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La chasse

De Bernard Minier, aux éditions XO, 2021


Un grand et bon polar, une histoire qui s’inscrit dans la période covid, de l’action, des questionnements actuels et des sueurs froides. Un cocktail que manie avec brio Bernard Minier. Dans ce roman, pas de psychopathe machiavélique mais des hommes dont l’histoire personnelle, les déceptions, les erreurs, les croyances, les ambitions font basculer du mauvais côté. Ces discours populistes que l’on entend trop souvent et qui véhiculent des idées trop simplistes sur notre société sont la base de ce très bon roman.


Dans l’Ariège, une route au cœur de la forêt, alors qu’il rentre du travail, officiellement, d’un rendez-vous galant, officieusement, un infirmier percute un cerf. Il n’a pu éviter l’animal surgissant de l’épaisse frondaison. Pourtant, le regard apeuré de la bête alerte avec effroi le conducteur. Les yeux, sous un masque animalier, sont ceux d’un humain, chassé comme un gibier. Martin Servaz est dépêché pour une enquête qui va le marquer personnellement.


Dans ce polar, Bernard Minier s’alimente avec toutes les dérives actuelles de notre société, même si parfois les commentaires sociétaux sont légèrement hors chemin. En effet, le texte a l’avantage de pointer les polémiques et les discours démagogiques mais Bernard Minier utilise de biens trop gros artifices. Il reste, tout de même, un récit bien écrit, puissant et qui nous interroge forcément.

Début du livre « Pleine lune. Comme dans les films de série Z qu’il affectionnait. Des histoires avec des zombies ou des vampires. Pas de vampires ici. Ni de zombies. Mais bien pire. C’était derrière lui : pas loin. Quelque part dans la forêt.

Il respirait mal sous ce truc en peau. »


Extrait « Servaz hocha la tête. Comme tout le monde, il avait été profondément choqué par ce qui était arrivé à cet enseignant, Samuel Paty, dix jours plus tôt, et peut-être plus encore par les milliers de salopards qui avaient applaudi à son assassinat sur les réseaux sociaux, et par certains politiques qui, sans aucune décence, le cadavre encore chaud, se vautrant dans a la lâcheté et l’opportunisme, avaient commencé à suggérer qu’il avait peut-être blessé certaines catégories de personnes. »


Extrait « Avec sa morale et ses principes à la con, son individualisme, son manque d’esprit de corps, Servaz était un électron libre, un élément incontrôlable, un fanatique de la pureté, tout le monde le savait. A plusieurs reprises, il avait failli se faire virer de la police mais, chaque fois, quelqu’un lui avait sauvé les miches. Il fallait que les vrais flics apprennent à ce connard qu’il n’avait pas tous les droits, il fallait que quelqu’un lui donne enfin une bonne leçon. »

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