📙 [Chronique] Lavondyss

De Robert Holdstock, aux éditions Folio, 1988

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La lecture, il y a une dizaine d’années, de la Forêt des Mythimages, m’avait fortement impressionné par l’univers développé par Robert Holdstock. En Angleterre, dans une forêt ancienne nommée la Forêt de Ryhope, vivent des êtres magiques, les mythagos. J’ai donc retrouvé certains protagonistes pour un voyage mystique au cœur du temps. En effet, Robert Holdstock, se jouent des légendes et des mythes pour remonter au plus loin des mémoires humaines, chaque héro ayant son reflet jusqu’au plus profond des âges. Prose poétique ou récit philosophique, le texte est, parfois, très exigeant.

Tallis Keeton, l’héroïne, est la jeune sœur d’Harry Keeton (cf. tome 1), de sa jeunesse à son adolescence, elle développe des pouvoirs chamaniques. Pendant ses jeunes années, elle fabrique des masques qui lui permettent de « voir » au-delà des apparences et apercevoir des mythagos qui émergent du bois de Ryhope. Poussée par son désir de retrouver son frère disparu, elle entreprend une quête dans le mystérieux bois de Ryhope, mais cette traversée dans le monde des mythes va la bouleverser à jamais.

A la fin d’une lecture dense et exigeante, et d’un univers très particulier auquel il faut adhérer dès le début, le bilan est extrêmement positif. Pourtant, je ne me jetterai pas sur le tome 3 très rapidement car je préfère m’accorder quelques livres plus simples d’accès. Je tire, d’ailleurs, mon chapeau au traducteur qui a su maitriser le monde fantastique offert par l’auteur mais aussi rendre la sensibilité poétique inhérente au texte de Robert Holdstock.

Début du livre « Basse au-dessus de Barrow Hill, la lune illuminait de son éclat les champs emmitouflés de neige de la colline, donnant l’impression que la terre diffusait une lumière sourde. C’était un endroit sans vie, dépourvu de caractères frappants ; pourtant le découpage des champs possédait une parfaite netteté que soulignait l’ombre lunaire projetée par les sombres haies de chênes qui les bordaient. »

Extrait « Gaillard-Ecorné brama. Le son puissant roula sur le paysage et noya le timbre funèbre de la cloche de Shadoxhurst. La rencontre était terminée.

Le cerf disparut de l’autre côté de la crête.

Tallis ne le suivit pas. Elle resta simplement immobile un moment à la même place, et ce n’est que lorsque l’obscurité enténébra complètement le bois qu’elle retourna à la maison. »

Extrait « Ils te raconteront toutes les histoires, avait-il écrit. Des histoires, épisodes romantiques, aventures et quêtes épiques, tristes contes de chevaliers perdus, récits drolatiques de gens vivant dans les bois, elle en avait imaginé toute sa vie. Peut-être les détenait-elle toutes en fin de compte ; peut-être Masque Blanc les lui avait-il toutes racontées. Quelque chose lui disait cependant que non. Il en existait d’autres, fragments ou contes entiers liés au plus ancien de tous, à la vision épique qui lui emplissait la tête, ce lieu encerclé d’une gorge profonde, avec ses créatures impossibles, ses arbres gigantesques et son château édifié dans une pierre qui n’était pas de la pierre... »