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📙 [𝓒𝓱𝓻𝓸𝓷𝓲𝓺𝓾𝒆] De bonnes raisons de mourir

De Morgan Audic, aux éditions Livre de Poche, 2019


Roman policier


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[Coup de cœur] Franchement, je ne pensais pas me régaler autant avec un roman policier en Ukraine, juste avant la dernière invasion russe. Pourtant, ce fut un réel plaisir de m’immerger dans cette ambiance « post apocalyptique » dans la zone, celle qui a subi la catastrophe de Tchernobyl. C’est d’ailleurs, avec beaucoup de pédagogie, que Morgan Audic contextualise pour le lecteur, les situations et les relations entre les états et entre les individus percutés par la chute de l’URSS. Dans une Ukraine en conflit permanent dans le Donbass et en Crimée, la population a aussi la hantise de la contamination radioactive, et l’auteur retranscrit avec beaucoup de talent cet état d’angoisse omniprésent.

 

Dans la zone d’exclusion de Tchernobyl, le cadavre du fils d’un oligarque russe est retrouvé atrocement mutilé. Deux enquêtes se lancent en parallèle, l’une menée par un officier de la police ukrainienne et l’autre, plus officieuse, commanditée par le riche russe, est confiée à un flic russe. Les pistes les conduisent à l’intérieur de la zone contaminée à la recherche d’un mystérieux tueur en série qui signe ses crimes avec des hirondelles empaillées. Peu importe le chemin suivi, le début de l’horreur semble les ramener plusieurs dizaines d’années plus tôt au « big bang » nucléaire du 26 avril 1986.

 

Morgan Audic signe un thriller envoutant mais aussi un roman noir au cœur d’une atmosphère oppressante et terriblement anxiogène dans la période que nous vivons actuellement. Il fait écho à tous les enjeux géopolitique, économiques et environnementaux majeurs 40 ans plus tard. Avec un talent indéniable, il relie chaque élément de l’intrigue à l’histoire personnelle des personnages et au poids historiques de la catastrophe de Tchernobyl. Face à un héritage d’un drame collectif majeur, comment chacun de nous réagira, hébétude, violence, vengeance ou résilience.

 

❓Connaissez-vous d’autres livres de cet auteur ?



𝓓𝒆́𝓫𝓾𝓽 𝓭𝓾 𝓵𝓲𝓿𝓻𝒆 « - C’est vraiment le pire endroit où mourir déclara l’officier Galina Novak.

Au nord, vers la frontière biélorusse, des nuages noirs gonflaient à l’horizon, déversant des averses froides sur les forêts de Polésie. Novak sortit un paquet de cigarettes de sa poche et le tapota nerveusement sur un genou.

-          Vous pensez que c’est un meurtre ? »

 



𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « La Riviera nucléaire, tel était le surnom de Strakholissya.

Quand les autorités soviétiques avaient délimité le périmètre à évacuer après l’accident de la centrale, la petite ville avait échappé de justesse à la destruction. Les clôtures barbelées plantées par les militaires s’étaient arrêtées à deux cents mètres de sa périphérie, au grand soulagement de ses habitants. Strakholissya était devenue une bourgade « propre » alors qu’au-delà de ses faubourgs il était interdit de ramasser les champignons, les pommes et les framboises à cause des radiations. »

 

𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « Certains jours, Melnyk se demandait quant à lui si l’Ukraine était vraiment faite pour la normalité. Les guerres révolutionnaires du début du XXe siècle, la grande famine provoquée par Staline, les massacres perpétrés par les nazis, l’explosion de Tchernobyl, la guerre civile dans le Donbass, la crise économique, le chômage… c’était quoi, une vie normale pour un Ukrainien ? »

 

𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « - Ton surnom, Artyom, c’est une référence à Métro 2033, n’est-ce pas ?

Le gamin la regarda avec curiosité. Melnyk aussi.

-          C’est un roman d’anticipation, lui expliqua Novak. Ça se déroule en Russie, dans le métro de Moscou, vingt ans après une apocalypse nucléaire. Le héros s’appelle Artyom. Ils ont fait un jeu vidéo à partir du bouquin il y a quelques années. Tu y as joué ?

Artyom acquiesça.

-          Ouais, c’était pas mal. Même si en FPS, je préfère STALKER. »

 

𝓔𝔁𝓽𝓻𝓪𝓲𝓽 « Il y avait tant de malades parmi les déplacés que l’ensemble de tours où ils vivaient avait été surnommé le Pavillon des cancéreux par les habitants de la cité voisine, qui évitaient soigneusement de se mêler à eux. Le taux de suicides crevait le plafond. Les hommes, surtout, se tuaient à petit feu en se noyant dans l’alcool ou bien décidaient brutalement d’en finir en sautant par la fenêtre. Seules les femmes restaient. Il faut croire qu’elles sont plus fortes dans ce genre de situation. »

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