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📙 [Chronique] Par-delà la pluie

De Víctor del Árbol, aux éditions Babel noir, 2017

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L’univers de VĂ­ctor del Árbol est semĂ© de labyrinthes, de rencontres, d’allers-retours dans le passĂ©, d’influences historiques et de noirceur. Par-delĂ  la pluie n’échappe pas Ă  ces principes, les personnages sont des humains avec leurs forces et surtout leurs faiblesses. Dans ce roman, l’auteur explore la vieillesse, les souvenirs qui se modifient avec le temps, ceux qui s’échappent ou ceux que l’on ne peut oublier. VĂ­ctor del Árbol croisent les destins de façon extraordinaire et termine son rĂ©cit par un Ă©pilogue sublime.


Ce road-trip emmĂšne Helena et Miguel depuis une rĂ©sidence pour sĂ©niors de Tarifa jusqu’à Malmö. Miguel est rĂ©flĂ©chi et mesurĂ© en tant qu’ancien comptable. Helena, elle, est pleine d’imprĂ©vus et complĂštement extravertie. Ils ont pour point commun de vouloir trouver des conclusions Ă  leurs histoires passĂ©es. En Ă©tat d’urgence, car sa mĂ©moire le fuit chaque jour, Miguel a le soutien d’Helena, tandis que cette derniĂšre aura toute l’attention de Miguel pour soigner l’ensemble de ses blessures.


C’est peu dire que j’adore VĂ­ctor del Árbol, mĂȘme s’il y a une certaine mĂ©canique, prĂ©visible, dans l’écriture de ses romans. J’en retiens toujours le plaisir de lecture et la prĂ©cision par laquelle les piĂšces d’un puzzle littĂ©raire s’emboitent petit Ă  petit pour en faire un rĂ©cit cohĂ©rent et addictif. Et l’ensemble de ces petites piĂšces s’insĂšrent parfaitement dans l’histoire de l’Espagne et celle plus particuliĂšrement de la guerre civile qui n’a malheureusement pas fini d’apporter des tĂ©moignages, toujours plus Ă©difiants des horreurs commises.



DĂ©but du livre « Les traces de la prĂ©sence d’Enrique soulignaient son absence : les sacs de vĂȘtements qu’il n’ait pas emportĂ©s, les mĂ©gots d’amĂ©ricaines dans le cendrier que Thelma refusait de vider, l’étagĂšre en bois flĂ©chissant sous le poids de vieux livres, les classeurs monoblocs remplis de dossiers bourrĂ©s de papiers Ă©crits de sa main, une boĂźte Ă  chaussures vide et son disque prĂ©fĂ©rĂ©, Angel Eyes de Matt Dennis, qu’écoutait en boucle, une maladie qui s’aggravait de jour en jour. La maladie incurable du souvenir. »


Extrait « Helena avait allumé une cigarette. Elle lança une bouffée et la fumée se dissipa aussitÎt. Elle se tourna vers le rivage. Tanger. Si loin. Si proche.

- DĂ©trompe-toi, nous fuyons toujours. La diffĂ©rence, ce qui fait de nous des vieux, c’est que nous fuyons en arriĂšre, alors que les jeunes fuient vers l’avant. »


Extrait « - Je me souviens de toi, un morveux sous-alimentĂ© et effrayĂ©. Je n’avais aucune idĂ©e de l’homme que tu deviendrais
 Et maintenant, tu es presque aussi vieux que moi.

- Ah bon, vous vous souvenez de moi ?

- Pardi ! Parce que chacun a des mobiles diffĂ©rents. Le vieux veut la paix ; l’homme la vengeance ou la justification ; mais l’enfant veut avant tout comprendre. »

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