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📙 [Chronique] Neuromancien

De William Gibson, aux éditions Au Diable Vauvert, 1984

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Relecture de ce monument de SF, 1er classique du cyberpunk. Dans une nouvelle traduction, toujours plus de plaisir et même un coup de cœur. Ecrit au début des années 80, malgré certains décalages avec nos réalités technologiques actuelles, d’une grande puissance dans l’appréhension de l’immersion dans le cyber espace. Au-delà d’un bon roman de SF, William Gibson aborde de nouveaux terrains comme la connexion physique des humains aux entités informatiques, les insertions de matériels technologiques au corps, les intelligences artificielles et leur maîtrise. En tant que défricheur de ce nouvel univers il en devient un des maîtres.


Case est un des meilleurs, il traverse le cyberespace, il sait déjouer les pièges et les virus et s’emparer des données à revendre au plus offrant. Malheureusement, il a commis une faute ou a été vendu, mais peu importe, il subit le châtiment ultime, une opération irréversible du cerveau l’empêchant de se rebrancher au réseau. Pourtant, une mystérieuse organisation lui propose de retrouver toutes ses facultés de cowboy, en échange d’une mission, le plus dangereux et le plus exaltant des objectifs, affronter une Intelligence Artificielle. Jusque-là, tous ceux qui ont essayé sont morts.


Neuromancien de William Gibson est le roman culte, iconique du cyberpunk. Dès 1984, l'auteur a le pressentiment qu’internet va être la révolution dans le domaine des technologies. Il fait véritablement œuvre d'anticipation, en imaginant un futur où la technologie, les réseaux, les connexions, vont envahir irrémédiablement l’environnement humain ; un univers froid où l’informatique révèle son pouvoir de contrôle, renforçant celui des autorités, où elle sacre son omniprésence en venant s’inscrire au cœur des organismes humains, au moyen de tout un arsenal de gadgets électroniques.


Cyberpunk, association des mots cybernétique et punk, est un genre de la science-fiction très apparenté à la dystopie et à la hard science-fiction. Il met souvent en scène un futur proche, avec une société technologiquement avancée (notamment pour les technologies de l'information et la cybernétique).


Selon Bruce Sterling, « le courant cyberpunk provient d'un univers où le dingue d'informatique et le rocker se rejoignent, d'un bouillon de culture où les tortillements des chaînes génétiques s'imbriquent. »


Les mondes cyberpunks sont empreints de violence et de pessimisme ; ils sont souvent lugubres, parfois ironiquement grinçants ; les personnages sont des antihéros désabusés, cyniques et cupides.


Le cyberpunk a depuis essaimé ses thématiques dans de nombreux médias, notamment dans la bande dessinée, le cinéma, la musique, les jeux vidéo et les jeux de rôle.


Début du livre « Le ciel au-dessus du port avait la couleur d’une télévision allumée sur une chaîne défunte.

Case se frayait un chemin à travers la foule devant l’entrée du Chat lorsqu’il entendit quelqu’un expliquer : « Je suis pas accro. C’est juste mon corps qui souffre d’une grosse carence en drogue. »


Extrait « Le cyberespace. Une hallucination consensuelle ressentie au quotidien, dans le monde, par des milliards de techniciens autorisés, par des enfants y découvrant des concepts mathématiques… Une représentation graphique des données extraites des mémoires de tous les ordinateurs du système humain. Une impensable complexité. Des traits lumineux alignés dans le non espace de l’esprit, des amas et des constellations d’informations. Tels les éclairages d’une ville qui s’éloignent… »


Extrait « La Villa Straylight, dit, d’une voix musicale, un objet en pierres précieuses posé sur le piédestal, est une structure qui s’est développée sur elle-même, une folie gothique. Chaque espace de Straylight est, d’une certaine manière, secret, dans une série infime de salles reliées par des passages, des escaliers voûtés comme des intestins, où l’œil est bloqué dans des courbes étroites et se perd sur des écrans décorés, des alcôves vides… »


Extrait « Dans le monde de Case, le pouvoir était réservé aux entreprises. Les zaibatsus, les multinationales qui avaient modifié le cours de l’histoire humaine, avaient transcendé les anciennes barrières. Considérés comme des organismes, ils avaient atteint une sorte d’immortalité. On ne pouvait pas tuer un zaibatsu en assassinant un dizaine de ses dirigeants ; d’autres étaient prêts à prendre le relais grâce aux vastes banques de mémoire des entreprises. »


Extrait « - Neuromancien, dit le garçon en plissant ses longs yeux gris face au soleil levant. Le chemin vers le royaume des morts. Où tu te trouves, mon ami. Marie-France, ma dame, a préparé cette route, mais son seigneur l’a étranglée avant qu’elle ne puisse lire le livre de sa vie. Neuro qui vient des nerfs, des sentiers argentés. Romancier. Nécromancien. J’invoque les morts. »

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