaître dans des conditions aussi dramatiques et pour l'appeler par son nom. Mais il ne s'agit pas seulement de la reconnaître, il faut l'aimer l'insignifiance, il faut apprendre à l'aimer.. »

Extrait « – Se sentir ou ne pas se sentir coupable. Je pense que tout est là. La vie est une lutte de tous contre tous. C’est connu. Mais comment cette lutte se déroule-t-elle dans une société plus ou moins civilisée ? Les gens ne peuvent pas se ruer les uns sur les autres dès qu’ils s’aperçoivent. Au lieu de cela, ils essaient de jeter sur autrui l’opprobre de la culpabilité. Gagnera qui réussira à rendre l’autre coupable. Perdra qui avouera sa faute. Tu vas dans la rue, plongé dans tes pensées. Venant vers toi, une fille, comme si elle était seule au monde, sans regarder ni à gauche ni à droite, marche droit devant elle. Vous vous bousculez. Et voilà le moment de vérité. Qui va engueuler l’autre, et qui va s’excuser ? C’est une situation modèle : en réalité, chacun des deux est à la fois le bousculé et le bousculant. Et pourtant, il y en a qui se considèrent, immédiatement, spontanément, comme bousculants, donc comme coupables. Et il y en a d’autres qui se voient toujours, immédiatement, spontanément, comme bousculés, donc dans leur droit, prêts à accuser l’autre et à le faire punir. Toi, dans cette situation, tu t’excuserais ou tu accuserais ? »

Dernières publications
Tag Cloud
bottom of page