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L'armée des pauvres

De Bruno Traven, aux éditions Cherche Midi, 1937


Einstein a dit « si je devais emporter des livres sur une île déserte ce serait des romans de Bruno Traven ». Cet écrivain a le don de raconter des aventures, les héros sont souvent les indiens du Mexique, exploités et humiliés par les latinos, propriétaires des exploitations fermières. Traven est surtout pétri d’humanisme et d’empathie pour ce peuple qui se bat pour retrouver sa terre et sa liberté. « Tierra y Libertad » crient les péons révoltés dont on suit l’épopée sanglante pour abattre la dictature de Diaz.

Au début du siècle dernier, un jeune chef indien, ancien soldat de l’armée mexicaine se révolte contre les conditions vie des péons traités pire que des bêtes. Alors que les animaux ont une valeur marchande, les muchachos ne sont que quantité négligeable à la merci propriétaires de fincas. Il lève une armée de pauvres qui n’ont plus rien à perdre et grâce à son intelligence tactique, il va remporter quelques batailles avant que le pouvoir dictatorial envoie à sa rencontre une armée de soldats de métier.

Bruno Traven est un écrivain de l’aventure mais surtout de l’humanisme. Il décrit sans relâche les humiliations subies par les indiens autochtones privés de leurs terres et de leur liberté. Les indiens veulent la justice sociale, le droit de vivre leur vie comme ils l’entendent dans un système démocratiques. Pourtant, l’accès à ce rêve ne peut passer que par la violence d’une révolution sanglante car l’oppression de la dictature est trop aveugle. Les opprimés deviendront les oppresseurs avant que la balance revienne à l’équilibre. Les livres de Traven ne sont pas faciles à trouver en librairie, en découvrir un est toujours un immense plaisir.


Révolution mexicaine de 1910

Porfirio Díaz, au pouvoir depuis une trentaine d'années, voulait se présenter à l’élection présidentielle de 1910 de même que Francisco I. Madero. Díaz fit emprisonner Madero puis le relâcha. Díaz sortit victorieux des élections. Madero ne recueillit que quelques centaines de voix à travers tout le pays.

En mai 1911, après la prise de Ciudad Juárez, par les troupes d'un ancien bandit Pancho Villa que Madero avait recruté en échange du pardon de ses crimes et d'un grade de colonel dans l'armée fédérale en cas de victoire, Díaz, qui voulait éviter une guerre civile préféra partir en exil en France.


La révolution dégénéra alors en une lutte pour le pouvoir entre révolutionnaires. Le président Madero (révolutionnaire) fut assassiné par Victoriano Huerta (réactionnaire) lui-même chassé par les troupes de Pancho Villa. Zapata fut assassiné en 1919, Venustiano Carranza, l'auteur intellectuel de l'assassinat de Zapata, en 1920, et Francisco Villa en 1923, sur ordre d'Alvaro Obregón.

La révolution se terminera officiellement en 1917, date de la nouvelle constitution mexicaine, mais la violence dura jusqu’aux années 1930 (assassinat d'Álvaro Obregón par un fanatique catholique en 1928). Une autre vague de violence suit l'application des mesures de laïcisation contenues dans la Constitution de 1917 et appliquées par le gouvernement dès 1926 : c'est la guerre des Cristeros.


Début du livre « Terra y Libertad ! C’est en poussant cri de guerre qu’une armée d’Indiens sortit de la jungle située au sud de la République pour renverser la dictature et se lancer à la conquête de la terre et de la liberté. Ce cri de guerre, malgré sa simplicité et sa brièveté, résonnait aux oreilles des futurs soldats en marche comme un hymne héroïque. »

Extrait « Je ne sais pas comment nous avons fait pour revenir ici à trente, ça parait impossible. Et le simple fait que nous ayons réussi à en tuer dix ou douze ou quelque chose comme ça, je ne sais pas si San Pedro lui-même y serait arrivé. On ne pouvait s’échapper dans une aucune direction. En un instant, ils nous ont cernés de tous côtés, solides comme un mur, sur trois rangs de profondeur. Et alors, ils se sont déchaînés contre nous. Au sabre, à la carabine et avec les sabots des chevaux. »

Extrait « Je le répète ici et je le répéterai jusqu’à que le gouvernement m’écoute : il faut exterminer tous les Indiens, les anéantir sans pitié comme la vermine la plus venimeuse que nous ayons dans le pays. Et tant que nous n’aurons pas fait disparaître de la Terre tout ce qui ressemble à un Indien, notre beau pays ne connaîtra ni calme ni paix. Souiller le nom de ma mère, cette sainte… Gredin ! Pouilleux d’Indien ! »


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