đ [Chronique] Les fables de lâHumpur
De Pierre Bordage, aux Ă©ditions J'ai Lu, 1999
Science-fiction / Fantasy
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Pierre Bordage nous entraine cette fois dans une quĂȘte initiatique. Celle dâun ĂȘtre dont le destin Ă©tait dĂ©jĂ tout tracĂ© et qui part dans une aventure folle. Il traversera des contrĂ©es quâaucun autre membre de sa communautĂ© nâaurait osĂ© imaginer, il y trouvera lâamour et il va se dĂ©couvrir lui-mĂȘme, en tant quâindividu. Cette quĂȘte est aussi un conte post apocalyptique dans lequel les hĂ©ros apprennent la tolĂ©rance, lâabnĂ©gation et la beautĂ© des diffĂ©rences. Un chemin mystique est tracĂ© pour le hĂ©ros, qui veut rencontrer les dieux qui rĂ©gissent son monde, et leur demander pourquoi la justice y est absente.
VĂ©hir est un ĂȘtre mi-homme mi-cochon, il vit dans une communautĂ© ancrĂ©e dans ses traditions sĂ©culaires. Pourtant VĂ©hir ne se sent pas en communion avec les autres membres. Il est amoureux de la jeune TroĂŻa, il semble que cette attirance soit rĂ©ciproque, pourtant lors de la cĂ©rĂ©monie rituelle de reproduction Ă laquelle les femelles en Ăąge dâenfanter sont soumises, elle ne repousse pas un des mĂąles les plus puissants du village. En dĂ©sespoir, VĂ©hir sâĂ©chappe de lâenclos de fĂ©conditĂ© en quĂȘte des dieux humains qui semblent rĂ©gir le monde.
Lire Bordage sâest aussi ĂȘtre conquis par son pouvoir de narration. Une fable que lâon pourrait trouver, au premier abord simpliste, se transforme petit Ă petit en un conte philosophique. MĂȘme si lâon peut imaginer la fin de la quĂȘte qui se dessine au fur et Ă mesure des pages, il en reste un style trĂšs addictif et de vĂ©ritables interrogations sur notre sociĂ©tĂ©. Il est certain que je vais dĂšs Ă prĂ©sent me mettre moi aussi en quĂȘte⊠mais dâun autre roman de Bordage
âUn autre livre de Bordage Ă me conseiller ?
Début du livre « « Grrroooooo⊠»
La brise du crĂ©puscule colporta de val en val le cri du veilleur. VidĂ©s de leur Ă©nergie, les moissonneurs suspendirent leurs gestes et restĂšrent immobiles le temps dâun passage dâoies sauvages. »
Extrait « Il avait apprĂ©ciĂ© de sentir la caresse de lâair sur sa couenne. MĂȘme si ses vĂȘtements ressemblaient dĂ©sormais Ă des hardes, il les avait Ă©talĂ©s avec soin sur les bottes de paille entassĂ©es dans un coin de la remise. Il avait posĂ© la dague contre son flanc et tirĂ© la couverture sur lui. Il avait perçu, provenant de lâautre piĂšce, des couinements, des soupirs et des frottements qui lui avaient rappelĂ© les saillies des troĂŻas et des vaĂŻrats dans lâenclos de fĂ©conditĂ© de Manac. Une flambĂ©e de dĂ©sir avait hĂ©rissĂ© ses soies et tendu son vit. »
Extrait « Le miaule au poil jaune, parvenu Ă son tour Ă lâembarcadĂšre, voulut emprunter le mĂȘme chemin que le grogne, mais, au moment oĂč il sautait, un coup de vent poussa brusquement le radeau vers le large, et il sâaffala dans la riviĂšre en soulevant une somptueuse gerbe dâeau. FĂąchĂ© avec lâĂ©lĂ©ment liquide comme toux ceux de son clan, il se hĂąta de regagner le bord en agitant frĂ©nĂ©tiquement les bras et les jambes. Les membres de lâĂ©quipage et les passagers Ă©clatĂšrent de rire. »
Extrait « Quand on songe Ă lâĂąge et Ă lâimmensitĂ© de lâunivers... Ătre plus grands que lâespace et le temps, tel fut notre orgueil, telle fut notre perte. Nous voulions dominer la crĂ©ation, mais la crĂ©ation est indomptable, la crĂ©ation est rĂ©gie par des cycles et des lois qui nous dĂ©passent, qui se ferment Ă notre comprĂ©hension. Nous pensions ĂȘtre ses maĂźtres, nous ne sommes que ses enfants⊠» »
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