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📙 [Chronique] Vert samba

  • jmgruissan
  • 26 oct. 2024
  • 3 min de lecture

De Charles Aubert, aux éditions Slatkine & Cie, 2021


Roman policier


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Dernier tome de la trilogie de Niels Hogan. Je retrouve avec plaisir l’air iodĂ© des Ă©tangs de Villeneuve les Maguelone, non loin de Montpellier. Un air qui me rappelle celui de Gruissan, avec ces pĂȘcheurs, ces Ă©tendues sauvages comme les hommes qui travaillent sur les eaux. Pourtant Niels qui recherche ce calme et cette libertĂ© est Ă  nouveau confrontĂ© Ă  la violence et aux esprits vaniteux. Charles Aubert nous conduit au cƓur de ces communautĂ©s qui vivent en marge, une frontiĂšre parfois floue entre amitiĂ©, devoir et lĂ©galitĂ©. Ultime polar qui conclue Bleu calypso et Rouge tango, dommage il reste encore beaucoup d’autres couleurs.

 

RetirĂ© loin des bruits et des affaires urbains, Niels Hogan s’occupe Ă  son business de leurres sophistiquĂ©s pour les pĂȘcheurs avertis. La crĂ©ation du « vert samba » lui a permis de reprendre des parts de marchĂ© Ă  concurrence. La vie a repris son calme avec ses amis et Lizzie, sa jeune compagne, pourtant un fait divers va Ă  nouveau perturber sa tranquillitĂ©. Non loin de chez lui, un ostrĂ©iculteur est retrouvĂ© assassinĂ©, pour le moment, il ne se doute pas que ce meurtre va avoir des consĂ©quences dramatiques sur sa vie.

 

Un polar simple et efficace mais aussi un prĂ©texte Ă  parler des rapports avec sa famille, ses amis, ses amours et ses emmerdes. Niels Hogan est tout proche du bonheur mais ne parvient pas Ă  l’atteindre malgrĂ© les conseils et les Ă©checs. Lui qui fabrique des leurres pour les poissons a peur d’ĂȘtre aussi trompĂ© par les autres et de s’engager vers ce qui brille. Un roman sur l’ouverture aux autres et le chemin Ă  prendre pour vivre vraiment sa vie d’Homme.

 

❓Etes-vous attachĂ©s aux personnages rĂ©currents ?



DĂ©but du livre « Un matin, il s’est levĂ© et il ne savait plus lacer ses souliers. C’est comme ça que tout a commencĂ©. Paddy revenait d’Andalousie. Il avait fait une sĂ©ance photo au palais de l’Alhambra Ă  Grenade. Il Ă©tait devenu l’égĂ©rie d’une grande marque espagnole de vĂȘtements pour hommes. On le voyait dans tous les magazines avec ses cheveux blancs en bataille et son visage taillĂ© Ă  la serpe sillonnĂ© de minuscules cicatrices bleues. »

 

Extrait « J’appuyais ma tĂȘte contre une Ă©tagĂšre de la bibliothĂšque. A un moment, j’ai attrapĂ© Le livre de l’intranquilitĂ© de Fernando Pessoa et je l’ai ouvert au hasard. Il y a peu de livres dans lesquels on peut piquer une phrase au dĂ©tour  d’un chapitre, la lire et se faire retourner le cƓur comme une crĂȘpe. Page cent dix, un texte trĂšs court a fait le job.

« Entre la vie et moi, une vitre mince. J’ai beau voir et comprendre la vie trĂšs clairement, je e peux pas la toucher. »

J’ai refermĂ© le livre et j’ai laissĂ© l’émotion monter en moi.

Monter en moi jusqu’à me submerger. »

 

Extrait « J’ai enserrĂ© mes genoux avec mes bras comme s’il faisait soudain trĂšs froid, alors que j’étais en nage et que la tempĂ©rature dĂ©passait allĂ©grement les quarante degrĂ©s. Je voyais Ă  peu prĂšs de quoi elle voulait me parler. Des choses que je comprenais parfaitement, cette sensation de passer Ă  cĂŽtĂ©, d’ĂȘtre transparent, quasi invisible, de ne pas rĂ©ussir Ă  faire comme les autres et enclencher une bonne fois pour toute la machine Ă  vivre qu’on avait au fond du ventre. »

 

Extrait « Je suis tombĂ© par hasard Ă  la radio sur une interview de Samuel Benchetrit. Il racontait une anecdote sur Jean-Louis Trintignant. Un jour, alors qu’un comĂ©dien de ses amis lui dressait la liste de ses malheurs, Trintignant l’a regardĂ© et lui a simplement rĂ©pondu : « T’as qu’à t’en foutre. » J’aime beaucoup Samuel Benchetrit. J’aime encore plus Jean-Louis Trintignant. »

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