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📙 [Chronique] Le Chardonneret

De Donna Tartt, aux éditions Pocket, 2018


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Il est indéniable que Le Chardonneret est un très bon roman. Donna Tartt  y développe un style narratif très prenant et addictif. L’autrice a le talent de transporter le lecteur que je suis dans un récit riche en détails et en émotions, qui incite à réfléchir sur la nature humaine et sur les choix qui façonnent nos vies. Elle nous parle de perte et de deuil, d’art, d’amitié, de la famille,  de trahison, de culpabilité et de rédemption. Cependant, même si l’écriture est dense et profonde, la longueur du texte (1100 pages) et le rythme parfois lent ont entrainé un certain soulagement au point final.

 

Theo a 13 ans, sa mère l’accompagne au collège. Ils sont en avance sur leur rendez-vous, et elle lui propose de patienter au cœur des œuvres d’art du Metropolitan Museum of Art de New-York. Malheureusement, ses jeunes années d’insouciance se terminent dans la violence d’une explosion qui emporte sa mère. Il sort indemne des décombres du musée avec la bague d’un vieux monsieur et un tableau d’un maître de l’art flamand, le chardonneret de Fabritius. Balloté par la vie et les événements, ce tableau va décider de son destin.

 

Dans le Chardonneret, on retrouve toutes les qualités de narratrice de Donna Tartt, qui m’avaient enthousiasmé dans Le Maître des illusions, les personnages et leurs comportements sont minutieusement détaillés, ce qui signifie forcement qu’il y a des parts de lumière et d’ombre dans chacun d’eux. Le récit s’écoule comme une tragédie grecque, sauf que l’autrice l’écrit au XXIème siècle. Le destin du héros Théo n’est plus soumis au bon vouloir des dieux, mais il est le résultat des traumatismes de son enfance. Un roman puissant mais en-dessous du Maître des illusions.

 

❓Avez-vous lu le Maître des Illusions ?





Donna Tartt s’inspire de la mort de Carel Fabritius. Ce peintre néerlandais est né en février 1622 à Middenbeemster, et mort à Delft le 12 octobre 1654.

 

Le 12 octobre 1654, Fabritius, sa belle-mère et le sacristain de l’Oude Kerk, dont il était occupé à réaliser le portrait, sont blessés à la suite de l’explosion de la poudrière de Delft. Fabritius, transporté à l’hospice, succombe à ses blessures quelques heures plus tard. On suppose que, lors de l’explosion, un incendie s’est déclaré qui provoqua la destruction de toutes les peintures qui se trouvaient dans son atelier, ce qui expliquerait pourquoi si peu d’œuvres de l’artiste sont arrivées jusqu’à nous.

 



Début du livre « J’étais encore à Amsterdam lorsque j’ai rêvé de ma mère pour la première fois depuis des années. »

 

Extrait « Mrs Barbour était d’une grande famille au vieux nom hollandais, si calme, si blonde et monocorde que parfois elle sentait en partie vidée de son sang. C’était un chef-d’œuvre de self-control ; rien de l’agitait ou la contrariait jamais, et elle avait beau ne pas être belle, son calme avait le magnétisme de la beauté, une immobilité si puissante que les molécules se réalignaient autour d’elle quand elle entrait dans une pièce. »

 

Extrait « Il s’agissait d’un long article ennuyeux, situé vers la fin de ces pages-là, qui traitait de l’industrie et de l’assurance et des difficultés financières liées au fait de monter de grandes expositions au sein d’une économie chaotique, et surtout de la difficulté d’assurer les œuvrer d’art itinérantes. Mais ce qui avait attiré mon attention c’était la légende sous la photo : Le Chardonneret, chef-d’œuvre de Carel Fabritius, 1634. Détruit. »

 

Extrait « Parfois je e réveillais en hurlant au beau milieu de la nuit. Le pire, dans l’explosion, c’était que je la portait dans mon corps – la chaleur et la secousse dans mes os, ainsi que le fracas. Dans mes rêves, il y avait toujours une sortie lumineuse et une autre plongée dans l’obscurité. Je devais emprunter le chemin obscur parce que le côté lumineux était brûlant et lançait des étincelles enflammées. Mais ce chemin-là était celui où se trouvaient les corps. »

 

Extrait « - Je… Au son de sa voix, à la fois intime et formel, une terrible tristesse s’est emparée de moi, et quand nous nous sommes regardés il m’a semblé que ce moment clair comme de l’eau de roche, la complexité tranquille de cet après-midi de printemps pluvieux, avec une chaise au bois sombre dans le couloir et sa main légère comme l’air sur ma nuque, redéfinissaient tout le passé en faisant le point. »

 

Extrait « Exactitude obsessionnelle. Qualité mortifère. Il y a une très bonne raison à leur appellation de natures mortes, non ? Mais le Fabritius… (pas en arrière, le genou souple) je reconnais la théorie du Chardonneret, elle m’est familière, les gens disent que c’est un trompe-l’œil et effectivement, de loin, il peut donner cette impression-là. Mais je me fiche de ce que disent les historiens d’art. C’est vrai, il a des endroits travaillés comme un trompe-l’œil… le mur et le perchoir, une lueur sur le cuivre, et puis… la poitrine avec ses plumes, très animale. Du duvet et encore du duvet. »

 

Extrait « Première règle des restaurations : ne jamais faire ce que l’on ne peut défaire. »

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