📙 [Chronique] Vert samba
De Charles Aubert, aux éditions Slatkine & Cie, 2021
Roman policier
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Dernier tome de la trilogie de Niels Hogan. Je retrouve avec plaisir l’air iodé des étangs de Villeneuve les Maguelone, non loin de Montpellier. Un air qui me rappelle celui de Gruissan, avec ces pêcheurs, ces étendues sauvages comme les hommes qui travaillent sur les eaux. Pourtant Niels qui recherche ce calme et cette liberté est à nouveau confronté à la violence et aux esprits vaniteux. Charles Aubert nous conduit au cœur de ces communautés qui vivent en marge, une frontière parfois floue entre amitié, devoir et légalité. Ultime polar qui conclue Bleu calypso et Rouge tango, dommage il reste encore beaucoup d’autres couleurs.
Retiré loin des bruits et des affaires urbains, Niels Hogan s’occupe à son business de leurres sophistiqués pour les pêcheurs avertis. La création du « vert samba » lui a permis de reprendre des parts de marché à concurrence. La vie a repris son calme avec ses amis et Lizzie, sa jeune compagne, pourtant un fait divers va à nouveau perturber sa tranquillité. Non loin de chez lui, un ostréiculteur est retrouvé assassiné, pour le moment, il ne se doute pas que ce meurtre va avoir des conséquences dramatiques sur sa vie.
Un polar simple et efficace mais aussi un prétexte à parler des rapports avec sa famille, ses amis, ses amours et ses emmerdes. Niels Hogan est tout proche du bonheur mais ne parvient pas à l’atteindre malgré les conseils et les échecs. Lui qui fabrique des leurres pour les poissons a peur d’être aussi trompé par les autres et de s’engager vers ce qui brille. Un roman sur l’ouverture aux autres et le chemin à prendre pour vivre vraiment sa vie d’Homme.
❓Etes-vous attachés aux personnages récurrents ?
Début du livre « Un matin, il s’est levé et il ne savait plus lacer ses souliers. C’est comme ça que tout a commencé. Paddy revenait d’Andalousie. Il avait fait une séance photo au palais de l’Alhambra à Grenade. Il était devenu l’égérie d’une grande marque espagnole de vêtements pour hommes. On le voyait dans tous les magazines avec ses cheveux blancs en bataille et son visage taillé à la serpe sillonné de minuscules cicatrices bleues. »
Extrait « J’appuyais ma tête contre une étagère de la bibliothèque. A un moment, j’ai attrapé Le livre de l’intranquilité de Fernando Pessoa et je l’ai ouvert au hasard. Il y a peu de livres dans lesquels on peut piquer une phrase au détour d’un chapitre, la lire et se faire retourner le cœur comme une crêpe. Page cent dix, un texte très court a fait le job.
« Entre la vie et moi, une vitre mince. J’ai beau voir et comprendre la vie très clairement, je e peux pas la toucher. »
J’ai refermé le livre et j’ai laissé l’émotion monter en moi.
Monter en moi jusqu’à me submerger. »
Extrait « J’ai enserré mes genoux avec mes bras comme s’il faisait soudain très froid, alors que j’étais en nage et que la température dépassait allégrement les quarante degrés. Je voyais à peu près de quoi elle voulait me parler. Des choses que je comprenais parfaitement, cette sensation de passer à côté, d’être transparent, quasi invisible, de ne pas réussir à faire comme les autres et enclencher une bonne fois pour toute la machine à vivre qu’on avait au fond du ventre. »
Extrait « Je suis tombé par hasard à la radio sur une interview de Samuel Benchetrit. Il racontait une anecdote sur Jean-Louis Trintignant. Un jour, alors qu’un comédien de ses amis lui dressait la liste de ses malheurs, Trintignant l’a regardé et lui a simplement répondu : « T’as qu’à t’en foutre. » J’aime beaucoup Samuel Benchetrit. J’aime encore plus Jean-Louis Trintignant. »
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