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📙 La forêt sombre

De Liu Cixin, aux éditions Babel, 2008 🔥🔥🔥🔥🔥

Il y a du génie chez Liu Cixin pour imaginer un tel texte, car on sent dès les premières lignes, que les mots qui s’alignent sur plus de 700 pages forment une histoire hors du commun. Même en entrant de pleins pieds dans des concepts de physique très abscons pour le commun des lecteurs, Liu Cixin écrit un livre passionnant qui relève le défi de tenir en haleine à chaque page. Le coup de cœur continue donc avec ce deuxième tome de l’invasion Trisolarienne et je n’ai pu résister à acheter le troisième opus de la saga avant d’avoir terminé celui-ci.

Tous les habitants de la Terre sont désormais au courant qu’un peuple extraterrestre va envahir notre planète dans 400 ans. Les Trisolariens ont lancé leur flotte à travers le cosmos pour rejoindre la Terre, seule planète offrant toutes conditions nécessaires à leur survie. C’est donc une guerre qui se prépare, puisque les Trisolariens n’ont jamais caché leur objectif d’éradiquer l’ensemble des êtres humains. Sur la Terre, les forces de l’ensemble des nations s’organisent pour contrer l’invasion. Les humains mettent leurs espoirs dans la recherche, l’armée et 4 Colmateurs, mais qui sont-ils ?


A fin de la lecture de ce roman, c’est l’impression d’avoir pris une bonne claque qui prime. Liu Cixin nous engage sur des terrains extrêmement techniques, philosophiques et émotionnels au-delà des discours souvent assez fades des flux journaliers des médias, le « mainstream » quotidien qui influe sur nos habitudes. Il imagine un futur étayé par ses connaissances, un futur qui semble possible malgré son étrangeté. Comment réagirons-nous face à une puissance extraterrestre, quel statut pour les personnes hibernées, jusqu’où ira notre vie connectée… autant de questions avec lesquelles Liu Cixin s’amuse.


Début du livre « La fourmi brune avait déjà oublié que ce lieu avait été jadis son foyer. Pour la Terre et pour les étoiles qui venaient de poindre dans le ciel vespéral, cette période n’avait été qu’une dérisoire parenthèse mais, pour la fourmi, cela frisait l’éternité. En ces temps reculés, son monde avait été renversé. La terre s’était envolée et, à sa place, avait surgi un gouffre vaste et profond, puis la terre était revenue dans un bruit de tonnerre et le gouffre avait disparu. »


Extrait « L’acte suprême de la création littéraire, c’est lorsque les personnages romanesques nés dans les pensées de l’écrivain prennent vie, lorsque ce dernier perd tout contrôle sur eux, qu’il n’est même plus capable de prédire leurs prochaines actions. Il ne fait que suivre, curieux, scrutant comme un voyeur les détails les plus infimes de leurs existences, puis il les archive par l’écriture pour en faire un canon. »


Extrait « Depuis qu’il était devenu Colmateur, c’était la première fois qu’on l’interrogeait ainsi. Les yeux de la fille étaient son paradis. Son regard cristallin n’avait rien avoir avec celui des autres lorsqu’ils regardaient les Colmateurs. Son sourire aussi, c’était son paradis, ce n’était le proverbial « sourire aux Colmateurs », le sien était sincère, comme une perle de rosée imbibée de soleil qui ruisselait le long des galeries les plus asséchées de son âme. »


Extrait « - Un virus génétiquement modifié, hautement infectieux, qui ne provoque que de légers symptômes chez la plupart des gens. Toutefois, ce genre de virus possède la faculté de reconnaître des génomes et il peut donc identifier les particularités génétiques d’un individu. Dès lors que la cible est contaminée, le virus libère des toxines mortelles dans son organisme. Nous savons maintenant qui était la cible… »


Extrait « Avec le départ des plus âgés, les rivages de l’Âge d’or s’éloignèrent peu à peu jusqu’à s’évanouir enfin dans la brume de l’Histoire. Désormais, le navire de la civilisation humaine flottait seul au milieu d’un vaste océan, encerclé par une houle sinistre. Quant à la rive opposée, nul ne savait si elle existait. »


Extrait « - Men always remember love because of romance only, dit Dongfang Yanxu, en regardant Zhang Beilhai avec un air de défi.

- Je ne crois pas me souvenir que vous fumiez, répondit tranquillement Zhang Beilhai.

- Et cette marque, Marlboro, a disparu depuis l’époque du Grand Ravin, ajouta Dongfang Yanxu en baissant la tête avec une pointe de déception.

- Mais c’est un excellent mot de passe. Même à notre époque, peu de gens connaissaient cette phrase. »


Extrait « Deux jours plus tard, le commandant du Loi Ultime se donna la mort. On le retrouva sur le pont, à la poupe du vaisseau. Le pont était enveloppé par un dôme transparent, qui donnait l’impression qu’il était à l’air libre. Il faisait face à la direction du système solaire, où le Soleil n’était plus qu’une étoile jaune un peu plus brillante que les autres. Dans cette direction, se trouvait la partie extérieure du bras spiral de la galaxie, où les étoiles étaient éparses et où l’espace exhibait sa profondeur et sa désolation. Ni le regard ni l’âme n’avaient plus rien sur quoi s’appuyer.

- Il fait sombre. Putain qu’il fait sombre, avait-il murmuré ; puis il s’était tiré une balle dans la tête. »


Extrait « - L’Univers réel est sombre, dit Luo Ji en secouant la main comme s’il voulait toucher le velours de l’obscurité. L’Univers est une forêt sombre dans laquelle chaque civilisation est un chasseur armé d’un fusil. Il glisse entre les arbres comme un spectre, relève légèrement les branches qui lui barrent la route, il s’efforce de ne pas faire de bruit avec ses pas. Il retient même sa respiration. Il doit être prudent, car la forêt est pleine d’autres chasseurs comme lui (…) dans cette forêt, l’enfer c’est les autres. »


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