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Du temps où j'étais mac

De Iceberg Slim, aux éditions Points, 1971

J’avais eu un gros coup de cœur pour la « trilogie du ghetto » d’Iceberg Slim. Le récit, unique, d’un maquereau qui revient sa vie en écrivant Pimp, Trick Baby et Mama Black Widow d’une façon incroyable. « Du temps où j’étais mac » revient sur cette période par un ensemble de textes qui racontent des morceaux de vie. Mais Iceberg Slim y explique surtout l’extrême tension raciste qui anime la société américaine des années 1960. Un racisme conjugué avec la pauvreté et la violence dans les ghettos afro-américains qui conduisent à la délinquance. Iceberg Slim y parle de peur, d’injustice, d’absence d’espoirs, d’humiliation, avec des lignes souvent très poignantes.


Le livre est constitué d’une suite de billets, vignettes sur le « métier » de maquereau, argent, violence, prison et amour. Mais le texte évolue très vite vers une dénonciation du mal qui ronge l’Amérique et qui divise même la communauté afro-américaine. L’analyse d’Iceberg Slim se radicalise même au fil des pages, puis avec l’âge on sent la sagesse prendre le pas et favoriser l’écriture à l’action.


Un titre très réducteur pour le fond de ce livre car bien au-delà des péripéties de la vie de maquereau, ce texte est une véritable charge contre le pouvoir blanc américain. Iceberg Slim y prodigue ses conseils et ses réflexions dans une langue parfois assez crue et pourtant certains passages sont d’une extrême vérité et poétiques. Ma seule déception, je ne trouve plus de livres traduits d’Iceberg Slim.


Iceberg Slim Iceberg Slim, alias Robert Beck, et de son vrai nom Robert Lee Maupin, né le 4 août 1918 à Chicago et mort le 28 avril 1992, est un écrivain américain, auteur de roman noir.


Dans la seconde moitié du XXe siècle, il est l'un des écrivains afro-américains les plus influents grâce à la publication de Pimp, son autobiographie parue en 1967, où il expose sa vie de proxénète (pimp signifiant littéralement « mac »). Ses descriptions crues et réalistes du milieu sordide et très violent où il évoluait (il battait « ses » prostituées avec un cintre en fer qu'il avait torsadé) exercent alors une grande influence sur la culture afro-américaine et sur le hip-hop en particulier (par exemple, sur des rappeurs comme Ice-T ou Ice Cube, qui lui doivent leur pseudonyme). L’écrivaine américaine Sapphire, qui a préfacé l'édition française de Pimp, écrit : « Quelle que soit la désapprobation que nous inspirent sa violente misogynie ou son analyse défaitiste des possibilités de progrès social pour les Noirs, nous sommes obligés de reconnaître qu'il y a une vérité à découvrir dans l'histoire de cet homme. »


Iceberg Slim passe la majeure partie de son enfance à Milwaukee et Rockford (Illinois) avant de retourner à Chicago à l'adolescence. Abandonnée par son mari, sa mère travaillait comme domestique et a tenu un salon de beauté. « Elle s'efforçait de maintenir en moi un peu de l'amour et du respect qu'elle m'avait inspiré à Rockford. Mais j'en avais trop vu, j'avais trop souffert. La jungle avait commencé à insuffler en moi son amertume et sa férocité. » Il évoquera le psychiatre d'une prison qui avait peut-être raison quand il lui avait dit qu'il était devenu maquereau à cause de la haine inconsciente qu'il vouait à sa mère à la suite des mauvais traitements de son père. Il relate également des abus sexuels commis par sa nourrice alors qu'il avait trois ans (c'est d'ailleurs par le récit de ces attouchements qu'il commence son autobiographie).


Au milieu des années 1930, il s'essaie brièvement à des études universitaires au Tuskegee Institute, un des premiers établissements d'enseignement supérieur destinés aux Noirs. À dix-huit ans, il adopte son pseudonyme d'Iceberg Slim et reste souteneur dans la région de Chicago jusqu'à l'âge de quarante-deux ans. Il est incarcéré plusieurs fois et, après avoir passé dix mois seul dans une « cellule de confinement », à la maison de correction de Cook County, il décide de se ranger et de se consacrer à l'écriture à partir de 1960.


Il déménage ensuite en Californie afin de mener une vie « normale ». Il y adopte le nom de Robert Beck, utilisant le patronyme du mari de sa mère.


Début du livre « Diane Millman Beck – Avant sa disparition, il m’a confié une enveloppe cachetée, à n’ouvrir qu’après sa mort. J’aimerais partager une partie de son contenu avec vous : « J’espère que lorsque les vents forts et voyous souffleront en Californie, tu penseras à la –Ville du Vent- et à moi. Peut-être que, si ton esprit se trouble, tu pourrais me faire une petite visite. Peut-être et seulement peut-être, je pourrais te réconforter depuis les profondeurs de la Terre. » Je lui rends effectivement visite, et je lui donne des nouvelles de ce monde incertain. »


Extrait « T’as lu et appris par cœur Pimp, l’histoire de ma vie, et t’as pas pigé que le maquereautage, c’est bon pour les couillons qui atterrissent au cachot et se font entuber par les dealers de blanche ? Tu crois que le maquereautage, c’est un concours de beauté ? Tu crois que tu baises bien ? Les rues regorgent de michetons qui peuvent baiser ta pute et lui sucer le con si bien qu’elle aura des convulsions diarrhéiques ! Fais venir ta jeune pute faible d’esprit dans la grande ville et en l’espace de six semaines, une espèce de combinard te l’aura pourrie en la gavant d’héro, et toi, fauché comme les blés, tu attendras que tes vieux t’envoient le pognon pour le billet de retour chez toi. Je parierais même pas un kopeck que tu termineras pas dans une flaque de merde et de sang, dans une ruelle. »


Extrait « - Ice, j’ai dû mettre les voiles. Cette gonzesse tourne pas rond. Elle jure que par les mecs blancs et elle essaie de penser, d’agir et de parler comme une Blanche. Tous ses prétendus amis sont blancs. C’est un vrai Oreo. Tu sais, comme le biscuit, noir à l’extérieur et blanc à l’intérieur. Elle est bousillée et elle a un psy. Tu constateras par toi-même. Je vais te filer son numéro, mais crois-moi, elle va te faire gerber. »

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