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La joueuse de go

De Shan Sa, aux éditions Folio, 2001


Dans ce roman, la délicatesse de l’écriture et la poésie qui s’en dégage tranchent avec les horreurs commises par l’occupation japonaise en Manchourie. Deux univers vont se percuter, sans le savoir, autour d’une partie de go. Le roman de Shan Sa finement ciselé a pour décor cette tragique période historique et le combat que se livrent les joueurs de go. Nul besoin de connaitre les règles de ce jeu, puisque l’auteure n’en utilise que le raffinement philosophique. Les destins s’entremêlent dans un véritable jeu sanglant.

Sur la place de « Mille Vents » le jeu de go est le sport roi des habitants. Des tables de jeu attendent les adversaires, et c’est autour de l’une d’elle que vont se retrouver une adolescente et un jeune homme. Ces deux personnages, issus de milieux différents et aux préoccupations opposées ne s’intéressent qu’aux stratégies sans échanger la moindre parole. La jeune fille est éprise d’un garçon révolté contre l’oppression japonaise. Lui, est un soldat japonais, qui cache volontairement son identité.


La violence est présente à tous les niveaux, entre occupants et révoltés, parmi ces groupes eux-mêmes, dans les familles. Une violence physique et psychologique dont le fond contraste avec la douceur de la forme. Les pages se tournent facilement, et puis on se demande comment s’appelle l’héroïne, suis-je passé à côté ? Non, vous ne découvrirez le prénom de la joueuse de go qu’à la dernière page du roman. Bonne lecture.

Le jeu de go est un jeu de société originaire de Chine. Il oppose deux adversaires qui placent à tour de rôle des pierres, respectivement noires et blanches, sur les intersections d'un tablier quadrillé appelé goban. Le but est de contrôler le plan de jeu en y construisant des « territoires ». Les pierres encerclées deviennent des « prisonniers », le gagnant étant le joueur ayant totalisé le plus de territoires et de prisonniers.


Il s'agit du plus ancien jeu de stratégie combinatoire abstrait connu, probablement créé en Chine pendant la période des Printemps et Automnes. Malgré son ancienneté, le go continue à jouir d'une grande popularité en Chine, en Corée et au Japon. Dans le reste du monde, où sa découverte est récente, sa notoriété est croissante. Son succès tient autant à la simplicité de ses règles qu'à sa grande richesse combinatoire et sa profondeur stratégique.


Le go sous sa forme actuelle a vu le jour au XVe siècle au Japon, puis cette forme a été réintroduite en Chine et en Corée. C'est depuis le Japon que le jeu est arrivé en Occident, et c'est pourquoi la terminologie du jeu utilisée en Occident est principalement japonaise plutôt que chinoise ou coréenne ; de même, le nom du jeu (« go ») utilisé en Occident est le nom courant utilisé en japonais.



Début du roman « Place des Mille Vents, les joueurs couverts de givre sont pareils aux bonhommes de neige. Une vapeur blanche s’échappe des nez et des bouches. Des aiguilles de glace, poussées sur rebord de leurs toques, pointent vers la terre. Le ciel est de nacre, le soleil, cramoisi, tombe. Où se situe le tombeau du soleil ? »


Extrait « Le désœuvrement de ce peuple confirme mon opinion : l’Empire chinois a sombré irréversiblement dans le chaos. Cette vieille civilisation a implosé sous le règne des Mandchous qui refusaient l’ouverture, la science et la modernisation. Aujourd’hui, proie privilégiée des puissances occidentales, elle survit en cédant sa terre et son autonomie. Seuls les Japonais, héritiers d’une culture chinoise pure de tout mélange, ont vocation à la libérer du joug européen. Nous rendrons à son peuple la paix et la dignité.

Nous sommes leurs sauveurs. »


Extrait « Seule la contemplation de la beauté détourne un militaire de son obstination. Quant aux fleurs, elles se moquent de leurs admirateurs. Elles s’épanouissent pour l’éphémère, pour la mort. »

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