📙 [Chronique] Rohel 1 – Le chêne vénérable

De Pierre Bordage, aux éditions L'Atalante, 1999

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Je suis toujours très enthousiasmé par les romans de Pierre Bordage, les thèmes développés, et le sens de la narration. Cette SF à la française est inventive tout en se basant sur un socle de « mobiles » qui font tourner l’humanité depuis son avènement. Le gain, l’amour, l’ambition, l’amitié, la trahison ou la fidélité. En quelques 200 pages, Pierre Bordage trace les premiers axes d’une saga intergalactique qui j’espère tiendra toutes ses promesses.

Les plus hauts ecclésiastiques de l’Eglise du Chêne vénérable sont en alerte. La toute puissante formule de destruction massive vient d’être dérobée par un aventurier. Depuis des siècles qu’elle règne sur les âmes qui peuplent la galaxie, aucune crise n’avait été aussi grave, surtout si Le Mental parvient chez l’ennemi. Elle a donc lancé toutes ses forces derrière un homme, nommé Rohel.

En somme, une simple course-poursuite me direz-vous, mais pas seulement. Pierre Bordage avance ses pions dans une histoire au premier abord d’aspect très manichéen qui se complexifie au fur et à mesure des pages. Il propose une galerie de portraits assez étonnante en si peu de pages et pourtant le tout semble si bien décrit que le livre se lit en cinémascope. Tous les sens sont en éveil.

❓Connaissez-vous d’autres romans de Pierre Bordage ?

Début du livre « La fille terrorisée, retira sa grossière robe de laine et la laissa glisser silencieusement sur le sol de terre battue. Fra Anjill, assis sur la banquette-lit de sa minuscule cellule, caressa du regard les longues jambes, le ventre légèrement bombé et les petits seins de sa nouvelle recrue. »

Extrait « En tant qu’agent du Jahad, Le Vioter avait maintes fois utilisé cet appétit du lucre pour obtenir de précieux renseignements. Combien avait-il vu de femmes dénoncer leur mari, de fils donner leur père, d’hommes vendre leur ami ? En cet univers aux innombrables races – humaines, mutantes, stellaires, issues des trous noirs -, la seule chose qui semblait relier les êtres était cette disposition naturelle à trahir pour de l’argent. »

Extrait « Le Vioter saisit l’arme et interrogea la suppliciée du regard. Elle comprit les intentions des deux hommes et baissa les paupières en signe d’acquiescement. Il braqua le canon du vibreur sur le cœur de la jeune fille et prononça doucement les paroles d’usage :

-          Que ton dernier voyage te soit propice.

Il appuya sur le microrayon déclencheur. L’onde sonore traversa la baie et percuta la poitrine d’Ysanne qui fut projetée sur la cloison latérale du four. Elle retomba sur le plancher noirci. Traits enfin détendus, recouverts du linceul de l’éternel apaisement. »