Conan, l'heure du dragon
De Robert E. Howard, aux éditions Bragelonne, 1934
Ce livre est composé de trois nouvelles du héros de Robert E. Howard, Conan. Publiées selon la date d’écriture, elles ne suivent pas la chronologie de la vie du Barbare. Ainsi, dans la seconde nouvelle, on retrouve Conan, roi d’Aquilonie, alors que dans la dernière, il chef dans une garnison en Orient. Pourtant, le plaisir est toujours renouvelé, celui d’un dépaysement total, un monde où les méchants finissent toujours par mourir dans d’affreux tourments et dans lequel la jeune femme belle et innocente est sauvée. Howard a le don de raconter des histoires et ce n’est pas forcément donné à tout écrivain.
Dans la nouvelle principale « L’heure du dragon », la momie d’un très puissant prêtre de temps immémoriaux est ressuscitée par des princes hyboriens grâce à un artefact magique. Avec l’aide de la sorcellerie de Xaltotun, les seigneurs et leurs armées envahissent l’Aquilonie dont Conan est le roi. Alors que son royaume subit les affres d’une occupation terrible, Conan recherche clandestinement le seul objet magique qui permettra de défaire le sorcier.
Les éditions Bragelonne proposent l’intégrale des aventures de Conan dans une nouvelle traduction, plus respectueuses des textes de Robert E. Howard. Une véritable réussite car le récit est immédiatement prenant et addictif. Ne pas chercher à lire entre les lignes, ne pas espérer de réflexions philosophiques, pas de suspense, le héros suit son instinct et le lecteur doit faire de même. Un excellent livre d’aventures.
Début du livre « Le roi de Vendhya était mourant. La nuit, chaude, étouffante, transportait la clameur des conques et le grondement sourd des gongs qui résonnaient dans les temples. Leur écho assourdi parvenait à peine dans la chambre à coupole dorée où Bhunda Chand se débattait, étendu sur sa couche de velours surélevée. La sueur qui perlait sur sa peau foncée la rendait luisante. »
Extrait « La tête encapuchonnée se pencha vers son visage, qu’elle détournait. Et alors, elle hurla, et hurla encore, saisie d’une terreur et d’un dégoût innommables. Des bras osseux étreignirent son corps délicat. Sous cette capuche lui apparut un visage de mort et de pourriture… des traits qui ressemblaient à un parchemin en décomposition collé sur un crâne moisi. Elle hurla de nouveau, puis, alors que les mâchoires claquantes et grimaçantes se penchaient sur ses lèvres, elle perdit connaissance. »
Extrait « Il faisait plus que jouer un rôle, en fait. Il était son personnage. De vieux souvenirs refaisaient surface, ceux des jours fous, glorieux et échevelés qu’il avait connus autrefois, avant d’emprunter le chemin de sa destinée impériale ; cette époque où il était un mercenaire vagabond, braillard, querelleur, grand buveur, toujours à courir l’aventure en moquant du lendemain et ne désirant rien d’autre que de l’ale coulant à flots, des lèvres rouges et une épée affûtée pour se battre sur tous les champs de bataille du monde. »
Extrait « Il entendit vaguement que le battement d’ailes venait de se faire plus fort. Levant la tête, il scruta les ombres qui tournoyaient au-dessus de lui avec le regard brûlant d’un loup. Il savait que ses cris ne les effraieraient plus. L’une d’entre-elles plongea, plongea, toujours plus bas. Conan rejeta sa tête le plus en arrière possible, attendant et guettant avec cette terrible patience qui est l’héritage des contrées sauvages et de ceux qui y sont nés. Le vautour s’abattit dans un puissant frémissement d’ailes. Son bec plongea brusquement, écorchant le menton de Conan au moment où ce dernier tournait la tête d’un coup. Avant que l’oiseau puisse s’éloigner, Conan plongea la tête en avant, les muscles du cou tendus à l’extrême, et ses dents se refermèrent d’un coup sec sur le cou nu et rebondi du rapace, claquant comme celles d’un loup. »
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