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📙 [Chronique] NymphĂ©as noirs

De Michel Bussi, aux Ă©ditions Pocket, 2010

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Je me suis laissĂ© embarquer par le rythme trĂšs particulier de ce roman policier. Assez lent, dans les impressions, presque « impressionniste » pourrait-on dire, dans le style de narration de Michel Bussi. Pratiquement un huis-clos Ă  Giverny, dans ce village de Claude Monet, oĂč la mort frappe de façon violente, et le lecteur, que je suis, est franchement perdu. Bussi nous balade, nous perd, nous intrigue et c’est le jeu me direz-vous. Pourtant, sans dĂ©voiler la clĂ© de l’intrigue, je peux affirmer qu’il y a une importante manipulation. La manipulation est dans l’ordre des choses pour un polar mais dans ce cas-lĂ , cela frise la supercherie. On en rit Ă  la fin.


Le corps d’un homme assassinĂ© est retrouvĂ© dans le lit d’une petite riviĂšre Ă  Giverny. L’enquĂȘte s’avĂšre d’entrĂ©e compliquĂ©e et les inspecteurs creusent l’ensemble des pistes, mais elles mĂšnent Ă  des impasses. Pourtant, tout semble tourner autour du peintre Claude Monet qui a habitĂ© dans ce village et l’a modelĂ© Ă  son envie, avec entre-autres un lac aux nymphĂ©as. ParallĂšlement, l’inspecteur principal chargĂ© de l’enquĂȘte et la belle institutrice de la petite Ă©cole se dĂ©couvrent une attirance mutuelle, pour le coup les recherches seront-elles objectives ?


Je ne retiens que l’ambiance car Michel Bussi fait preuve d’un grand talent de narration. On est trĂšs vite portĂ© par un temps qui s’écoule au rythme d’un village de province. Un village envahi, rĂ©guliĂšrement, par les touristes et je sais de quoi je parle. On est baladĂ© au sens propre et au sens figurĂ© par un Ă©crivain de talent qui a surement pris beaucoup de plaisir Ă  Ă©crire ce tour de passe-passe littĂ©raire. FĂ©licitations, mais il ne faut pas le faire deux fois.


L’impressionnisme serait nĂ© en 1873 grĂące Ă  Claude Monet, auteur d’Impression, soleil levant, l’Ɠuvre manifeste de cette esthĂ©tique de la rapiditĂ© et du flou. L’historien de l’art Richard Brettell a cependant soulignĂ© la polymorphie de l’impressionnisme : certaines Ɠuvres sont certes des impressions, comme la toile de Monet (une peinture rapide, performative), mais la plupart des artistes (Renoir, Degas, Caillebotte, Pissarro, Morisot
) et des toiles attachĂ©es Ă  ce mouvement se caractĂ©risent plutĂŽt par leur goĂ»t pour des sujets rĂ©alistes ou de plein-air, empruntĂ©s Ă  la vie moderne (comme la foule).

« Un matin, l’un de nous manquant de noir, se servit de bleu : l’impressionnisme Ă©tait nĂ©. » Auguste Renoir



L’impressionnisme est Ă  la fois une esthĂ©tique et un mouvement. Sur le plan esthĂ©tique, il cĂ©lĂšbre la modernitĂ© et le plein-air, la notation rapide, les couleurs vives. Sur le plan sociologique, il renvoie Ă  un groupe d’artistes ayant choisi d’exposer en marge du Salon officiel entre 1874 et 1886. Ce groupe se compose principalement de Monet, Renoir, Degas, Pissarro, Caillebotte, Morisot, Cassatt



Début du livre « Trois femmes vivaient dans un village.

La premiÚre était méchante, la deuxiÚme était menteuse, la troisiÚme était égoïste.

Leur village portait un joli nom de jardin. Giverny.»


Extrait « Cette fille le dĂ©concerte, terriblement. La seule attitude raisonnable serait de se dessaisir lui-mĂȘme de cette affaire, de tĂ©lĂ©phoner au juge d’instrction, de tout confier Ă  Sylvio ou Ă  n’importe quel autre flic.

Une certitude, une seule, le retient, pourtant.

Cette intuition qu’il n’explique pas, ce sentiment lancinant que StĂ©phanie Dupain l’appelle au secours. »


Extrait « - Les « NymphĂ©as », continue Achille Guillotin sans souffler, sont une collection trĂšs Ă©trange, sans autre Ă©quivalent au monde. Au cours des vingt derniĂšres annĂ©es de sa vie, Claude Monet n’a peint que cela. Son Ă©tang de nĂ©nuphars ! Progressivement, il Ă©liminera tout le dĂ©cor autour, le pont japonais, les branches de saule, le ciel, pour se concentrer uniquement sur les feuilles, l’eau, la lumiĂšre. L’épure absolue
 »


Extrait « Le crime de rĂȘver


Comme si cette phrase avait été écrite pour elle


Le crime de rĂȘver


Tous ceux qui n’ont pas lu les vers suivants, tous ceux qui ne connaissent pas la suite de ce long poĂšme d’Aragon, « NymphĂ©e », se trompent. Non, bien entendu, Aragon ne condamne pas les rĂȘves.

Quel contresens ! »

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