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Jeu blanc

De Richard Wagamese, aux éditions 10/18, 2012

Richard Wagamese est canadien, mais il est surtout Ojibwé, amérindien autochtone. Son roman exprime la désintégration de son peuple par les humiliations, les violences physiques et morales subies. Les enfants des tribus, dans les années 1960, n’avaient pour avenir que des voies sans issues, des vies bridées ou l’anéantissement par l’alcool. Les Ojibwés, porteurs de valeurs ancestrales proches de la nature, des esprits des Anciens et des légendes se voient soumis, de force, aux cadres occidentaux trop éloignés de leurs traditions. Même dans le Hockey, où seul le talent doit compter, le racisme obscurcit les plus belles étoiles.


Saul Indian Horse, indien Ojibwé, raconte son enfance liée au destin de son peuple. Après la mort de son frère et la disparition de ses parents, il vit un exil forcé dans les montagnes canadiennes auprès de sa grand-mère qui lui conte les légendes de ses ancêtres. Malheureusement, celle-ci décède tragiquement et il est placé dans un orphelinat de jeunes indiens, dont les sœurs ont pour mission de supprimer, par les moyens les plus extrêmes, toutes traces de leurs racines. Pourtant, il va découvrir à travers le Hockey, une issue pour s’échapper de sa condition…. au moins pour un temps.


C’est un très beau roman sur la souffrance et le racisme. Depuis les années 70 beaucoup de choses ont évolué pourtant certains maux sont toujours présents même s’il est plus aisé, désormais, de les dénoncer. Richard Wagamesedécrit, sans dénoncer et sans jugement, cette violence physique et verbale. Le lecteur, alors, souffre des injustices qui barrent le chemin de ce héros simple et brillant, promis à un bel avenir s’il avait vécu dans le meilleur des mondes. Un monde où souvent tout dépend de la naissance, et malheur à celui qui n’est pas bien né.


Les Ojibwés, Ojiboués ou Anishinaabes sont des Amérindiens, qui forment le troisième groupe autochtone le plus important aux États-Unis derrière les Cherokees et les Navajos. Ils sont répartis de façon sensiblement égale entre les États-Unis et le Canada.


Les Ojibwés, dont beaucoup parlent encore la langue ojibwé, qui appartient au groupe linguistique algonquien, sont liés aux Outaouais et aux Cris. Principalement composés d'Anichinabés, ils sont plus de 100 000 à vivre dans une région qui s'étend au nord, du Michigan au Montana. En outre, 76 000 membres répartis en 125 bandes, vivent au Canada, de l'ouest du Québec à l'est de l'Ontario. Ils sont réputés pour leurs canoës à membrure de bouleau, leurs rouleaux scripturaux d'écorce de bouleau, leur riz sauvage et pour avoir vaincu les Sioux.


Début du livre « Je m’appelle Saul Indian Horse. Je suis le fils de Mary Mandamin et de John Indian Horse. Mon grand-père s’appelait Solomon et mon prénom est le diminutif du sien. Ma famille est issue du Clan des Poissons des Ojibwés du Nord, les Anishinabés, c’est ainsi que nous nous désignons. Nous avons lu domicile sur les territoires bordant la rivière Winnipeg, là où elle s’élargit avant d’entrer dans le Manitoba et après avoir quitté le lac des Bois et des crêtes accidentées du nord de l’Ontario. »


Extrait « Quand nous arrivâmes à la voiture de Fred Kelly, le Père détourna les yeux en direction des arbres au bout du champ. Je le vis faire un effort pour avaler sa salive avant de me faire face. Je ne savais pas quoi d’autre que tendre la main. Le Père Leboutilier me la serra fermement, puis m’attira contre lui. Je sentis sa main tenir ma tête. « Que Dieu t’accompagne » murmura-t-il. »


Extrait « La première partie du retour était très animée. Nous nous remémorions chaque présence sur la glace, chaque passe, chaque but et chaque attaque. Nous nous taquinions pour avoir perdu le palet ou avoir été mis en échec. Nous riions d’absences de jugement ou d’incidents inattendus. Nous nous congratulions pour les choses que nous avions bien faites. Quand finalement nous tombions de sommeil, c’était pour rêver de hockey. C’était la même chose pour toutes les équipes, je pense. Nous nous retrouvions tous les week-ends avec la même excitation, à attendre le soulagement qui suivait le moment où les lames de nos patins touchaient la glace. La patinoire était le lieu où nos rêves prenaient vie. »

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