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📙 [Chronique] La promesse de l’aube

De Romain Gary, aux éditions Folio, 1960


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Livre culte s’il en est, c’est difficile d’en faire une chronique après tout ce qui a été écrit dessus. C’est le film avec Charlotte Gainsbourg et Pierre Niney qui m’a donné envie de sortir ce livre de ma PAL pour le lire. Et c’est avec beaucoup de plaisir que les pages se sont tournées avec une facilité déconcertante du fait de l’écriture magnifique de ce double détenteur du Prix Goncourt. Certains passages sont d’une telle beauté surréaliste que l’on en oublie parfois le fond. L’histoire est, en effet, forte mais elle est portée par un style qui ne peut être retranscrit par le cinéma, les images diffusant d’autres émotions. A lire, bien évidemment.

 

En Pologne, quelques années avant la seconde guerre mondiale, une jeune mère célibataire et son enfant vivent à Wilno. Le jeune Roman représente tout pour elle, elle lui prédit, ou lui impose d’être un grand homme de son temps, dans les arts ou la diplomatie, et se sacrifie pour lui offrir la meilleure éducation. Ils doivent pourtant quitter la Pologne. À 14 ans, Roman et sa mère s'installent à Nice, dans cette France qu’elle admire tant. La vie n’est pas facile et Roman découvre que sa mère se prive de tout pour lui, il se fait alors une promesse qui va décider du cours de sa vie.

 

Dans ce roman, Romain Gary rend hommage à sa mère, une mère qui lui a voué un amour inconditionnel. L’ambition qu’elle avait pour son fils a porté ce jeune garçon puis cet homme vers des mérites et une reconnaissance qui va bien au-delà de ce qu’elle aurait pu imaginer. Certains passages du roman montrent même que Romain Gary se sentait invulnérable car sa mère avait prédit qu’il vivrait de grandes et belles choses. A méditer sur la force de la persuasion. Rien que pour l’écriture, je vais me mettre en quête des Racines du ciel.

 

❓Vous êtes team Romain Gary ou team Emile Ajar  ?

 





Romain Gary, né le 21 mai 1914 à Vilna dans l'Empire russe, capitale de la Lituanie et mort le 2 décembre 1980 à Paris, est un écrivain français d'origine russe et de confession juive, de langues française et anglaise. Homme aux multiples activités, il a été successivement aviateur et résistant (fait compagnon de la Libération), romancier, diplomate, scénariste et réalisateur.

 

Écrivain français,au talent immense, il est notamment connu dans les années 1970 pour la mystification littéraire qui le conduit à signer plusieurs romans sous le nom d'emprunt d'Émile Ajar, tout en masquant son identité réelle : il est ainsi le seul auteur à avoir reçu le prix Goncourt à deux reprises, grâce à un roman écrit sous pseudonyme, et surtout son génie littéraire.





 

Début du livre « C’est fini. La plage de Big Sur est vide, et je demeure couché sur le sable, à l’endroit même où je suis tombé. La brume marine adoucit les choses ; à l’horizon, pas un mât ; sur un rocher, devant moi, des milliers d’oiseaux ; sur un autre, une famille de phoques : le père émerge inlassablement des flots, un poisson dans la gueule, luisant et dévoué. »

 

Extrait « Je n’entendais plus les rires, je ne voyais plus les regards moqueurs, j’entourais ses épaules de mon bras et je pensais à toutes les batailles que j’allais livrer pour elle, à la promesse que je m’étais faite, à l’aube de ma vie, de lui rendre justice, de donner un sens à son sacrifice et de revenir un jour à la maison, après avoir disputé victorieusement la possession du monde à ceux dont j’avais si bien appris à connaître, dès mes premiers pas, la puissance et la cruauté.  »

                                                    

Extrait « Mais elle savait bien, malgré tout, que les miracles se produisent rarement et que le ciel a d’autres chats à fouetter. Alors, avec un de ses sourires un peu coupables, elle avait fabriqué le miracle de toutes pièces et forcé un peu la main au destin – on avouera cependant que le destin est plus coupable que ma mère et qu’il a bien davantage à se faire pardonner. »

 

Extrait « Mais à mesure que l’émotion et les pensées contradictoires se bousculaient dans ma tête, il m’apparut qu’en un sens je m’efforçais de me débarrasser d’elle, de son amour envahissant, de l’accablant poids de sa tendresse. J’avais mille fois le droit de me rebeller et de lutter pour mon indépendance mais je ne savais plus très bien où finissait la légitime défense et où commençait la dureté. »

 

Extrait « Comme on voit, en dehors de notre volonté de ne pas nous reconnaître vaincus, il n’y avait, entre nous, rien de commun. Mais nous puisions dans tout ce qui nous séparait une sorte d’exaltation et une confiance plus grande encore dans le seul lien qui nous unissait. Y eût-il un assassin parmi nous que nous eussions vu la preuve du caractère sacré, exemplaire, au-dessus de toute autre considération, de notre mission, la preuve même de notre essentielle fraternité. »

 

Extrait « Il y avait une semaine que l’on m’avait administré l’extrême-onction et je reconnais que je n’aurais pas dû faire autant de difficultés. Mais j’étais mauvais joueur. Je refusais de me reconnaître vaincu. Je ne m’appartenais pas. Il me fallait tenir ma promesse, revenir à la maison couvert de gloire après cent combats victorieux, écrire Guerre et Paix, devenir ambassadeur de France, bref, permettre au talent de ma mère de se manifester. »

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