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📙 [Chronique] Le diable, tout le temps

De Donald Ray Pollock, aux éditions Livre de Poche, 2011


Thriller / Roman noir


🔥 🔥 🔥🔥 🔥


[Coup de cœur] On ne va aller par 4 chemins, le texte est particulièrement percutant, le style rend la violence des faits et l’histoire vous laisse sans voix. Pollock déroule un roman simple dans lequel des vies se croisent et se percutent souvent dans un choc monstrueux, fait de sang, de haine et d’amour. Les personnages sont poussés dans leurs derniers retranchements et une force intérieure les poussent à agir contre leur raison. Cette conscience qui nous retient si souvent les a lâchés, pensant que le mal qu’ils font est leur élixir de survie. Ce roman est à découvrir absolument.


Au tout début, le soldat Willard Russel revient de la guerre du Pacifique, traumatisé par des horreurs commises par les Japonais. Il tombe très vite amoureux d’une jeune femme qui va lui donner un fils Arvin Eugene. Entraîné par son père dans une folie furieuse, ils vont tout faire, jusqu’à l’absurde, pour sauver la femme de leurs vies, gravement malade.

Parallèlement, Roy un prédicateur et son cousin Theodore en fauteuil roulant, errent de ville en ville à la limite de l’escroquerie.

Enfin, Carl et Sandy, sillonnent les routes en quête de malchanceux auto-stoppeurs prêts à céder aux charmes de la jeune femme.

A découvrir, la ligne noire entre ces histoires sordides.


Pollock ne vole pas les prix qu’il a raflés avec ce roman puissant et marquant. Pas d’explication sur les faits les plus monstrueux, seulement une suite d’événement qui s’enchainement souvent sans que les protagonistes y puissent quelque chose, comme s’il leur volonté était guidée par une force intrinsèque qui se déchaine. La plume de Pollock est juste et sans ambiguïté dans la description de ce qui peut être le mal sans machiavélisme.


❓Noir, c’est noir, il n’y a plus d’espoir, un roman vous vient à l’esprit ?


Début du livre « En un triste matin de la fin d’un mois d’octobre pluvieux, Arvin Eugene Russel se hâtait derrière son père, Willard, le long d’une pâture dominant un long val rocailleux du nom de Knockemstiff, dans le sud de l’Ohio.. »


Extrait « Bodecker se pinça les narines, essaya de respirer par la bouche. « Alors d’où vient cette puanteur ?

- C’est eux, là-haut », dit Arvin en montrant les arbres.

Bodecker leva sa torche. Des animaux à divers stades de décomposition étaient suspendus autour d’eux, certains dans les branches, d’autres sur des grandes croix de bois. Un chien mort au collier en cuir était cloué très haut sur l’une des croix, comme une hideuse image christique. La tête d’un cerf était posée au pied d’une autre. « Nom de Dieu, mon garçon », dit-il en retournant la torche sur Arvin à l’instant où un asticot blanc en train de se tortiller tombait sur une épaule du garçon. »

Extrait « Il était incapable de leur dire qu’il était en train de mourir. Les poumons noircis contre lesquels il luttait depuis des années avaient fini par l’emporter. Selon le docteur, dans les prochaines semaines, les prochains mois, il allait retrouver son Créateur. Honnêtement, il ne pouvait pas dire que ça lui tardait, mais il savait qu’il avait eu une vie meilleure que celle de la plupart des gens. Après tout, n’avait-il pas survécu quarante-deux ans à ces pauvres diables ? morts dans l’effondrement de la mine qui lui avait montré sa voie. Oui, il avait eu de la chance. Il essuya une larme et enfonça le mouchoir ensanglanté dans la poche de son pantalon. « Eh bien, inutile de vous retenir plus longtemps. J’ai terminé. » »

Extrait « Teagardin commença à pleurer, de vraies larmes lui coulant sur le visage pour la première fois depuis qu’il était petit garçon. « Laisse-moi d’abord faire ma prière », sanglota-t-il. Il commença à joindre les mains.

« Je l’ai déjà faite pour vous, dit Arvin. J’ai fait une de ces demandes spéciales que font toujours les enfoirés comme vous. Je Lui ai demandé de vous envoyer tout droit en enfer. » »

Extrait « « Tu n’as pris qu’une chemise ? » lui demanda Sandy. Ça faisait six jours qu’ils étaient sur la route, et ils avaient travaillé avec deux modèles, le gosse avec tous ses cheveux et un homme avec un harmonica, qui pensait aller à Nashville pour devenir une star de la country. Du moins jusqu’à ce qu’ils l’eurent entendu massacrer Ring of Fire de Johnny Cash, qui, cet été-là, se trouvait être la chanson préférée de Carl.

« Ouais, dit Carl.

- O.K., alors il va falloir qu’on fasse un peu de lessive.

- Pourquoi ?

- Parce que tu pues, voilà pourquoi. » »

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