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Contes initiatiques peuls

De Amadou Hampâté Bâ, aux éditions Pocket, 1994


Magique. En quelques lignes, Amadou Hampâté Bâ nous embarque au cœur de la mythologie peul et sa poésie. Car le pouvoir de cette poésie ressemble à celui de ses héros, et transforme chaque élément minéral, végétal et animal en acteur d’un monde plus vivant que jamais. En cela, il mystifie les contes occidentaux dont même la magie semble être bien trop cartésienne. Dans ces contes, les limites temporelles, spatiales et spirituelles n’existent pas, elles sont magnifiées par le mélange de prose et de vers et une écriture sublime de ce conteur hors normes. Quel beau voyage.

Les peuls vivent dans un paradis en harmonie avec l’ensemble du monde minéral, végétal et animal. Mais, au fil du temps, ils perdent les notions de reconnaissance et d’économie de leurs ressources qui semblent inépuisables. Leur ingratitude aux bienfaits de Guéno l’éternel et les sorts maléfiques de Njeddo Dewal concourent à attirer sur le peuple peul les pires calamités. Seuls les purs dont fait partie Bâ-Wâm’ndé pourront défaire la sorcière, mais les épreuves sont périlleuses et l’issue incertaine.

Le héros n’est jamais l’homme le plus fort, mais celui dont la bonté n’a pas d’égal. C’est cette qualité qui le sauvera des situations les plus fantastiques. Hampâté Bâ rappelle dans ces contes initiatiques que les actions passées seront les armes d’un avenir plus heureux. Le plaisir de lecture que j’avais apprécié avec Amkoullel, l’enfant peul, a fait ressurgir ce souvenir des histoires racontées par la tradition orale qui se transmettent de génération en génération. Vivement le prochain livre.


Début du livre « Au village de Hayyô, situé au pied de l’une des sept montagnes de Heli et Yoyo et dont le chef était Hammadi Manna, vivait un homme très bon nommé Baba Waaam’ndé : « Père du bonheur ». On l’appelait Bâ-Wâm’ndé. La plupart des habitants de la région de Hayyô, n’avaient pas péché mais, sans conteste, le plus sage et le plus vertueux de tous était Bâ-Wâm’ndé. »

Extrait « Nous cherchons, répondit Siré, une gourde métallique dans laquelle Njeddo Dewal a enfermé son grand fétiche avant d’aller enfouir le tout en quelque lieu secret de l’île. Or, c’est grâce à la puissance et aux sortilèges de ce fétiche qu’elle peut assujettir à son pouvoirles êtres des trois règnes de la nature et les métamorphoser en tout ce qu’elle veut. La grande sorcière peut ainsi semer partout la mort et la désolation, car Guéno la laisse faire. »

Extrait « Le savoir vrai est une étincelle qui vient de très haut. Elle fend l’obscurité de l’ignorance comme l’éclair perce le gros nuage noir qui assombrit la nue. Quand il pénètre une âme, il lui assure joie, santé et paix, trois choses que les hommes ont toujours souhaitées pour eux et ceux qu’ils aiment. La vie a promis par serment que l’existence serait perpétuelle, la mort a juré d’y mettre fin. La lumière dissipe les ténèbres, l’obscurité enveloppe et avale la lumière. Qui des deux aura finalement le dessus ? Quand une famille déplore un décès, une autre fête une naissance ; la ruine des uns fait la fortune des autres. »



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