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📙 [Chronique] Mona Lisa disjoncte

De William Gibson, aux éditions Au Diable Vauvert, 2023


Cyberpunk / Science-Fiction


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Dernier tome de la trilogie cyberpunk culte de William Gibson. « Mona Lisa disjoncte » conclut de façon magistrale ce texte précurseur qui nous conduit dans les méandres du cyberespace, de la matrice informatique qui s’est tissée autour des données, des méga corporations et des humains. Pourtant, William Gibson en fait surtout un thriller dans lequel les IA surpuissantes on leur propre volonté. L’auteur n’abuse pas des voyages dans le cyberespace mais il introduit des concepts novateurs pour l’époque (années 80) qui démontrent une vision incroyable de notre présent et de notre possible futur.

 

Quatre femmes se retrouvent mêlées à un complot complexe impliquant des intelligences artificielles, des entreprises puissantes, et une entité supérieure et mystérieuse dans la matrice. Kumiko, est une jeune fille japonaise fille d’un maître yakusa envoyée en Angleterre pour sa protection, Angie Mitchell, est une star des simulateurs et idolâtrée, Mona est une jeune prostituée droguée qui ressemble étrangement à la star Angie, enfin Sally est une ancienne et redoutable mercenaire. Leurs destins bien qu’éloignés au départ, vont se rejoindre au long des chapitres.

 

William Gibson continue d'explorer les thèmes du cyberespace, de l'intelligence artificielle, de la manipulation des corps et des identités, ainsi que les dynamiques de pouvoir dans un monde dominé par les méga entreprises. Comme dans les autres romans de la trilogie, il met en scène des personnages plongés dans un monde où la frontière entre la réalité et le virtuel est floue. Ainsi se pose une question existentielle pourra-t-on vivre, après sa mort physique, dans la matrice et exercer un pouvoir sur les êtres humains.

 

Ce roman, tout comme les deux précédents, a contribué à définir l'esthétique et les thèmes du cyberpunk. Il aborde des questions qui sont devenues de plus en plus pertinentes dans le monde moderne, comme l'impact de la technologie sur l'identité, la réalité virtuelle, et les inégalités sociales exacerbées par le capitalisme. Une trilogie exceptionnelle  tant dans le style narratif que les thèmes sociaux et éthiques.

 

❓De quel type de science-fiction êtes-vous fan ?





Début du livre « Un secrétaire vêtu de noir était venu lui apporter le fantôme, cadeau d’adieu de son père, dans une salle d’embarquement de Narita.

Pendant les deux premières heures de vol vers Londres, il resta dans son sac à main, oublié, rectangle lisse et sombre avec l’omniprésent logo Maas-Neotek gravé sur un côté et l’autre face joliment incurvée pour correspondre à la paume de l’utilisateur. »

 

Extrait « Elle déplia le bandeau élastique et posa les trodes sur ses tempes – un des gestes les plus fréquents dans le monde, mais qu’elle n’effectuait que rarement. Elle appuya sur le bouton de test de la batterie de l’Ono-Sendai. Le vert lui indiqua qu’elle pouvait y aller. Elle pressa l’interrupteur de l’alimentation et la chambre disparut derrière un mur incolore de parasites sensoriels. Un torrent de bruit blanc déferla sur son cerveau.

Ses doigts trouvèrent un autre bouton au hasard et elle se retrouva catapultée à travers le mur de parasites, dans une immensité encombrée, le vide conceptuel du cyberespace, la grille brillante de la matrice déployée autour d’elle comme une cage infinie. »

 

Extrait « Il n’aurait jamais dû donner le sac de drogues de Kid Afrika à Gentry. Il ne savait ce que contenait le patch qu’il avait pris ; il ne savait même pas ce qu’il avait bien pu consommer avant ça. En tout cas, Gentry avait pété un câble et ils se retrouvaient donc là, sur cette putain de passerelle, vingt mètres au-dessus du sol de béton de la Factory, et la frustration donnait à Slick envie de pleurer, de hurler ; il rêvait de casse quelque chose, n’importe quoi, mais il ne pouvait pas lâcher le lit. »

 

Extrait « Gomi.

Trente-cinq pour cent du Japon était construit sur du gomi, sur des étendues plates volées à la baie par un siècle d’amas d’ordures systématique. Le gomi, là-bas, était une ressource à gérer, qu’il fallait rassembler, trier puis soigneusement recouvrir. »

 

Extrait « Qu’aimeriez-vous savoir, Angie ?

- Le Jour Où Tout A Changé…

- Ce mythe se retrouve sous deux formes. Selon la première, la matrice du cyberespace serait habitée, ou peut-être visitée, par des entités dont les caractéristiques correspondent aux mythes primitifs d’un « peuple caché ». La deuxième postule une omniscience et une incompréhensibilité de la part de la matrice elle-même.

- La matrice serait donc Dieu ?

- D’une certaine façon, même s’il serait plus juste, en matière de mythe, de dire que la matière possède un Dieu, puisque l’omniscience et l’omnipotence de cet être sont censées se limiter à la matrice. »

 

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