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📙 [Chronique] Mona Lisa disjoncte

  • jmgruissan
  • 20 oct. 2024
  • 3 min de lecture

De William Gibson, aux éditions Au Diable Vauvert, 2023


Cyberpunk / Science-Fiction


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Dernier tome de la trilogie cyberpunk culte de William Gibson. « Mona Lisa disjoncte » conclut de façon magistrale ce texte prĂ©curseur qui nous conduit dans les mĂ©andres du cyberespace, de la matrice informatique qui s’est tissĂ©e autour des donnĂ©es, des mĂ©ga corporations et des humains. Pourtant, William Gibson en fait surtout un thriller dans lequel les IA surpuissantes on leur propre volontĂ©. L’auteur n’abuse pas des voyages dans le cyberespace mais il introduit des concepts novateurs pour l’époque (annĂ©es 80) qui dĂ©montrent une vision incroyable de notre prĂ©sent et de notre possible futur.

 

Quatre femmes se retrouvent mĂȘlĂ©es Ă  un complot complexe impliquant des intelligences artificielles, des entreprises puissantes, et une entitĂ© supĂ©rieure et mystĂ©rieuse dans la matrice. Kumiko, est une jeune fille japonaise fille d’un maĂźtre yakusa envoyĂ©e en Angleterre pour sa protection, Angie Mitchell, est une star des simulateurs et idolĂątrĂ©e, Mona est une jeune prostituĂ©e droguĂ©e qui ressemble Ă©trangement Ă  la star Angie, enfin Sally est une ancienne et redoutable mercenaire. Leurs destins bien qu’éloignĂ©s au dĂ©part, vont se rejoindre au long des chapitres.

 

William Gibson continue d'explorer les thĂšmes du cyberespace, de l'intelligence artificielle, de la manipulation des corps et des identitĂ©s, ainsi que les dynamiques de pouvoir dans un monde dominĂ© par les mĂ©ga entreprises. Comme dans les autres romans de la trilogie, il met en scĂšne des personnages plongĂ©s dans un monde oĂč la frontiĂšre entre la rĂ©alitĂ© et le virtuel est floue. Ainsi se pose une question existentielle pourra-t-on vivre, aprĂšs sa mort physique, dans la matrice et exercer un pouvoir sur les ĂȘtres humains.

 

Ce roman, tout comme les deux précédents, a contribué à définir l'esthétique et les thÚmes du cyberpunk. Il aborde des questions qui sont devenues de plus en plus pertinentes dans le monde moderne, comme l'impact de la technologie sur l'identité, la réalité virtuelle, et les inégalités sociales exacerbées par le capitalisme. Une trilogie exceptionnelle  tant dans le style narratif que les thÚmes sociaux et éthiques.

 

❓De quel type de science-fiction ĂȘtes-vous fan ?





DĂ©but du livre « Un secrĂ©taire vĂȘtu de noir Ă©tait venu lui apporter le fantĂŽme, cadeau d’adieu de son pĂšre, dans une salle d’embarquement de Narita.

Pendant les deux premiĂšres heures de vol vers Londres, il resta dans son sac Ă  main, oubliĂ©, rectangle lisse et sombre avec l’omniprĂ©sent logo Maas-Neotek gravĂ© sur un cĂŽtĂ© et l’autre face joliment incurvĂ©e pour correspondre Ă  la paume de l’utilisateur. »

 

Extrait « Elle dĂ©plia le bandeau Ă©lastique et posa les trodes sur ses tempes – un des gestes les plus frĂ©quents dans le monde, mais qu’elle n’effectuait que rarement. Elle appuya sur le bouton de test de la batterie de l’Ono-Sendai. Le vert lui indiqua qu’elle pouvait y aller. Elle pressa l’interrupteur de l’alimentation et la chambre disparut derriĂšre un mur incolore de parasites sensoriels. Un torrent de bruit blanc dĂ©ferla sur son cerveau.

Ses doigts trouvĂšrent un autre bouton au hasard et elle se retrouva catapultĂ©e Ă  travers le mur de parasites, dans une immensitĂ© encombrĂ©e, le vide conceptuel du cyberespace, la grille brillante de la matrice dĂ©ployĂ©e autour d’elle comme une cage infinie. »

 

Extrait « Il n’aurait jamais dĂ» donner le sac de drogues de Kid Afrika Ă  Gentry. Il ne savait ce que contenait le patch qu’il avait pris ; il ne savait mĂȘme pas ce qu’il avait bien pu consommer avant ça. En tout cas, Gentry avait pĂ©tĂ© un cĂąble et ils se retrouvaient donc lĂ , sur cette putain de passerelle, vingt mĂštres au-dessus du sol de bĂ©ton de la Factory, et la frustration donnait Ă  Slick envie de pleurer, de hurler ; il rĂȘvait de casse quelque chose, n’importe quoi, mais il ne pouvait pas lĂącher le lit. »

 

Extrait « Gomi.

Trente-cinq pour cent du Japon Ă©tait construit sur du gomi, sur des Ă©tendues plates volĂ©es Ă  la baie par un siĂšcle d’amas d’ordures systĂ©matique. Le gomi, lĂ -bas, Ă©tait une ressource Ă  gĂ©rer, qu’il fallait rassembler, trier puis soigneusement recouvrir. »

 

Extrait « Qu’aimeriez-vous savoir, Angie ?

- Le Jour OĂč Tout A Changé 

- Ce mythe se retrouve sous deux formes. Selon la premiĂšre, la matrice du cyberespace serait habitĂ©e, ou peut-ĂȘtre visitĂ©e, par des entitĂ©s dont les caractĂ©ristiques correspondent aux mythes primitifs d’un « peuple caché ». La deuxiĂšme postule une omniscience et une incomprĂ©hensibilitĂ© de la part de la matrice elle-mĂȘme.

- La matrice serait donc Dieu ?

- D’une certaine façon, mĂȘme s’il serait plus juste, en matiĂšre de mythe, de dire que la matiĂšre possĂšde un Dieu, puisque l’omniscience et l’omnipotence de cet ĂȘtre sont censĂ©es se limiter Ă  la matrice. »

 

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