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📙 [Chronique] Port-Gruissan

De Daniel Leclercq, aux éditions Valda, 2020

Après la lecture du livre de Daniel Leclercq, je me balade en vélo sur les quais de Gruissan, et je redécouvre d’un autre œil le port et son architecture si particulière. En effet, cet ouvrage est une ode, très documentée, cartésienne et technique, au travail de Raymond Gleize, l’architecte de Port-Gruissan, au début des années 70. Au-delà des qualités esthétiques qui font appel aux goûts de chacun, Daniel Leclercq a voulu témoigner du véritable travail de génie de l’architecte dans la conception du port de Gruissan, de l’implantation stratégique des stations de la mission Racine et de la nécessité de l’aménagement du littoral languedocien.


La Mission Racine, telle qu’elle est désormais connue, a eu pour objectif pendant les 30 glorieuses d’aménager le littoral du Languedoc-Roussillon afin d’offrir une part de bord de mer aux classes laborieuses qui partaient vers l’Espagne. Afin d’éviter un bétonnage incontrôlé et incohérent à l’espagnole sur la Costa Brava, un groupe d’architectes-urbanistes de talent a eu pour tâche de créer 5 stations balnéaires. Raymond Gleize, Grand Prix de Rome, devra réaliser Port-Gruissan, sur un site patrimonial millénaire. Il aura à relever un défi extraordinaire.


Au 1er décembre 2023, le nouveau port de Gruissan fêtera ses 50 ans. Une création qui a révolutionné ce petit village de pêcheurs et l’a transformé en une grande station balnéaire. Les premiers moments furent difficiles et les combats tenaces pour garantir et sauvegarder un patrimoine naturel et patrimonial unique sur cette côte. C’est le pari fou qu’a réussi l’architecte en chef de la station. Sa vision donne toujours à Gruissan l’avantage d’être dans son temps, proche des milieux naturels avec une intégration paysagère totale. Cela se traduit depuis quelques années par un classement du port au patrimoine remarquable du XXème siècle.



Début du livre « Notre époque, en cette fin du XXème siècle et des premières décennies du XXIème siècle, très timidement s’intéresse aux productions urbaines et architecturales es anciennes stations balnéaires du Languedoc et du Roussillon et des nouvelles stations intégrées.

Un évènement important eu lieu, tout récemment, en cet automne 2016, au Palais de Chaillot à Paris, mené par la « Cité de l’architecture et du patrimoine » : une grande exposition « Tous à la plage » : « présentant la singularité de l’urbanisme et de l’architecture des bords de mer en France, du XVIIIème au début du XXIème siècle, et des références à de nombreux exemples étrangers. »



Extrait « Cette utopie urbaine est : « un programme cohérent d’actions, né d’une réflexion qui transcende la situation immédiate, un programme dont la réalisation briserait les chaines de la société établie. »

Ces villes : « une œuvre d’art sociale » selon Claude Levi-Strauss, n’ont pas été conçues par un seul architecte démiurge mais par une équipe transversale entre les administratifs et ingénieurs spécialisés – un commando selon l’expression de son patron Pierre Racine – et l’équipe des huit urbanistes-architectes-paysagistes. »


Extrait « A la vue des images fantasmées, déformées, exacerbées du dessinateur Tanguy de Remur, pour illustrer l’article [Paris Match 1964], l’histoire raconte que la population gruissanaise a vu rouge, cette dernière « découvrant avec effroi » qu’elle était concernée par cette vaste opération d’équipement national d’Aménagement touristique du littoral du Languedoc et du Roussillon. Pages XIV et XV sont présentées : « Les neuf immeubles-étoiles pour Gruissan dont chacun formera une ville indépendante de 1 500 habitants. Les étages inférieurs seront réservés à la circulation et les niveaux supérieurs séparés en chambre d’hôtel et en appartements. »

L’histoire semble légèrement différente de ce que Midi Libre, 2 semaines auparavant, a fait paraître avec son article sur les projets concernant Gruissan : « Cette bombe à retardement. » »



Extrait « A Gruissan reconnu comme ayant les sites naturels les plus authentiques et variés entre le massif de la Clape, les étangs, les lagunes, les marais salants, et le village au caractère affirmé, dominé par sa tour, les études préalables sont soumises au crible sans concession de la Mission Racine. R. Gleize conçoit un nouveau schéma d’urbanisme qui doit s’insérer de façon harmonieuse dans le paysage existant, ne pas masquer les perspectives naturelles et respecter l’esthétique architecturale locale. Il réalise plusieurs maquettes de bâtiments et les fait apporter sur le site. Avec les fonctionnaires de la Mission et les élus, ils posent les maquettes au sol et vérifient que les constructions projetées ne masquent ni le paysage ni le village. »


Extrait « P. Racine analysa autrement ce fait : « Mais le succès fut extraordinaire et tout le monde s’intéressa au projet. Critiques, encouragements, insultes et éloges fusèrent. Pour des raisons contradictoires. Mais en réalité personne ne saisit l’importance de l’opération, ni comprendre son contenu, pas plus que ses objectifs. Ce fut encore une fois seulement la forme visuelle qui passionna les gens. »

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